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EAN : 9782916359472
160 pages
Les Oiseaux de papier (08/10/2010)
4.21/5   26 notes
Résumé :
Entre ciel et eau, à quelques miles de là où se finit la terre, un feu sur la mer guide les bateaux : le phare de Kéréon.
Comme un défi lancé aux vagues qui les assaillent sans relâche, le phare et son gardien se dressent droits et fièrs.
La profession de gardien de phare n’existe plus aujourd’hui, alors l’homme témoigne de ce qu’il a vécu, en confidence, afin de nous faire partager ce choix d’une vie entre terre et mer, quasi monacale, au service des ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Louis Cozan m'a embarquée avec lui d'un bout à l'autre de son récit, d'un ton confidentiel et poétique. Il nous raconte comment, le 25 décembre 1967, il a effectué sa première « relève » à Kéréon, au large d'Ouessant, pour prendre son poste de gardien. Rien que l'accès au phare est en soi un défi : l'île est réputée pour ses abords dangereux et la montée se fait fréquemment par temps houleux, bien sûr au treuil… Il faut avoir le coeur bien accroché ! L'auteur nous dévoile ensuite son quotidien en mer, les gestes techniques, essentiels à la sauvegarde de la vie humaine, mais aussi la rigueur d'un univers solitaire – puisque les deux gardiens se relaient – et soumis aux caprices de la nature. Un gardien pouvait très bien voir son service rallongé de plusieurs jours, voire plusieurs semaines, si le temps ne permettait pas d'effectuer la relève.

C'est un récit initiatique : le lecteur fait ses premiers pas dans le phare en même temps que le protagoniste, ce qui permet d'entrer facilement dans cet univers si éloigné de nous. D'une grande beauté, il traduit la passion de l'homme pour cette vie si particulière, si prenante – quinze jours en mer pour une semaine sur terre – et si passionnée. Car de la passion, il en fallait pour accepter de vivre presque totalement coupé du monde – si l'on excepte un ou deux contacts radio par jour -, soumis aux assauts de la mer ! « Mon travail est, avant tout, dans la tour. Sa noblesse tient en sa constance rigoureuse et solitaire. Si je tiens absolument à y trouver une grandeur, je devrai la chercher dans le silence de son anonymat. »

« Les amours de marin ne sont pas que des naufrages ; avec le temps elles laissent à l'âme des cicatrices délicates que l'on peut caresser tendrement. »

Et je crois que c'est ce qui me fascine justement : la vie dans un phare en mer, c'est un peu la vie des personnages contemplatifs de Caspar David Friedrich : une vie quasi-monacale et romantique, solitaire face à un élément grandiose, voire déchaîné… Bref, coup de coeur pour ce texte qui m'a permis de découvrir les difficultés, les subtilités, l'austérité mais aussi la beauté d'une mission disparue, l'allumage des phares étant désormais piloté à distance.
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Louis Cozan, né à Ouessant en 1947 fut gardien de phares en mer d'Iroise de 1968 jusqu'en 1983. Son témoignage « Un feu sur la mer » fut d'abord édité en 2010 puis réédité en 2019 dans une version augmentée.

Dans ce très beau livre de souvenirs, il raconte avec beaucoup de détails et de vérité sa vie quotidienne de « veilleur » de phares, celle des autres gardiens mais aussi celle des pêcheurs ou sauveteurs dotés d'un savoir-faire unique.

Louis Cozan nous fait partager les manoeuvres complexes et dangereuses pour rejoindre les phares, la maintenance et la gestion rigoureuse de l'optique dans la lanterne et son feu vital. On ressent le froid, l'humidité de cette vie rude mais aussi toute la chaleur fraternelle des « gens de mer » et des marins des phares et balises.
Il décrit des hommes humbles et courageux, qui nous inspire beaucoup de respect et dont la profession est aujourd'hui disparue. Des hommes qui, du haut de leur vigie, permettent à des marins de tous horizons de naviguer dans une des mers les plus dangereuses au monde.

Isolés au milieu de cette « beauté inquiétante » des vagues et des tempêtes, leur lien avec l'extérieur, leur famille et les autres gardiens, repose sur un poste émetteur qui régulièrement égraine sa « gamme marine » en faisant le point sur le dernier bulletin météorologique du ciel et celui des âmes de cette vie « embarquée ».

