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Francis Vielé-Griffin (Autre)Henry D. Davray (Autre)Henry de Paysac (Autre)
EAN : 9782070373512
224 pages
Gallimard (02/02/1982)
3.69/5   68 notes
Résumé :
Au cours de la bataille de Chancellorsville, pendant la guerre de Sécession, en mai 1863, une jeune recrue découvre la réalité de la guerre. Ce n'est pas l'héroïsme et le panache dont il rêvait. Il s'aperçoit qu'il n'est qu'un poltron. Perdu dans cette immense bataille, dont il a une vision comparable à celle de Fabrice à Waterloo dans la Chartreuse de Parme, il va faire, peu à peu, la conquête du courage. Un récit d'une perfection classique qui a inspiré un de ses ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (17) Voir plus Ajouter une critique
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Si j'avais vu le titre sous lequel ce livre est habituellement traduit en français, La conquête du courage, je ne suis pas sûre que je l'aurais lu. Ce titre montre trop l'évolution inexorable du soldat vers le parfait petit homme de troupe, désabusé certes, mais en tout point conforme à ce que l'on peut attendre de chaire à canon consentante.
La première partie du livre, parce qu'elle fait place aux sentiments d'un jeune homme qui découvre la réalité de la guerre et ne réagit pas naturellement en accord avec l'image du brave que le discours populaire ne cesse de renvoyer comme une évidence, est assez intéressant et me semble assez rare dans la littérature guerrière (mais je suis loin d'être une spécialiste du genre).
Stephen Crane n'a certes pas connu la guerre de Sécession, mais il a couvert plusieurs conflits en tant que journaliste, et ce récit se veut universel, celui de toutes les guerres et de tous les soldats. Il est d'ailleurs intéressant de noter que les lieux de la bataille ne sont jamais identifiés. Des arbres, des champs, une barrière, partout et nulle part. de même, sous la plume du narrateur, on suit les états d'âme et les actions de l'adolescent, jamais nommé autrement. Seuls ses camarades l'identifient dans leurs conversations comme Henri Flemming, seuls ses camarades, ses semblables lui donnent un nom, alors que pour le lecteur confortablement assis dans son fauteuil moelleux, il ne sera que cet adolescent, ce jeune anonyme qui croit partir défendre des idées et protéger la liberté des autres.
Si la première partie est relativement intéressante, les choses se gâtent à mon avis par la suite, lorsque, apprenant ce qu'est le courage, devenant un homme, l'adolescent devient peu à peu ce qui est attendu de lui. Bien sûr, il apprend en route, l'apprentissage de la réalité de la guerre et les désillusions s'accumulent, et c'est elles et sa façon de les intégrer dans son système de pensée qui font de lui un homme, un vrai, un héros ordinaire que le livre peut glorifier en terme à peine couverts. le livre devient alors pour moi sans grand intérêt, pareil à la majorité des livres qui glorifient la guerre et le courage du simple soldat, sans même laisser envisager autre chose. Les sentiments de l'adolescent ne sont certes pas toujours nobles, et c'est finalement un personnage assez horripilant, et ce quelque soit son état d'âme, trouvant toujours des raisons à sa conduite même lorsqu'il condamne une conduite identique chez ses camarades, mais au fond, l'honneur est sauf, et c'est là que ce livre, qui aurait pu être marquant, n'est qu'un nième livre d'apprentissage et surtout de guerre.
Ce fut donc une lecture assez poussive (probablement due à une traduction maladroite) et décevante car j'attendais, à tort probablement, autre chose de ce livre. Je préfère finalement de loin les descriptions de l'incohérence du champ de bataille de Tolstoi dans La Guerre et la paix, et je serai presque tentée de lire La Chartreuse de Parme, car quitte à lire du classique, autant le lire bien écrit.
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The Red Badge of Courage
Traduction : Francis Viellé-Griffin & Henry D. Davray

Où que l'on aille, ce court roman est toujours présenté comme traitant de la Guerre de Sécession. Peut-être le créneau est-il porteur. Mais dans le cas de "La Conquête du Courage", cet étiquetage est erroné. Certes, l'action met bien en scène des soldats de l'Union combattant ceux de la Confédération mais la chose n'est mentionnée que de très rares fois, par la couleur d'un uniforme ou les termes "rebelle" et "Yankee" utilisés çà et là.

En fait, "La Conquête du Courage" parle surtout de la guerre et plus encore de la terreur qui accable le combattant lorsque sonne pour lui l'heure du corps à corps. Car la guerre, même à notre époque hautement technologique, cela reste le corps à corps : l'égorgement de certains soldats français par les talibans, l'a encore récemment prouvé en Afghanistan.

