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Henriette de Sarbois (Traducteur)
EAN : 9782253034889
256 pages
Le Livre de Poche (28/02/1990)
4.02/5   82 notes
Résumé :
Dans le train qui l'emporte de Bagdad vers Londres, en ce printemps 1938, Joan Scudamore envisage l'avenir avec satisfaction. D'ailleurs, sa vie toute entière n'est-elle pas un modèle de félicité ? N'a-t-elle pas réussi à concilier brillamment mariage, enfants et carrière de son mari ? Lorsque survient l'imprévu, Joan n'y accorde qu'une importance toute relative : la voilà coincée pour plusieurs jours dans un relais du désert, qu'à cela ne tienne ! Elle en profitera... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (27) Voir plus Ajouter une critique
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Joan Scudamore est le modèle même de la cinquantenaire qui a tout réussi. Elle s'est toujours dévouée corps et âme pour son époux et ses trois enfants désormais mariés, gère de main de maître sa demeure, et participe activement à divers clubs. Non, pas un seul instant à elle.

De retour de Bagdad, elle reste bloquée durant plusieurs jours dans un relais. En plein désert, sans même un autre touriste avec qui parler, Joan n'a strictement rien à faire. Elle repense à sa rencontre fortuite avec son ancienne amie de pensionnat deux jours plus tôt. Cette pauvre Blanche, prématurément vieillie, qui a mené une vie dévergondée. Et surtout les remarques, en apparence si anodines, qu'elle lui a faites avec son franc parler ! En particulier sa dernière phrase concernant sa fille Barbara vivant désormais à Bagdad. Que peut-elle bien savoir pour lui affirmer que sa vie finira bien par s'arranger grâce au bébé…

Progressivement, les souvenirs ressurgissent, certaines phrases lui reviennent. Elle se remémore les réactions de son époux, de ses enfants ou de sa voisine Leslie. A ne plus en dormir la nuit, à en devenir folle. Et sous le soleil brûlant du désert, elle croit avoir une révélation divine…

Ce roman, qui s'inspire très probablement d'événements personnels, nous présente la Reine du Crime sous un jour très différent. le personnage de Joan croit avoir tout réussi dans sa vie mais se borne le plus souvent à porter des oeillères pour ne voir que ce qu'elle veut bien voir. Agatha Christie nous offre un portrait sans concession, mêlant habilement sens de l'observation et étude psychologique.

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Je ne connaissais que les romans policiers d'Agatha Christie, je découvre ici un roman d'introspection d'une grande force et d'une sensibilité certaine.
Une femme, mariée et mère de trois enfants adultes, de retour d'un séjour chez une de ses filles, se retrouve bloquée en plein désert, dans l'attente d'un train dont l'arrivée est aléatoire.
Elle est ravie de pouvoir profiter d'un peu de temps pour elle, pour souffler, réfléchir et penser à sa vie qui la comble.
Mais ce temps consacré à une introspection poussée ne va finalement pas lui apporter la paix et la sérénité qu'elle avait espéré.
Cette femme sûre d'elle, de ses principes et de ses choix de vie va s'apercevoir que tout n'est peut-être pas comme elle l'a toujours cru ou imaginé.
L'image que l'on a de soi ou de ses proches est souvent déformée ou erronée.
J'ai beaucoup aimé suivre les pensées, les doutes et les interrogations de cette femme qui se présente comme une forte personnalité mais qui va se révéler très différente au fil des pages, pendant que des bribes de conversations anciennes lui reviennent, que des souvenirs oubliés ressurgissent...
Il n'y a pas plus aveugle que celui qui ne veut pas voir, dit-on, et cette femme en est le parfait exemple.
Mais peut-on continuer à vivre sans rien changer à son existence quand la vérité éclate, et peut-on seulement survivre à trop de révélations ?
J'ai été touchée par cette femme qui parait autoritaire, égoïste et suffisante et qui se révèle plus pathétique qu'autre chose.
J'ai été émue par cette vie qui semble avoir été vécue dans un but précis et dont tout ou presque se révèle faux.
Les petits arrangements que l'on se crée avec la vérité nous amènent parfois trop loin de ce que l'on est et nous entraîne inexorablement sur un chemin que l'on n'a pas choisi, un chemin vers des ténèbres sans retour.
Un roman d'une puissance psychologique indéniable.
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Joan Scudamore est une dame anglaise comme on l'entend : mesurée, bien conservée, fidèle à la sacro-sainte bienséance. Joan Scudamore a un mari et 3 enfants. Elle vit une vie parfaitement en corrélation avec ce qu'elle pense être une vie réussie et bien remplie. Jusqu'au jour où, coincée à cause d'intempéries dans le désert, elle se prend à penser à sa vie, aux sentiments et aux désirs passés. Et comme le sable entre ses doigts, tout s'effrite, toutes ses certitudes se lézardent pour laisser place à une vérité crue et sans fards, bien loin de la vie parfaite de Joan Scudamore...

