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EAN : 9782220050898
95 pages
Presses artistiques et littéraires de Shanghaï (19/08/2002)
3.9/5   25 notes
Résumé :

Une fois n'est pas coutume : pour traiter du thème entre les cultures et les civilisations, la collection Proches Lointains accueille dans ce volume unique un seul auteur, François Cheng. Et qui pouvait mieux symboliser, incarner le pont entre le monde chinois et l'univers occidental que l'auteur du Dit du Tianyi? Récemment couronné du Grand Prix de la Francophonie décerné par l'Académie française, François Che... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
D'un côté le chinois, langue de l'image faite de caractères : idéogrammes (désigne une idée) ou pictogrammes (qui désignent plutôt un objet) dont le point de départ n'est ni plus ni moins qu'un dessin évocateur. le dessin évolue, se transforme se simplifie, s'épure et devient un caractère. Un dessin pour une idée et plusieurs dessins qui ensemble forment d'autres idées, des phrases une discussion, un échange. Un langage basé sur l'image. Un écrit artistique qui s'exprime dans la calligraphie.

De l'autre le français, langue basée sur des lettres issues de l'alphabet et qui assemblées forment des mots qui eux-mêmes forment des phrases cadrées par l'orthographe, la grammaire, la conjugaison, la ponctuation. Des mots au double sens, des synonymes, des subtilités, des nuances, des champs lexicaux, des registres plus ou moins soutenu,... Des mots qui jouent.
Deux manières d'écrire d'où découlent deux manières de voir le monde et donc deux cultures différentes.

On imagine aisément que pour un Chinois, comme François CHENG qui arrive en en France sans parler un mot de français le choc est grand et multiple (culturel, linguistique,…). Alors peut être est-ce pour comprendre la culture de son pays d'accueil que François CHENG va essayer d'en apprivoiser la langue. Pour autant il ne se détache pas de sa langue maternelle au contraire il apprend à les faire « dialoguer » et de là naîtra ce qu'il appelle « une symbiose ».

Ce sont ces 2 langues dans leurs oppositions et leurs ressemblances qui vont le construire en tant qu'écrivain et poète jusqu'à être élu à l'Académie Française. Une véritable prouesse. Car contre toute attente quand il décide d'écrire de nouveau de la poésie ce n'est pas le Chinois qui s'impose à lui mais le Français. Ce n'est pas un choix, c'est une évidence. Et pourtant si sa poésie est écrite en français elle n'en est pas moins pétrie de culture chinoise. de ce dialogue intérieur entre ces deux langues et ces deux cultures naîtra un écrivain nouveau et une plume magnifique.

Il en résulte un témoignage passionnant et poétique sur l'amour des mots. A lire François CHENG, il devient évident que nos différences nous enrichissent et ne devraient jamais être source de conflit.
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Un court essai enrichissant, ou " comment à partir du terreau de ma langue maternelle, le chinois, je suis entré, par étapes ou par bonds, dans la langue française. " comme l'écrit lui-même François Cheng.

Bref rappel qui se passe de commentaire : chinois d'origine, il arrive en 1949 à Paris à l'âge de 20 ans ne connaissant personne ni un mot de français. Puis naturalisé français en 1971, il est élu à l'Académie française en 2002.
Un peu plus de vingt ans donc pour vivre une authentique aventure linguistique qu'il nous conte ici avec recul et talent, la plaçant d'emblée sous le signe d'un double dialogue entre deux langues complexes que sont le chinois et le français, et deux cultures qui pensent le monde différemment.

Fort heureusement, l'auteur nous épargne les détails nécessairement fastidieux d'un tel apprentissage, mais, et c'est ce qui m'a emballée, il nous livre ses réflexions sur les différences linguistiques, mais aussi sur ses difficultés d'exilé, sur les raisons de son choix de la langue française quand il a décidé de se tourner vers la poésie.
Comment finalement " sa poésie est issue de deux traditions symbiosées ", et comment, en s'appuyant sur des exemples de mots, il a tendance " à vivre un grand nombre de mots français comme des idéogrammes. "