Stephen Crane utilise ici une intrigue et des personnages minimalistes : une ligne de front, dont on ne sait pas très précisément où elle se trouve et qui est d'ailleurs si mouvante que le héros, Henry Fleming, le plus souvent désigné sous le nom de "le jeune homme" comme pour bien souligner et son caractère banale et l'universalité paradoxale de sa quête du courage, se perd pour commencer parmi les rangs confédérés ; et quelques personnages qui, y compris les généraux, tiennent plus de la silhouette et de l'ombre que du héros solidement charpenté.

A maints endroits, "La Conquête du Courage" évoque ces films qui, documentaires ou fictions, ont cherché à fixer sur la pellicule les brumes hantées de la Grande guerre. Une silhouette se dresse, comme sortie de nulle part, elle dit ou balbutie sa peur, sa détresse, son refus de la Mort, et puis elle disparaît. A Henry de faire avec leurs blessures, leur hébétude, leurs radotages - leur dissolution. A Henry - et au lecteur - de leur survivre.

D'abord hébété, puis bien près de prendre ses jambes à son cou et de déserter sans autre forme de procès, Henry est stoppé net dans son élan lorsque l'un de ses camarades, avisant du sang sur son uniforme, s'imagine à tort qu'il a été blessé dans le feu de l'action. La honte alors l'accable et son poids s'accentue au fil des rencontres après la bataille, tous ces hommes qui saluent son prétendu courage ou pire, qui passent à son côté sans le voir, comme si le choc reçu au combat les avait privés de toute raison. Parce qu'ils ne lui ont pas tourné le dos, au combat : ceux-là y sont allés ...

Et c'est cette honte qui va provoquer chez Henry un retournement complet du caractère. Il va s'exciter, se pousser lui-même à la colère, déchaîner la violence en lui afin de pouvoir retourner au front et parvenir, cette fois, à se conduire en guerrier. Voilà comment il finit par conquérir le courage qui lui a fait si gravement défaut et, comme l'indique le titre, plus précisément, "l'insigne rouge", la blessure qui prouve son courage.

Minimaliste jusque dans son style et sa technique, Crane emploie des mots simples et des personnages réduits à une ou deux émotions essentielles pour analyser les différentes étapes par lesquelles passe son héros. Celui-ci étant lui-même une nature simple, l'effet obtenu est encore plus impressionnant.

Pas de charges, pas de grandes scènes de bataille à la Tolstoï, donc. Margaret Mitchell fait mieux dans son "Autant en emporte le vent." "La Conquête du Courage" est, à bien y regarder, un roman plus abstrait qu'on ne le pense - qu'on ne le définit. ,o)
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Depuis longtemps cet ouvrage dans son édition du Livre de Poche attendait que je l'ouvre et le lise enfin.
Finalement, je l'ai terminé récemment dans l'édition numérique intitulée le signe rouge des braves.

Le jeune Fleming découvre la vie de soldat en guerre: L'ennui, les rumeurs, la marche, le combat, la mort, l'horreur, le doute... Tout cela dans un condensé de temps qui évite les longueurs inutiles.
L' adolescent romantique qu'est Henry Fleming se mue rapidement en combattant éprouvé.... En passant par divers états plus ou moins reluisants ou avouables.
Stephen Crane, et c'est intéressant, aborde très tôt et sans fard le phénomène de désertion devant l'ennemi! la débandade de soldats qui abandonnent leurs armes.
C'est considéré comme quelque-chose d'assez ordinaire, voire habituel.
Le sursaut de combativité et de courage, semble presque arriver fortuitement.
Cette incertitude des batailles, est renforcée par certains portraits peu flatteurs d'officiers, et par ce bruit assourdissant accompagné d'un nuage de poudre qui aveugle les combattants.
L'issue de la bataille ne dépendrait-elle que de l'attitude de quelques soldats piqués au vif à l'instant fatidique?
L'objet de cette guerre? Il est absent du livre... Ce qui rend le propos de Stephen Crane assez universel concernant les conflits guerriers. Tout juste sait-on que c'est la Guerre de Sécession, avec les unionistes en bleu foncé et les confédérés en gris-clair.