Agatha Christie écrivit ce joli roman doux-amer sous le pseudonyme de Mary Westmacott, mais le mystère fut vite levé...
Une plume délicate, une introspection sensible et bien menée, une critique acide de la société telle qu'elle-même a dû la subir, Loin de vous ce printemps fut une très jolie découverte.
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Agatha Christie étant une romancière que j'admire, je me devais de découvrir les romans qu'elle a écrits sous le nom de plume "Mary Westmacott". Voilà chose faite avec Loin de vous ce printemps / Absent in the spring.

Tout d'abord, je dois dire que je suis absolument fan des titres anglais et français, aussi bien pour le côté poétique associé, mais aussi parce que je les trouve parfaitement choisis compte tenu de l'histoire.

Si le roman n'a pas été un coup de coeur, j'ai néanmoins beaucoup aimé l'aspect psychologique de l'intrigue à travers l'introspection de « l'héroïne », Joan Scudamore, alors qu'elle est obligée d'attendre en plein désert le train qui la ramènera en Angleterre. Au début du roman, Joan apparait comme une femme accomplie, épouse fidèle et mère aimante ; cependant, petit à petit, à travers ses souvenirs, Joan (et nous, lecteurs) constaterons que ce portrait est quelque peu erroné et que Joan est en réalité une sorte de fardeau pour ses proches…

C'est l'un des rares romans dans lequel le personnage principal m'a laissée indifférente. En effet, Joan n'est certes pas fondamentalement méchante mais sa rigidité et l'influence du « devoir » sur elle l'ont rendue intolérante, étroite d'esprit et incompréhensive envers son entourage. Au lieu de chercher à comprendre ses proches, elle les a poussés à accomplir ce qu'elle désirait elle, et n'a, à aucun moment, cherché à les soutenir dans leur quête du bonheur.

J'ai également beaucoup aimé la plume de Mary Westmacott / Agatha Christie, ainsi que les nombreuses citations qui accompagnent le récit (en particulier les passages évoquant la relation platonique entre Rodney et Leslie) qui m'ont beaucoup touchée.

J'ai donc passé un bon moment de lecture et je suis ravie d'avoir découvert Mary Westmacott, depuis le temps que ses romans me faisaient de l'oeil !

A lire !
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Joan Scudamore, une bourgeoise anglaise mariée à un avoué et mère de trois enfants bien établis dans la vie, rentre de Bagdad où elle a volé au secours de sa benjamine Barbara, souffrante. Sur le chemin du retour, très satisfaite d'elle-même et de ses qualités de maîtresse de maison et de mère impeccable, elle croise une vieille amie de pensionnat qui a mené une vie bien en dehors des rails tout tracés de Joan. Les remarques de Blanche nous mettent déjà la puce à l'oreille sur le caractère et le chemin de vie de la parfaite mère de famille. Joan reprend sa route mais à cause des pluies, elle est coincée pendant quelques jours dans une auberge minable en plein désert à attendre l'arrivée du train qui la ramènera enfin en Europe. Elle tombe vite à court d'occupations et est seule face à ses pensées, ses souvenirs, qui surgissent par exemple en se récitant des vers de Shakespeare (d'où est extrait le titre du roman). L'introspection est assez violente finalement et Joan comprend combien ses oeillères de petite bourgeoise l'ont leurrée sur les êtres qui comptent le plus au monde pour elle.