Pour qui apprécie comme moi sa poésie si évocatrice, et souvent musicale, ce témoignage est tout bonnement passionnant.
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Le dialogue vient d'être réédité avec en sous-tItre : Une passion pour la langue française. Cet essai philosophique de la Collection Proches Lointains (qui choisit des sujets se référant au quotidien et aux relations humaines) est un ouvrage de François Cheng (écrivain et poète d'origine chinoise exilé en France et Académicien français) écrit en solo (contrairement aux autres essais mettant en contact un auteur français et un chinois) puisqu'il est parfaitement bilingue.
Après un retour sur la Chine "terre où cohabitent toutes les grandes spiritualités", son exil suite à ses études à la Sorbonne, son besoin de s'exprimer traduit en poésie, il rentre dans le vif du sujet à savoir "le dialogue au niveau de la pensée entre l'Occident et la Chine" et surtout la création de sa propre poésie (aux merveilleux extraits) "issue de deux traditions poétiques symbiosées". Même si quelques concepts ardus m'ont échappé, j'ai beaucoup aimé le métissage issu de "l'esprit Chan" basé sur l'idée du souffle des penseurs taoïstes chinois marié au bouddhisme indien qui laisse "parler le paysage et les choses" dont l'imaginaire se métamorphose phoniquement grâce aux doubles sens des mots français. Il s'en suit une poésie à deux voix/ deux voies .... délicatement poétique.
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Ce livre est bien un dialogue entre François Cheng et "ses" langues. En effet, même si sa langue maternelle est bien le chinois, il montre très clairement comment il s'est approprié la langue française et comment celle-ci lui a permis d'appréhender autrement la réalité.

Arrivé en France après la guerre, il continue à écrire dans sa langue maternelle pendant de nombreuses années en même temps qu'il traduit la poésie française en chinois. Dans les années soixante il commence à enseigner à l'université. Quand il souhaite recommencer à écrire de la poésie, spontanément il pense qu'il le fera en chinois. Mais c'est le français qu'il choisit. Pourquoi ? Parce que, dit-il, elle le poussait à "plus de rigueur dans la formulation et plus de finesse dans l'analyse". Et parce qu'adopter une autre langue permet de "nommer les choses à neuf, comme au matin du monde".

Ce petit livre est un magnifique hymne à la langue française
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Ce court essai de Francois Cheng est fort intéressant. L'auteur nous y explique succinctement comment il en est arrivé à privilégier la langue française pour sa création au détriment du chinois, sa langue maternelle. Au détriment ? Non, finalement pas tout à fait. En effet, Francois Cheng nous explique que les deux langues sont devenues une symbiose, elles ne cessent de dialoguer en lui. Et le résultat est passionnant ! Ils nous explique comment le style poétique chinois a pu influencer sa poésie en français, tout en nous expliquant leurs différences et les points sur lesquels elles se reliaient.
J'ai beaucoup aimé les réflexions de François Cheng qui m'ont permis d'appréhender certains points auxquels je n'avais pas forcément réfléchi par le passé. Bien qu'assez court, ses idées sont bien construites et claires, souvent étayées d'exemples.
Ce livre a été mon premier Francois Cheng, et je pense continuer !
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Citations et extraits (19) Voir plus Ajouter une citation
Tout exilé connaît au début les affres de l'abandon, du dénuement et de la solitude. Déchiré entre la nostalgie du passé et la dure condition du présent, il expérimente une souffrance plus "muette ", plus humiliante, qui le tenaille : n'ayant qu'une connaissance rudimentaire de la langue de son pays d'adoption, il se voit réduit à être un primaire aux yeux de tous. Baragouinant des mots ou des phrases parfois approximatifs, incapable d'un récit clair et cohérent, il donne l'impression d'être dépourvu de pensées, voire de sentiments.
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Comment s'étonner que l'apprentissage d'une langue ne soit un processus essentiel et complexe ? Plus qu'une affaire de mémoire, on doit mobiliser son corps, son esprit, toute sa capacité de compréhension et d'imagination, puisqu'on apprend non un ensemble de mots et de règles, mais une manière de sentir, de percevoir, de raisonner, de déraisonner, de jurer, de prier et, finalement, d'être.
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Le diamant du lexique français, pour moi, c'est le substantif "sens".
Condensé en une monosyllabe - sensible donc à l'oreille d'un Chinois - qui évoque un surgissement, un avancement, ce mot polémique cristallise en quelque sorte les trois niveaux essentiels de notre existence au sein de l'univers vivant : sensation, direction, signification.
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L'image idéale d'une culture n'est-elle pas un jardin à multiples plantes qui rivalisent de singularité et qui, par leurs résonances réciproques, participent à une oeuvre commune ?
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Sous peine de mourir, toute grande culture cherche d'instinct à se régénérer, à se métamorphoser. Personne ne risque de perdre son âme en s'enrichissant d'autres apports qui lui sont utiles.
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Question philosophique : notre obstination à nous détourner de l'essentiel peut-elle être la véritable cause de tous nos problèmes ? Réponse poétique : Allez, osons parler de l'essentiel, c'est-à-dire de la mort, mais qui n'est jamais que l'autre nom de la vie. C'est un poète qui le dit.
« Cinq méditations sur la mort autrement dit sur la vie » de François Cheng c'est à lire chez Albin Michel.
+ Lire la suite
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