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EAN : 9782852039421
309 pages
Honore Champion (03/05/2000)
3.6/5   5 notes
Résumé :
TRAGÉDIE
Représentée par la troupe royale du Marais, chez Monsieur_le_Marquis de Sourdeac, en son château de Neufbourg, pour réjouissance publique du mariage du Roi, et de la Paix avec l'Espagne, et ensuite sur le Théâtre Royal du Marais.
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Corneille a mis en chantier La Toison d'or dès l'année 1656. Elle est destinée à M. de Sourdéac, un riche original installé en Normandie. Mais des difficultés surgissent entre les deux hommes, et les choses traînent. Il doit s'agir d'une production somptueuse, une pièce à machines, avec de magnifiques décors, de la musique, et tout cela a un coût élevé. Les comédiens du Marais annoncent la pièce au début de 1660, mais doivent rapporter les représentations. Finalement le spectacle est donné à Neufbourg, chez M. de Sourdéac par les comédiens du Marais, mais il se serait agi seulement d'une partie du spectacle (« échantillons ») puis les machines sont données aux comédiens qui dès le début du mois de décembre jouent la pièce dans leur théâtre parisien, avec un succès certain, la publication suivra de près (1661). La pièce a été très peu reprise depuis, le compositeur de la musique qui l'accompagnait est inconnu, et la musique semble perdue.

La création intervient l'année du mariage de Louis XIV avec l'infante d'Espagne, Marie Thérèse, ce mariage marquant la paix entre la France et l'Espagne après une guerre longue et épuisante. Cela donne lieu dans le pays à une année entière de fêtes, et l'oeuvre de Corneille s'inscrit dans ces festivités.

Dans un long prologue, des figures allégoriques, comme La Victoire, La Paix, et L'Hyménée commentent l'actualité, au final l'instauration de la paix grâce au mariage royal est glorifiée. Les bienfaits de la paix sont mis en valeur. Il s'agit donc d'un morceau de circonstances, après lequel la pièce en tant que telle peut commencer.

Nous sommes en Colchos (Colchide). Jason et les Argonautes partis conquérir la Toison d'or sont là, ils ont défait les ennemis du roi Aète. Une intrigue amoureuse est nouée entre Jason et Médée, la fille du roi et puissante magicienne. le roi Aète propose une récompense à Jason, qui demande la Toison d'or, au dépit de Médée qui pensait que sa main serait le prix demandé par Jason. Une prophétie annonçant la chute du roi suite à la perte de la Toison d'or fait que ce dernier n'est pas prêt à se dessaisir de l'objet précieux. Mais tenu par sa parole, il laisse les Argonautes tenter de se l'approprier, tout en les mettant en garde contre les dangers de l'entreprise. Médée est la seule à pouvoir contourner les sortilèges qui protègent la Toison, mais elle en veut maintenant à Jason, d'autant plus que Neptune fait aborder dans la contrée Hypsipyle, une princesse à qui Jason a promis le mariage. Elle finira toutefois par se laisser convaincre, et les Argonautes repartiront avec la précieuse Toison et avec Médée, Hipsipyle épousant au final Absyrte, le frère de Médée ( qui échappe donc à la mort par les mains de sa soeur).

Nous sommes dans une vision un peu édulcorée du mythe de Médée, qui ne tue pas son frère, et qui n'est pas aussi terrible que dans d'autres version de l'histoire, ni même que dans la pièce de Corneille qui porte son nom. Il faut dire que l'essentiel ici est de donner un cadre mythologique pour du grand spectacle, des décors, des machines, des dieux qui descendent et montent, un dragon qui crache du feu etc.

Corneille a écrit à propos de cette pièce :
« ...cette pièce, que je nommerais la plus belle des miennes, si la pompe des vers y répondait à la dignité du spectacle. L'oeil y découvrira des beautés que ma plume n'est pas capable d'exprimer.. »

Il considérait donc que l'intérêt principal de la pièce était dans le spectacle visuel, et non pas dans le texte lui-même. Même si on retrouve sa patte dans les vers, il est difficile de considérer ce texte comme essentiel dans l'oeuvre de Pierre Corneille. Une curiosité donc, qui illustre ce théâtre à machines qui suscita un grand engouement dans la deuxième moitié du XVIIe siècle.


Challenge Théâtre 2017-2018
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
MÉDÉE : Eh bien ! je t'aimerai, s'il ne faut que t'aimer :
Malgré tous ces héros, malgré tous ces monarques,
Qui m'ont de leur amour donné d'illustres marques,
Malgré tout ce qu'ils ont de cœur et de foi,
Je te préfère à tous, si tu ne veux que moi.
Fais voir, en renonçant à ta chère patrie,
Qu'un exil avec moi peut faire aimer la vie,
Ose prendre à ce prix le nom de mon époux.

JASON : Oui, Madame, à ce prix tout exil m'est trop doux,
Mais je veux être aimé, je veux pouvoir le croire ;
Et vous ne m'aimez pas, si vous n'aimez ma gloire.
L'ordre de mon destin l'attache à la toison :
C'est d'elle que dépend tout l'honneur de Jason.

Acte IV, Scène 4.
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À vaincre tant de fois mes forces s'affaiblissent :
L'Etat est florissant, mais les peuples gémissent ;
Leurs membres décharnés courbent sous mes hauts faits,
Et la gloire du trône accable les sujets.
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Qui donne cette audace à votre inquiétude,
Prince, de me troubler jusqu'en ma solitude ?
Avez-vous oublié que dans ces tristes lieux
Je ne souffre que moi, les ombres et les dieux,
Et qu'étant par mon art consacrés au silence,
Aucun ne peut sans crime y mêler sa présence ?
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Ainsi, dans les rigueurs de mon sort déplorable,
Tout peut être innocent, tout peut être coupable :
Je ne cherche qu'en vain à qui les imputer ;
Et ne discernant rien, j'ai tout à redouter.
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Videos de Pierre Corneille (32) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Pierre Corneille
Lecture par l'auteur
Rencontre animée par Marie-Madeleine Rigopoulos
« Ce livre est un ensemble de nouvelles autobiographiques, classées par âge de la vie, de la petite enfance à aujourd'hui. Ces nouvelles sont souvent, pas toujours, des mésaventures dans lesquelles j'éprouve peur et honte, qui me sont assez naturelles et me donnent paradoxalement l'énergie d'écrire. Scènes de gêne ou de honte, scènes de culpabilité, scènes chargées de remords et de ridicule, mais aussi scènes, plus rares forcément, de pur bonheur, comme celle qui donne son nom au livre, Célidan disparu : personnage à la fois pusillanime et enflammé d'une pièce de Corneille que j'ai jouée à mes débuts d'acteur, dont je découvris lors de l'audition pour l'obtenir, qu'il me révélait à moi-même, et faisait de moi un acteur heureux. »
Denis Podalydès
À lire – Denis Podalydès, Célidan disparu, Mercure de France, 2022.
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