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EAN : 9782330058814
366 pages
Jacqueline Chambon (02/06/2016)
4/5   7 notes
Résumé :
1624.
Alors qu'une terrible guerre civile opposant catholiques et protestants dévaste le Saint-Empire romain germanique, Richelieu tente par tous les moyens de revenir au pouvoir dans une France elle aussi fragilisée par les guerres de Religion.
Qui est donc ce mystérieux Ezéchiel, qui n'hésite pas à prendre à son service le cruel Cléomas ?
Si au début il s'agit seulement de distribuer des pamphlets contre La Vieuville, chef du Conseil du roi, o... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
On avait abandonné le lieutenant criminel Jacques Chevassut, en 1621, dans les détours métaphysiques de l'abbaye de Montmartre avec Abbesses. Pour cette nouvelle enquête, qui allie le politique, le truculent et l'épouvante, il est désormais aux prises avec des adversaires qui se présentent en un entrelacement savant de secrets convoquant l'Histoire de France, le faits divers sanglant et la magie des machines. Car l'horloge de Wilhelm Schickard tout comme les ambitions démesurées de Richelieu sont les ressorts cachés d'une série de meurtres pervers que Chevassut dévoilera avec maints rebondissements : aux ignobles machinations répond l'organisation huilée d'une mécanique étonnante, tout à fait révolutionnaire pour la science de son époque, belle métaphore sur la désagrégation des temps.

Au travers de ses lacs d'intrigues, c'est la prise de pouvoir que ce roman nous conte, ainsi que la rage du savoir et l'étonnement du désir. Tout autant que la perte des illusions, dans un bourbier de fourvoiements entretenus par les grands horlogers du récit. Les gens de peu y perdent leurs entrailles et leur peu de latin, tous manipulés autant qu'ils sont par des virtuoses du complot politique ainsi que par une construction romanesque qui s'ajuste comme l'étreinte de roues dentées. Ironiquement insérées dans la trame du récit, les entrées de l'authentique Journal de Jean Héroard, le médecin de Louis XIII, disent bien que le roi est loin de ces manigances ourdies loin de ses palais. C'est que le pouvoir royal se raconte d'abord dans des sphères où le vulgaire n'a pas cours ; l'apparence de sa puissance est dissociée de son exercice, enjeu de ces luttes acharnées. L'issue en est connue : suspicieux l'un de l'autre, renfermés et secrets, le roi et son ministre en robe rouge gouverneront le royaume de France sans la moindre entente, en une alliance aussi roide qu'énergique. Quant à Chevassut, humble rouage à l'oeuvre pour la Justice du roi, il se heurte aux empilements des juridictions tout comme aux esquives des puissants. Embûches qui ne l'empêcheront pas de faire éclater une surprenante vérité.

D'une plume acérée, dont la noirceur se ressource dans le cloaque de la Cour des Miracles et dont le chatoiement emprunte quelques couleurs aux récits des grands mémorialistes et historiographes du temps, Richelieu en tête, Hélène Clerc-Murgier conduit un récit qui caracole à bride abattue. Elle a retenu les leçons de François de Rosset (dont les Histoires Tragiques firent frissonner d'horreur au fond des demeures) tout comme celles de Théophile Gautier dont le Capitaine Fracasse sut si bellement ressusciter les splendeurs miséreuses du règne de Louis XIII. Comme l'ancien flamboyant Jeune France, elle sait la valeur du détail juste comme de l'évocation rapide ; la nonchalance de la promenade dans des artères, sentes et passages parisiens qui revivent sous les pas des enquêteurs, des crapules et des malandrins ; et la dextérité des renversements, qu'ils soient moraux ou criminels.

Il n'est guère besoin de suivre les déambulations des protagonistes sur les plans détaillés de Paris, telle la vue de Visscher (1618), ou même le plande Bullet et Blondel (1676), pour s'attacher à leurs errances et errements, du coeur de Paris au château de Vincennes. Mille détails savoureux recréent une capitale aujourd'hui disparue, où résonnent encore les cris des marchands ambulants. Loin des miasmes entêtants des rives d'une Seine aux îles changeantes, nous cheminons avec eux, de gargottes aux églises, en passant par les prisons du Châtelet et de Vincennes, et l'Hôtel de Rambouillet. Comme dans le premier opus, Paris, protagoniste omniprésent, est la toile de fond d'un récit grouillant de figures tragiques, dérisoires ou monstrueuses. S'en détache celle du brigand Cléomas, dont la silhouette excessive aurait ravi un Jacques Callot, monstre pitoyable qui empoigne inexorablement le lecteur d'une main féroce, et l'entraîne dans sa descente aux enfers.