Au delà de sa passion pour ce métier si particulier, l'auteur démontre également, à travers ce livre, son attachement aux phares eux-mêmes, à leur architecte et à la lueur qu'ils produisent au coeur de la nuit. Il décrit le mythique Ar-Men, au large de l'île de Sein et son premier feu en 1881 après 14 années d'efforts insensés de construction. Il évoque l'élégance du phare de la Jument ou encore l'imposante stature de Kéréon, son « château de tempête » dont « les savoir-faire et la qualité des matériaux mis en oeuvre dans la réalisation n'ont jamais été égalés ailleurs ».

Il revient, enfin, sur l'histoire de sa famille, son grand-père également gardien de phare, son père... Il rend hommage aux marins anonymes, à ses amis et à l'un de ses écrivains préférés, Henri Quéffelec, auteur en 1956 du roman Un feu s'allume sur la mer qui lui inspira le titre de son propre témoignage.

Sûre de la valeur d'archives de ces mémoires, j'ai également beaucoup apprécié leur puissance évocatrice. Connaissant la mer d'Iroise, ses côtes et ses phares, ce témoignage m'a touchée. Il contribue à la valorisation de ce fabuleux patrimoine. Sur les 15 phares que compte la mer d'Iroise (8 en mer et 7 à terre), 6 sont depuis 2017 définitivement classés au patrimoine historique : La Jument, au sud-ouest d'Ouessant ; Nividic, à l'extrémité de la pointe de Pern à Ouessant; Four, dans le chenal du Four au large de Porspoder ; Pierres noires, dans l'archipel de Molène ; Armen, dans la chaussée de Sein et Kéréon, dans le Fromveur.
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
Le temps s’écoule lentement, rythmé par les marées et la rigoureuse organisation du service. La mélodie à deux voix de la mer et du vent accompagne les déplacements feutrés du gardien de quart et berce le repos de son collègue. Tout est tranquille, simple et calme.
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J’ouvre une porte de placard qui doit faire trois mètres de haut et peser une centaine de kilos. Elle pivote en silence et, sans le moindre effort, sur d’immenses paumelles de bronze ouvragées […] Dans le placard, une collection, reliée cuir, d’ouvrages de tous genres : c’est la bibliothèque. Tous ces livres sont là depuis le premier jour, ils font partie de l’inventaire et participent à la légende du phare de luxe.
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Je crois connaître un peu la mer, je suis né ici, et depuis que j’ai quitté mon île il y a six ans, j’ai toujours navigué. J’ai donc vécu toutes ces années sur des navires, j’y ai subi des tempêtes : dans l’océan Indien, l’Atlantique ou la Méditerranée et je sais, aux dégâts que nous avons subis quelquefois, quelle énergie destructrice l’océan est capable de développer. Mais ce matin, j’ai l’impression que les vagues qui nous entourent sont plus abruptes, plus dangereuses que toutes celles que j’ai pu observer jusqu’ici et que nous ne devons qu’à je ne sais quelle miséricorde de n’avoir pas encore été engloutis !
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Tandis que la lampe à alcool fera monter le brûleur en température, on ira prendre l’air sur la galerie, humer la mer, lire le ciel et se risquer à une prévision météo. Puis, en silence, on écoutera l’océan, chacun perdu dans ses pensées. Je me sentirai à ma place sur cette galerie, isolé entre ciel et mer, mais pleinement vivant, en amitié avec la planète et ses habitants. Ces instants de crépuscule durant lesquels il ne se passait rien se sont étrangement inscrits dans ma vie et ma mémoire les a conservés comme de précieuses parcelles de bonheur.
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Les phares en mer font partie de ces lieux où la place que l'on tient dans l'immensité s'impose à nous assez naturellement. Coupés du monde, livrés à nous-mêmes, il nous est impossible de jouer à l'immortel bien longtemps. La connaissance de soi, non pas dans le sens de l'introspection narcissique, mais dans celui de se garder de toute complaisance à l'égard de ses défauts autant que de ses qualités, n'a rien d'une démarche intellectuelle, elle nous est imposée par la nature. On ne s'enfuit pas d'une tour en mer.
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