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Il s'agit d'un très court roman, qui raconte des événements très ramassés dans le temps. Un très jeune homme s'est engagée dans l'armée, et doit subir le baptême du feu. Il a peur de ne pas être à la hauteur de la situation, d'avoir peur. Nous le suivons pendant ces premiers moments de guerre réelle pour lui. Dans le bruit, l'odeur, la chaleur, la frénésie du combat. Nous ne savons pas de quelle bataille il s'agit, l'auteur ne nous dit pas pourquoi ces hommes se battent, ni même quelles sont les raisons pour lesquelles le jeune héros du livre s'est engagé. Nous le suivons juste, de façon très concrète, très charnelle, dans cette expérience, ce vécu qui fera de lui pour toujours une autre personne. Il y a la confrontation à ses peurs, à ses limites. Aussi l'intégration dans le groupe, la façon du trouver sa place. L'exaltation de faire partie d'une communauté, l'exaltation des combats, dans lesquels on se révèle autre que ce que l'on pensait. L'auteur rend merveilleusement bien les sensations, les flux des sentiments. D'une certaine façon, les soldats ne réfléchissent plus, ils sont entraînés par des pulsions, des forces, qui les meuvent selon leurs propres lois. J'ai trouvé cette facilité de renter dans la chose guerrière presque effrayante par moments, voir que des hommes pouvaient se lasser entraîner de cette façon, que la mort des amis ou ennemis ou même la sienne propre devenait presque négligeable est presque glaçant. C'est une façon très efficace de montrer l'horreur de l'acte guerrier, les personnages sont sympathiques, des gens que l'on peut rencontrer dans la vie, et qui tout d'un coup se mettent à tuer et à mourir sans poser de questions, comme quelque chose d'évident. Un livre impressionnant.
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Mettre l'introspection au sein de scènes de bataille m'a paru un pari constant. le jeune Henry Fleming, héros du roman, n'est désigné la plupart du temps que par "l'adolescent", "ce garçon" ou tout simplment "il", comme s'il n'était que le symbole de toute une génération de jeunes gens, ravagés par le désir de gloriole. Au début, il ne s'agit en effet que de cela : de vanité et de virilité qui se cherche.
Le roman s'ouvre s'ouvre sur un long moment d'attente de la bataille qui permet au jeune héros de l'anticiper, de la vivre avant l'heure, de l'imaginer. Il est devant une grande inconnue, mais il sait - ou plutôt il a l'intuition - que la bataille est un monstre qui se gorge de sang. Son esprit examine dans ses plus intimes recoins la peur d'avoir peur, la peur de ne pas correspondre à l'image qu'il se fait de lui-même.
Enfin arrivent les premiers combats mais le rythme du récit ne suit pas le rythme de l'action. le lecteur et le héros sont en décalage permanent avec la réalité qui se déroule autour d'eux. Henry vit son premier assaut, puis la panique, puis la fuite éperdue, la mort de ses compagnons, la vue des premiers cadavres (bref, l'horreur de la guerre) comme une chose à laquelle il est étranger, tout en sachant que ce n'est pas vrai. Il voit le monde qui l'entoure comme une sorte de poème épique qu'il serait en train de lire plus que de vivre : "le soleil rouge était collé au ciel comme une hostie". Pour le lecteur, c'est un moment splendide car les rôles sont inversés : il est dans la bataille alors que le héros semble la contempler.
Puis, il y a la honte, et un autre décalage, celui du pardon accordé immédiateemnt par le lecteur mais que le héros ne s'accordera qu'à la fin. La deuxième partie répond ainsi au titre du roman. Il s'agit pour Henry de conquérir ce courage qu'il réclame tant, mais surtout de comprendre que l'ivresse du combat et l'estime de soi proviennent de la même source, celle qui consiste à donner le meilleur de soi-même. Henry ne devient homme que lorsqu'il est parvenu à se pardonner son unique moment de lâcheté, à le "tenir à distance", à le mépriser sans se mépriser lui-même, à dissocier l'acte de la personne qui l'a commis. "Les cicatrices se fanent comme des fleurs", conclut Stephen Crane.
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Il y avait une frénésie dans cette ruée furieuse. Les hommes, piquant droit devant de manière folle, éclataient en cris de guerre dignes d’une foule barbare ; mais hurlés de façon si étrange qu’ils éveilleraient le veule comme le stoïque. Ce qui donnait en apparence un enthousiasme qu’on ne pouvait réfréner, même par le feu et le fer. C’était le genre de délire inconscient et aveugle aux obstacles, qui finissait par rencontrer le désespoir et la mort. Le moment sublime d’une absence d’égoïsme. C’est pourquoi, peut-être, ‘adolescent se demandera, lus tard, la raison de sa présence en cet endroit. (p. 121, Chapitre 19).
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Les premières phrases : Comme un être qui s'éveille à regret, le froid brouillard se lève et s'étire au long des collines, révélant l'immobile éparpillement d'une armée au repos. Pendant que le paysage s'éclaire, passant d'un brun foncé au vert tendre, l'armée s'éveille à son tour et se prend à frémir d'attente, impatiente des rampantes rumeurs.
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incipit :
Comme un être quis'éveille à regret, le froid brouillard se lève et s'étire au long des collines, révélant l'immobile éparpillement d'une armée au repos.
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The youth turned, with sudden, livid rage, toward the battlefield. He shook his fist. He seemed about to deliver a philippic.
-Hell...
The red sun was pasted in the sky like a wafer.
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