D'un côté le chinois, langue de l'image faite de caractères : idéogrammes (désigne une idée) ou pictogrammes (qui désignent plutôt un objet) dont le point de départ n'est ni plus ni moins qu'un dessin évocateur. le dessin évolue, se transforme se simplifie, s'épure et devient un caractère. Un dessin pour une idée et plusieurs dessins qui ensemble forment d'autres idées, des phrases une discussion, un échange. Un langage basé sur l'image. Un écrit artistique qui s'exprime dans la calligraphie.
De l'autre le français, langue basée sur des lettres issues de l'alphabet et qui assemblées forment des mots qui eux-mêmes forment des phrases cadrées par l'orthographe, la grammaire, la conjugaison, la ponctuation. Des mots au double sens, des synonymes, des subtilités, des nuances, des champs lexicaux, des registres plus ou moins soutenu,... Des mots qui jouent.
Deux manières d'écrire d'où découlent deux manières de voir le monde et donc deux cultures différentes.
On imagine aisément que pour un Chinois, comme
François CHENG qui arrive en en France sans parler un mot de français le choc est grand et multiple (culturel, linguistique,…). Alors peut être est-ce pour comprendre la culture de son pays d'accueil que
François CHENG va essayer d'en apprivoiser la langue. Pour autant il ne se détache pas de sa langue maternelle au contraire il apprend à les faire « dialoguer » et de là naîtra ce qu'il appelle « une symbiose ».
Ce sont ces 2 langues dans leurs oppositions et leurs ressemblances qui vont le construire en tant qu'écrivain et poète jusqu'à être élu à l'
Académie Française. Une véritable prouesse. Car contre toute attente quand il décide d'écrire de nouveau de la poésie ce n'est pas le Chinois qui s'impose à lui mais le Français. Ce n'est pas un choix, c'est une évidence. Et pourtant si sa poésie est écrite en français elle n'en est pas moins pétrie de culture chinoise. de ce dialogue intérieur entre ces deux langues et ces deux cultures naîtra un écrivain nouveau et une plume magnifique.
Il en résulte un témoignage passionnant et poétique sur l'amour des mots. A lire
François CHENG, il devient évident que nos différences nous enrichissent et ne devraient jamais être source de conflit.