Enfin je découvre l'un des romans « non polars » qu'a écrits Agatha Christie sous le pseudonyme de Mary Westmacott. Il y a quand même quelques points communs avec ses romans à énigme. D'abord, le désert et Bagdad rappellent qu'Agatha Christie connaissait bien ce lieu de vie pour y avoir accompagné Max Mallowan, son mari archéologue dans ses campagnes de fouilles (c'est aussi le lieu d'une enquête d'Hercule Poirot, Meurtre en Mésopotamie). Ensuite, l'enquête minutieuse sur elle-même que mène l'héroïne, le portrait sans complaisance qui se dessine de Joan Scudamore n'est pas sans rappeler les fins portraits psychologiques que dresse l'autrice dans ses romans policiers. Mais ce ne sont pas ces liens que je dresse entre les différentes oeuvres de Mrs Christie qui enlèvent de la valeur à ses romans sous pseudo.

Ce qui est aussi très intéressant, c'est de voir ce que Joan Scudamore fera de toutes ces révélations, de tout ce qu'elle a compris et qui la jette d'abord dans une profonde crise d'humilité. Que fera-t-elle une fois rentrée au foyer, auprès de son cher Rodney ? Je ne vous le révélerai pas, évidemment… J'ai apprécié ce roman, so british et ce portrait de femme sans concession mais plein de nuances.
Lien : https://desmotsetdesnotes.wo..
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Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
Joan resta muette, ne sachant trop que dire. Blanche reprit d'un ton léger :
- Oh ! savoir vivre est difficile ! On part quand on devrait se cramponner, on s'emballe quand on devrait rester tranquille. A certains moments, la vie est si belle qu'on a peine à croire à la réalité - et puis, pan ! on tombe dans un enfer de catastrophes et de souffrances ! Quand tout va bien, on croit que ça durera toujours - et ça c'est impossible. Et quand on est dans le pétrin, on croit qu'on en sortira jamais, qu'on ne se retrouvera jamais à l'air libre. C'est la vie, que veux-tu !
Cette conception de l'existence différait tellement de celle de Joan et de la vie qu'elle connaissait, qu'elle fut incapable de répondre d'une manière qu'elle eût estimée judicieuse.
(p.24)
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-[...] Mais, malgré tout, ce serait merveilleux de sentir qu'on a un jour, ou même deux, à ne rien faire d'autre que réfléchir.
-Je me demande, dit Blanche, à quoi tu réfléchirais.
Joan se mit à rire, d'un rire qui tintait clair :
-Les sujets de réflexion ne manquent à personne, je suppose.
Blanche grimaça un sourire :
- On peut toujours méditer sur les péchés qu'on a commis !
- Oui, c'est exact, acquiesça Joan par politesse, mais sans apprécier cette suggestion.
Blanche la regarda d'un œil pénétrant.
- Toi, cela ne t'occuperait pas longtemps ! Elle fronça les sourcils et continua tout à trac : De là, tu en viendrais vite à te remémorer tes bonnes actions. Et toutes les chances qui ont favorisé ta vie ! Hum ! ... Je ne sais pas... Cela pourrait être plutôt gênant. Je me demande... - elle hésita - ... si l'on n'avait rien d'autre à faire que penser à soi-même pendant plusieurs jours de suite, je me demande ce que l'on découvrirait...
Joan parut sceptique - et rebelle à l'idée.
- Pourrait-on découvrir quoi que ce soit que l'on ne sût déjà ?
Blanche pesa ses mots :
- Je crois que c'est possible. - Elle eut un petit frisson. - J'aime mieux ne pas essayer.
P19
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‘Considérons la vérité en face. C’est pour cela que je suis ici, pour tirer une conclusion de ma vie.’
Elle avait eu l’occasion d’apprendre et de savoir une fois pour toutes quel genre de femme était Joan Scudamore.
Voilà pourquoi elle avait été amenée dans le désert. Cette lumière impitoyable allait lui révéler crûment ce qu’elle était, lui montrer en plein jour la vérité de tout ce qu’elle n’avait pas voulu considérer, de tout ce qu’elle avait parfaitement su.
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Il est facile de se dire que son désarroi est parfaitement logique et rationnel, mais il est moins aisé d'empêcher les idées incohérentes et saugrenues, surgies on ne sait d'où, de vous traverser l'esprit, comme des lézards sortant de leur cachette.
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Parfois je m'asseois et je pense, parfois je me borne à m'asseoir et je ne pense à rien.
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