Le titre «
L'effondrement de l'empire humain » annonce clairement le contenu. Les auteurs,
Manon Commaret et
Pierrot Pantel, reprennent l'appellation de l'écrivain américain
Jared Diamond, thème qu'il a développé dans un essai en 2005. « L'empire humain » élargit à l'humanité la destinée de tous les empires qui ont disparu dans l'Histoire :
l'effondrement. Les auteurs ont rencontré dix personnalités, plus ou moins connues, engagées dans la cause écologique. Ils les questionnent sur leur analyse d'un
effondrement de la société, sur le sens de leur engagement. L'ouvrage est récent, il actualise donc la situation au regard de l'épidémie de la Covid. le questionnement est large, parfois personnel, parfois plus « anecdotique ». Les réponses sont liées aux parcours des personnes interviewées. le concept de collapsologie ou d'
effondrement est partagé par la plupart des militants, mais la forme, l'échéance ne sont pas déterminées et peuvent emprunter des voies diverses. Cette analyse est avérée par la démarche scientifique :
Yves Cochet voit un
effondrement proche, pour Arthur Keller, il peut s'étaler sur des décennies.
Nicolas Hulot a eu une prise de conscience graduelle, il estime que nous n'avons plus le temps mais qu'il ne faut pas céder à la violence, ni à la simplification.
Vincent Mignerot pense que le capitalisme n'est pas la cause et qu'il va s'adapter. Protéger l'environnement est absurde, il faut se préparer et s'adapter collectivement.
Nicolas Casaux et
Derrick Jensen sont partisans d'une écologie radicale. le capitalisme ne veut pas et ne peut pas se remettre fondamentalement en question, il faut prendre l'initiative de le stopper en utilisant tous les moyens disponibles.
Isabelle Attard, éco-anarchiste, n'exclut pas le sabotage, sans atteindre hommes et animaux. Pour
Carolyn Baker, il faut apprendre à repérer les émotions et les canaliser, cultiver les valeurs d'empathie. Elle estime que la crise sanitaire est un rite de passage planétaire. « La part du colibri » (où chacun se responsabilise dans une démarche personnelle) paraît dépassée pour l'ensemble des personnalités. Elle n'est pas écartée mais une démarche collective, d'entraide est le moyen d'affronter les changements à venir. La société doit se réorganiser sur une base locale, autonome avec une agriculture permacole. En conclusion, les auteurs voient les limites de l'exercice : les personnalités sont occidentales, des hommes en majorité.
Manon Commaret et
Pierrot Pantel ont « voulu ouvrir les consciences en proposant à chacun d'aller plus loin dans sa réflexion ». Cet objectif est atteint en admettant qu'il nécessite d'approfondir ce vaste champ d'interrogation : le rapport de l'Homme avec la Nature.
Merci à Babelio et son opération Masse Critique, et aux Editions « Rue de L'échiquier » pour cette découverte.