Ce roman fait partie des derniers romans écrits par Conrad, sa rédaction a commencé en 1917 et s'est achevée en 1918, même si en 1895 Conrad avait commencé à écrire un roman avec la même trame, mais ce texte est resté inachevé à l'époque. Conrad a aussi évoqué un certain nombre d'événements que l'on retrouve plus ou moins transformés dans
La flèche d'or dans
le miroir de la mer. Il a à plusieurs occasions laissé entendre qu'un certain nombres de faits racontés dans
La flèche d'or étaient autobiographiques, en réalité il a beaucoup transformé ce qu'il a vraiment vécu. Il est vrai qu'en 1874 il est venu à Marseille (il parlait paraît-il le français avec l'accent marseillais) pour devenir marin et qu'il a participé à des trafics d'armes pour les carlistes, mais l'histoire d'amour et
le duel sont à priori imaginaires, même si par la suite il racontait que cela avait eu lieu, mais il s'agit là de la part de l'auteur d'une reconstruction à posteriori, une façon de réarranger son passé.
La flèche d'or est avant tout un roman d'amour. le héros, « Monsieur George », à la nationalité non définie rencontre et tombe sous le charme de Rita, une Basque au passé chargé. Toute jeune elle fût « découverte » par Henry Allègre célèbre et riche peintre français, qui en fait sa maîtresse et après sa mort lui laisse sa grande
fortune. Elle a ensuite une liaison avec don Carlos, prétendant au trône d'Espagne et soutient sa cause. C'est ainsi qu'elle fait connaissance avec le héros, qui est recruté pour assurer le transport d'armes pour le parti carliste. L'histoire est compliquée par la présence d'un autre soupirant, un américain sudiste, et d'un cousin de Rita, qui a aussi des vues sur la jeune femme.
C'est loin d'être le roman le plus marquant de Conrad, l'histoire entre George et Rita est confuse et verbeuse, il ne se passe pas grand-chose pendant une bonne partie du roman, et les héroïnes de Conrad sont de toute façon beaucoup moins convaincantes que ses héros. Rita est mystérieuse, insaisissable, fascinante, mais à aucun moment vraisemblable. Si le livre se lit tout de même avec plaisir, c'est dû à la fois aux personnages secondaires, qui sont extrêmement savoureux et réussis et encore plus à l'écriture de Conrad, qui arrive à donner de l'intérêt à cette intrigue relativement peu passionnante. Mais ce roman est plutôt réservé aux amateurs de l'auteur, et je ne le conseillerais pas pour découvrir son oeuvre.