Palpitant comme un coeur désenchanté.
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Comme pour le premier tome Abbesses, j'ai été emballe par la suite des aventures du lieutenant Chevassut
Des bas fonds de Paris en passant par le château de Vincennes, des coeurs de femmes arraches, un jeune bandit de la cour des miracles amoureux, les complots de Richelieu pour reprendre sa place auprès du roi Louis XIII, une mystérieuse horloge, quel micmac ( spoiler) ...
C'est bien écrit, bien fait, et on a hâte a chaque page d'en apprendre un peu plus
Donc j'ai vraiment aimé, et vais attaquer le tome 3 ....
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Le lieutenant criminel Jacques Chevassut et son second Philippe de May doivent enquêter sur des meurtres atroces de femmes. le tueur a prélevé le coeur de ses victimes.

En coulisse, nous suivons les intrigues de Richelieu pour revenir au pouvoir.

Le dénouement de cette enquête est très étonnant.
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Tombée amoureuse de Cleomas!
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Citations et extraits (21) Voir plus Ajouter une citation
Cléomas était un bandit de la pire espèce, se plaisait-il à dire. Il n’était pourtant pas bien vieux. Même s’il ne connaissait pas son âge exact, il savait qu’il avait entre vingt-deux et vingt-quatre ans. (...)
Il ne connaissait pas non plus ses parents. Ou, pour être tout à fait honnête, il avait connu une femme qui lui avait tenu lieu de mère, sans qu’il n’ait jamais su si elle l’était véritablement ou pas. Il n’eut d’ailleurs jamais l’occasion ni même l’idée de lui poser la question. Cette femme était la méchanceté incarnée. Revêche, violente, dure comme la pierre et mauvaise comme une teigne, elle portait sur son visage les stigmates de son caractère : les yeux petits et enfoncés, se plissant en signe de défi face à son interlocuteur, un nez proéminent, trop large, trop long, une bouche fine comme une lame, et lorsqu’elle l’ouvrait (c’est-à-dire souvent) une voix aiguë qui vociférait plutôt qu’elle ne parlait. Quant à ses doigts, dix fils de fer rêches, froids, cassants. Jamais une caresse, une attitude tendre, mais en permanence des gestes brutaux, saccadés et une cruauté à nulle autre pareille.

Où l’on fait la connaissance de Cléomas
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Les gens éduqués sont tellement ennuyeux. Et justement c’est de votre courage dont j’ai besoin ; je vous trouve suffisamment téméraire pour me seconder. Quant à votre éducation, vous vous exprimez plutôt bien et ne dites pas trop de bêtises. Pour le reste, nous gommerons tout ce qui est incongru. Vous apprendrez d’ailleurs que se taire est un moyen salutaire de paraître cultivé.
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Les monarques ont toujours aimé représenter leurs conquêtes amoureuses, pour eux plus glorieuses que leurs conquêtes guerrières, commença Henry de Schomberg. Mais l’amour d’Henri II pour Diane dépassait tout. Voilà pourquoi il a fait mettre partout, dans les ornements de ses palais, au Louvre, à Fontainebleau, à Madrid, le chiffre de Diane entrelacé avec le sien, les armes parlantes et les devises de cette déesse qu’il adorait. Voyez ici, Diane est représentée dans le Purgatoire, au vitrail du milieu de la nef de gauche.
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Du plus loin qu’il s’en souvienne, Cléomas avait toujours imaginé sa vie telle qu’il la vivait aujourd’hui. Aventureuse, riche, libre, dangereuse. Il avait décidé de côtoyer la mort avec autant de conviction que ceux qui côtoient Dieu dans les églises ou les couvents. D’ailleurs, l’amour de Dieu ne lui semblait pas incompatible avec la vie qu’il menait.
Tuer, voler. Cela ne l’avait jamais empêché, une fois son forfait accompli, de rentrer dans une des nombreuses églises que comptait Paris et d’y marmonner quelques prières en un latin qu’il ne comprenait pas, mais dont il trouvait la résonance harmonieuse. Il n’avait pas reçu d’éducation religieuse, cependant la vie dans la rue l’avait tant de fois poussé à se réfugier sous le porche d’une église, ou même à y entrer pour trouver un peu de chaleur, qu’il avait fini par connaître par cœur certains mots prononcés.
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Sous le règne de Charles VI, il y a plus de deux siècles, habitaient dans cette rue un barbier et un pâtissier. Ce dernier était tellement réputé qu’on venait de loin pour acheter ses pâtés : ils avaient un goût tout à fait unique qui faisait le bonheur des gourmets. On dit même que le roi s’en faisait livrer, tant ils étaient tendres et raffinés. Un jour, un étudiant venu d’Allemagne entra chez le barbierbaigneur-étuviste, voisin du célèbre pâtissier, pour se faire couper la barbe. Il se fit sans plus de manière couper la tête et le barbier, par un ingénieux système de trappe, envoya le corps du malheureux dans la cave du pâtissier, où il fut découpé avec soin, haché menu, et transformé en un délicieux pâté servi tout chaud dans le magasin.

Où l’on découvre un nouveau crime
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Vidéo de Hélène Clerc-Murgier
Hélène Clerc-Murgier, à propos de son nouveau roman *La Rue du bout du monde*, paru en juin chez Jacqueline Chambon. [Lire un extrait : http://www.actes-sud.fr/catalogue/romans-policiers/la-rue-du-bout-du-monde]
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