Mafia Story, Tome 3 : Murder Inc 1/2

Troisième tome du trombinoscope de la mafia new-yorkaise des années 1920 à 1940. Murder Incorporated... Une entreprise mafieuse qui fonctionne quasiment (pourquoi quasiment?) comme une business company. Efficacité, rendement, coût-bénéfice, organisation, préparation, planification, taylorisme... on ne dézingue pas sur un coup de chaud. Non. On élimine "façon puzzle" avec méthode et précision.

Cela en fait d'autant plus froid dans le dos. Concevoir le crime comme un business. OK, en 2021, on peut jouer les gars blasés. le petit Adolf est passé par là. Mais dans les années 1920, c'est de l'innovation maousse.

Côté pile, on a une BD hyper pointue. Décors, trombines, respect de l'Histoire, documentation... tout cela est hyper pensé, construit. Les dernières pages où les auteurs ramènent leur vision des choses à la littérature publiée sur le sujet, c'est bien.

Côté face... on se lasse assez vite. La mayo ne prend pas. Raconter les malfrats, cela ne m'a pas fait rêver. On est loin de Zorro et de Robin des Bois avec Murder Inc., dont acte. Les auteurs optent pour une succession de petites histoires pour raconter L Histoire. Cela devient alors très décousu. On a des anecdotes. Mais "c'est un peu court jeune homme" comme dirait l'autre. Il manque (en tout cas, à moi, il a manqué) une "big picture". Savoir d'où on vient et où on va. Davantage de récit, de contenu. Aligner les faits ne m'a pas suffi (même si je peux reconnaître le boulot considérable abattu par les auteurs).

Lors des deux précédents albums, les auteurs avaient redressé le niveau de leur série sur l'histoire de la criminalité new-yorkaise en la renommant "Mafia Story" et en la transformant en diptyques biographiques. Mais avec ce troisième tome, ils sont retombés dans leurs travers. Certes, on peut considérer que leur deuxième diptyque est la biographie d'Abraham Reles, mais, comme l'indique le titre, c'est surtout la Murder Inc. qui est la vedette.
Murder Inc. est le surnom donné par les journalistes américains à une branche de la Mafia chargée des meurtres. Donc, pendant une quarantaine de pages, nous assistons à une série d'anecdotes mettant en scène les psychopathes appartenant à cette Murder Inc. dans leurs oeuvres. C'est-à-dire, les mille-et-une manières de tuer son prochain en le faisant souffrir si possible.

Si, lors des deux premiers albums, le scénario faisait que je pouvais m'intéresser aux péripéties de Dutch Schultz, là, la montée en puissance d'Abraham Reles et de sa bande de dégénérés m'a laissé froid. Et comme les dessins des personnages de le Saëc sont, pour ne pas changer, toujours aussi imprécis et donc indiscernables les uns des autres, ce "Murder Inc. 1/2" ne m'a pas passionné du tout.