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EAN : 9782824705927
79 pages
Bibebook (07/06/2013)
3.33/5   9 notes
Résumé :
Voyez comme tous deux ont fui notre rencontre ! - Je vous l?ai déjà dit, et l?effet vous le montre : - Vous perdez Amarante, et cet ami fardé - Se saisit finement d?un bien si mal gardé : - Vous devez vous lasser de tant de patience, - Et votre sûreté n?est qu?en la défiance.
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Probablement créée en 1634 par la troupe de Mondory, cette pièce est publiée en 1637 en plein pendant la querelle du Cid. Corneille attend le verdict de l'Académie française. Dans l'Épître qui précède la pièce, Corneille se montre polémique. Il reproche un dénigrement systématique de la part de certains critiques. Même s'il ne nie pas l'importance des règles, et cette pièce les respecte tout particulièrement, pour lui l'essentiel est de plaire au public, celui de la Cour et de la Ville, et en tout dernier lieu « ne pas déplaire aux Savants ». Certains ont beau connaître et prescrire les règles, cela n'aboutit pas forcément à des pièces, et qui plus des pièces qui arrivent à convaincre les spectateurs, comme les siennes.

La pièce paraît avoir provoqué des réactions contrastées, elle semble avoir eu ses ardents défenseurs comme ses détracteurs. le sujet et son traitement, peuvent le justifier, car c'est une pièce qui tranche vraiment avec l'époque.

Amarante, une jeune femme noble mais pauvre, est au service de Daphnis, comme suivante (une sorte de dame de compagnie). Elle est jolie, elle a des soupirants. Mais ses soupirants se servent en fait d'elle pour avoir accès à sa maîtresse, qui pas plus jolie ni charmante, a un père riche. Florame, un de ces soupirants plaît à Daphnis, qui joue un double jeu avec Amarante. Cette dernière fait croire à Géronte, le père de Daphnis, que sa fille donne sa préférence à Clarimond. Comme Clarimond est d'une fortune convenable, le père est sur le point de s'accorder avec lui. Mais Florame a une arme secrète : sa soeur Florise, dont Géronte est amoureux. Il veut bien, malgré la grande répugnance de sa soeur, la marier au vieux Géronte, si ce dernier lui accorde sa fille. le marché est conclu entre les deux hommes. Amarante pardonnée, trouve toute de même la situation très amère.

On est aux antipodes du lieu commun du Corneille « qui peint les hommes tels qu'ils devraient être ». Ici ils ne sont vraiment pas idéalisés. Florame déclare très ouvertement, qu'il ne se mariera que s'il y trouve un intérêt matériel, il n'hésite pas à sacrifier sa soeur, pour arriver à ses fins, et à utiliser sans vergogne Amarante. Il est prêt à devenir violent s'il le faut pour obtenir ce qu'il veut. Daphnis est une enfant gâtée, qui veut bien se montrer aimable et charmante, à condition que ses envies et caprices ne soient pas contrariés, sinon elle sort vite les griffes. Géronte n'a aucun scrupule à forcer Florise qui n'a aucune envie de l'épouser, ni à accorder sa fille à un homme qu'il ne connaît pas bien, et qui n'est pas un bon parti selon les critères de l'époque, pour satisfaire sa passion. le mariage entre Daphnis et Florame risque d'être agité, entre deux égoïstes habitués à suivre leurs envies, sans véritable respect des autres, et qui plus est Florame n'est pas réellement amoureux, il trouve surtout un intérêt financier dans le mariage avec Daphnis. Quand à Florise, sans doute « son espoir » est de finir veuve dans pas trop longtemps, et pouvoir comme une autre des héroïnes de Corneille, Clarice, faire un second mariage qu'elle aura choisi.

La pièce est donc une satire assez féroce des moeurs matrimoniaux de l'époque, et même si un mariage entre jeunes gens la termine, il est accompagné de quelque chose qu'une comédie ne devrait pas montrer, selon les préceptes de l'époque, le mariage d'un vieillard et d'une jeune fille pas vraiment consentante. le statut d'Amarante, qui était courant à l'époque pour nombre de jeunes filles « de bonne famille » est aussi clairement exposé. C'est finalement très peu une comédie, même si quelques passages avec un poltron fanfaron apportent quelques scènes plus drôles en principe, sauf que mêmes celles-ci ont une part de cruauté.

Rappelons au passage que Corneille n'a pas pu épouser son premier amour de jeunesse, car le père de sa bien aimée ne l'a pas trouvé suffisamment fortuné. Et il semblerait qu'une intervention du cardinal de Richelieu aurait été indispensable pour que la famille de celle qu'il a finalement épousée quelques années plus tard consente au mariage. Il connaît donc bien les règles du jeu social sur le marché matrimonial, et il n'est pas tendre en pleine connaissance de cause.

Au contraire de la plupart des comédies de son temps, qui sont surtout conventionnelles, dans les sujets et leur traitement, Corneille aborde une thématique qui est un vrai sujet, et la traite sans fard, avec même une réelle férocité. le respect ou pas des unités n'y change rien.

Une très bonne pièce.
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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
DAPHNIS : Mon cœur par mes regards vous fait trop voir sa plaie.
Un homme si savant au langage des yeux
Ne doit pas demander que je m'explique mieux.
Mais puisqu'il vous en faut un aveu de ma bouche,
Allez, assurez-vous que votre amour me touche.

Acte III, Scène 9.
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Chez les philosophes, tout ce qui n'est point de la foi ni des principes est discutable : et souvent ils soutiendront, à votre choix, le pour et le contre d'une même proposition : marques certaines de l'excellence de l'esprit humain, qui trouve des raisons à défendre tout ; ou plutôt de sa faiblesse, qui n'en peut trouver de convaincantes, ni qui ne puissent être combattues et détruites par de contraires.
La Suivante - Épître
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Eh bien ! J'en parlerai ; mais songez qu'à votre âge
Mille accidents fâcheux suivent le mariage :
On aime rarement de si sages époux,
Et leur moindre malheur, c'est d'être un peu jaloux.
Convaincus au dedans de leur propre faiblesse,
Une ombre leur fait peur, une mouche les blesse ;
Et cet heureux hymen, qui les charmait si fort,
Devient souvent pour eux un fourrier de la mort.
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Au moindre feu pour moi qu'un amant fait paraître,
Par curiosité vous le voulez connaître,
Et quand il a goûté d'un si doux entretien,
Je puis dire dès lors que je ne tiens plus rien.
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Qu'aisément un esprit qui se laisse flatter
S'imagine un bonheur qu'il pense mériter !
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Vidéo de Pierre Corneille
Lecture par l'auteur
Rencontre animée par Marie-Madeleine Rigopoulos
« Ce livre est un ensemble de nouvelles autobiographiques, classées par âge de la vie, de la petite enfance à aujourd'hui. Ces nouvelles sont souvent, pas toujours, des mésaventures dans lesquelles j'éprouve peur et honte, qui me sont assez naturelles et me donnent paradoxalement l'énergie d'écrire. Scènes de gêne ou de honte, scènes de culpabilité, scènes chargées de remords et de ridicule, mais aussi scènes, plus rares forcément, de pur bonheur, comme celle qui donne son nom au livre, Célidan disparu : personnage à la fois pusillanime et enflammé d'une pièce de Corneille que j'ai jouée à mes débuts d'acteur, dont je découvris lors de l'audition pour l'obtenir, qu'il me révélait à moi-même, et faisait de moi un acteur heureux. »
Denis Podalydès
À lire – Denis Podalydès, Célidan disparu, Mercure de France, 2022.
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