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EAN : 9782070410729
318 pages
Gallimard (05/10/1999)
3.64/5   32 notes
Résumé :
Dans la nuit du Samedi-Gloria, le cadavre d'un homme d'une trentaine d'années a été retrouvé près des latrines publiques. Qui a tué Romule Beausoleil, conducteur de camion, d'un coup de pic à glace ? Quels étaient les ennemis de ce fils de " nègre-Congo ", un fier-à-bras appelé à devenir champion de damier ?
Les suspects ne manquent pas pour l'inspecteur Dorval et son adjoint Hilarion qui vont mener l'enquête tambour battant. Et la recherche du meurtrier ser... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Assassiné à la veille de Pâques, Romule Beausoleil et ses acolytes nous emmènent dans l'univers de la Martinique sur fond de roman policier. le texte vaut pour son vocabulaire et sa gouaille antillais et fait passer un agréable moment. Idéal pour lire à la plage ou dans les transports en commun.
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Nous sommes à la veille du Samedi-Gloria et ce Samedi Gloria, celui de 1964, devrait faire date au Morne Pichevin, à Fort de France, Martinique ; comme d'ailleurs sur les îles alentours. Ce jour-là, Romule Beausoleil, ramasseur de tinettes, doit affronter le grand Waterloo, non seulement major de Bord de Canal, mais aussi le plus redoutable lutteur de damier de toute la ville…pour un combat à la mort, si on en croit la radio locale - Radio Bois Patate - qui ne cesse de répéter sur les ondes qu'un des deux lutteurs ne se relèvera pas. Sauf qu à l'aube du Samedi Saint, le cadavre de Romule Beausoleil est retrouvé mort, à moitié dévoré par les chiens errants, près des latrines publiques du pont Démosthène. Comme le fait remarquer l'inspecteur Dorva, chargé de l'enquête : « un vrai péter-tête, ce meurtre du Samedi-Gloria »…
Personne n'échappe à la plume acérée de Raphaël Confiant ; pas plus l'indolence, le caractère superstitieux et parfois cruel de ses compatriotes, que le racisme des Békés (les blancs au pouvoir). L'enquête policière n'est qu'un prétexte pour nous faire découvrir les nombreux visages de la Martinique sous les traits des différents coupables possibles, et il y a pléthore…
Raphaël confiant signe néanmoins avec « le meurtre du Samedi Gloria », un premier polar, et c'est une vraie réussite : c'est truculent, c'est joyeux ; c'est noir aussi… en un mot comme en cent, la sent comme là bas. Avec un ti punch, un régal !
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C'est en allant vider son pot de chambre dans la ravine Bouillé que Carmélise a découvert le cadavre de Romule Beausoleil.
Quelle déveine pour les habitants du Morne Pichevin, le quartier le plus misérable -si l'on excepte celui d'Au Béraud, où "croupit la race indienne"- de Fort-de-France ! Ce décès intervient en effet la veille du jour de l'affrontement entre Romule et Waterloo (qui lui, est du Bord du Canal) au combat du damier, cette féroce danse-combat où même les coups vicieux sont permis et qui en cette année 1964, en dépit de l'interdiction des autorités, continue à être pratiquée par les différents "majors" chargés de défendre l'honneur de leurs quartiers respectifs.

Vous l'aurez compris, c'est en Martinique que nous emmène Raphaël Confiant, qui utilise l'enquête menée pour démasquer l'assassin de Romule comme prétexte pour dépeindre un univers haut en couleurs, peuplé de personnages truculents, pris entre traditions séculaires et européanisation.
De Philomène, la "péripatéticienne féérique" et intrigante à Dorval, l'inspecteur tout juste revenu de métropole qui ressemble à s'y méprendre à Sydney Poitiers, en passant par Ferdine, la discrète jeune indienne ou le riche propriétaire de plantation Jonas Dupin de Malmaison, l'auteur passe en revue l'ensemble des catégories de population qui constituent la société hétéroclite de l'île.

Et c'est avec une grande puissance d'évocation que Raphaël Confiant anime tout son petit monde. le temps -quelques pages tout au plus- de s'adapter aux particularités du parler local, et vous avez véritablement l'impression d'y être.
Il s'attarde notamment à décrire le quotidien des moins nantis, qui vivent au milieu des détritus dans leurs cahutes faites de bric et de broc.
Vivant dans une promiscuité interdisant toute intimité, les habitants du Morne Pichevin, qui savent se montrer solidaires et généreux, ne sont cependant pas exempts de défauts : dans ce quartier où tout le monde se connaît, les commérages vont bon train, et l'alliance de superstition et de bondieuseries a tendance à fausser les jugements. C'est un regard dénué de concessions, mais souvent attendri, que porte l'auteur sur ses personnages, et par conséquent sur cette société martiniquaise des années 60, tiraillée entre coutumes ancestrales et modernisation, où les parents des enfants noirs scolarisés sont bien souvent illettrés, et où l'on soigne encore certaines affections et maladies en faisant appel au quimboiseur (le sorcier!).
Et d'ailleurs, beaucoup des "blancs-becs" qui vivent sur l'île s'accomodent fort bien de cette situation, en profitant pour maintenir sur la population local un ascendant hérité en droite ligne de traditions esclavagistes ! Certains vont jusqu'à dire que la Martinique "n'est pas la France, mais une colonie"... et apprécient le peu d'intérêt que les autorités locales manifestent vis-à-vis de leurs affaires. Quand tous les martiniquais sont censés être des citoyens français, les inégalités flagrantes qui persistent entre noirs et blancs laissent songeur...

Personne n'échappe à la plume acérée de Raphaël Confiant qui fustige aussi bien l'indolence, le caractère superstitieux, parfois cruels, de ses compatriotes que le racisme et l'esprit obtus des blancs au pouvoir, rappelant au passage que l'éloignement des îles françaises d'Amérique furent une aubaine pour certains pétainistes à qui elle permit d'échapper à l'épuration...
Ce n'est pas l'enquête policière qui importe, dans "Le meurtre du Samedi-Gloria" (on devine rapidement l'identité de l'assassin de Romule). Ce qui est passionnant, dans ce roman, c'est le voyage que nous fait effectuer l'auteur sur les traces de tous les coupables possibles -et ils sont nombreux- et qui nous permet une savoureuse et plaisante plongée dans la Martinique des années 60, ou plutôt dans les deux Martinique des années 60 : "l'une finissante, vieillissante, nègre, indienne, et blanche coloniale, l'autre moderne et implacablement blanche européenne". Une époque ma foi pas si lointaine...

Cette lecture m'a fait passer un très bon moment ; je ne me suis pas ennuyée un seul instant, et il est probable que je lirais encore Raphaël Confiant.
Lien : https://bookin-ingannmic.blo..
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Un polar martiniquais qui gagne surtout pour l'incroyable galerie de personnages qui s'y déploient. L'intrigue n'est pas des plus palpitante mais l'important semble surtout pour Raphaël Confiant d'y entretenir la vie tropicale de ses protagonistes, faite de petits boulots et de mesquinerie.
Ces gens s'y épient, s'y insultent, s'y blessent et parfois même s'y tuent. Cette diversité de sentiments est accompagnée par l'incroyable challenge que se livrent les différents groupes ethniques martiniquais :coulis, créole, békés, mulâtres,métisses, nègres-congo, tous s'attribuent des qualités et des défauts qu'évidemment tous partagent. Mais ça n'empêche pas la haine de naître de tous ces frottements sociaux, même si ce qu'on tient comme discours sur la place public se trouve passablement changé lorsque l'intimité d'une case dénude les sentiments.

Le Meurtre du Samedi-Gloria se lit comme un longue sucrerie, acide dans les immédiat, sa saveur se fait plus douce à mesure que le bonbon fond dans la bouche. On apprend de plus énormément sur la vie caraïbe et sur ses petites gens.
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Je pensais que j'allais être dépaysée, rêvée sous les cocotiers, pas du tout. Ça change mais je me suis ennuyée.

1ere difficulté: s'adapter à l'écriture, oublier le français métropole et penser français créole. C'est chantant à vrai dire avec plein de mot qui font qu'on se demande s'ils existent vraiment mais si c'est agréable à entendre, c'est beaucoup plus dure à lire sur tout un ouvrage.

2nde difficulté: comprendre le tout et l'agencer ensemble. On est dans le présent de l'action, puis on part dans le passé au paragraphe suivant, ça demande une certaine gymnastique et une grande concentration sinon, ça devient du charabia.

Pourtant, c'est une belle mise en avant de ces populations les plus pauvres des iles, celles qu'on ne veut pas voir au profit des plages de sable blanc. Ce livre heurtera tous les biens pensants qui sont incapables de se remettre dans le contexte historique avec ses codes différents de ceux que nous avons à l'heure actuelle, ainsi , à chaque phrase ou presque, on retrouve les mots « nègres », « négresses » et autres et le racisme contre les indiens est plus que présent dans tout le livre, inutile de vous dire à quoi ils sont comparer… Oui, nous sommes dans les années 1960 et si de nos jours ça choque, à l'époque, c'est une autre histoire…. Retournons au livre, l'histoire nous permet de découvrir la vie dans les bidonvilles des piles avec des métiers dont j'ignorais totalement l'existence. L'enquête est présente mais pas non plus invasive, dommage, j'avais deviné rapidement mais c'est le jeu.


Lien : https://loeildesauron1900819..
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Elles soudoyèrent, en effet, un jeune nègre grandiseur, un muscadin de première catégorie, qui faisait profession de chavirer le coeur des femmes les plus fidèles et de les entraîner dans la dévergondation.
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Avec quoi allons-nous préparer le matoutou? se lamentaient les femmes, en particulier Carmélise qui traînait derrière elle une tiaulée de marmailles toutes de pères différents et pour laquelle ce moment était la seule miette d'heureuseté qu'elle grapillait au cours de l'année.
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Le cadavre de Romule Beausoleil avait subi toute la nuit l'outrage de ces grappes de chiens sans maîtres qui occupaient, à l'abrunie les rues désertées du mitan de Fort-de-France.
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Deux Martinique se côtoyaient là à l'évidence sans se rencontrer. L'une finissante, vieillissante, nègre, indienne et blanche coloniale ; l'autre moderne et blanche européenne. Implacablement blanche européenne.
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Un vrai péter-tête, ce meurtre du Samedi-Gloria.
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