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EAN : 9782859401245
192 pages
Phébus (01/08/1991)
3.8/5   10 notes
Résumé :
En 1881, après cinq ans passés dans les solitudes de l'Amazonie, Jules Crevaux, escorté cette fois par son ami Lejanne (et par son guide, le fidèle Apatou), entreprend la première traversée du bassin de l'Orénoque : depuis les cols des Andes jusqu'aux bouches du Grand Fleuve.
Le fleuve en question traverse sur plus de deux mille kilomètres l'une des forêts les plus impénétrables du globe. Est-il besoin de dire qu'à l'époque ces régions étaient pour l'essentie... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Jules Crevaux (1847-1882) n’est pas tout à fait un explorateur comme les autres. On l’a surnommé « l’explorateur aux pieds nus », non pas qu’il ait fait toutes ses expéditions déchaussé, mais parce qu’il était un partisan du voyage léger. Pas de lourdes bottes militaires, mais des chaussures légères, qu’il lui arrivait d’abîmer ou d’égarer, l’obligeant à poursuivre la route avec les moyens du bord, parfois pieds nus. Pas non plus d’équipements lourds et encombrants.

Il n’emportait avec lui que l’indispensable : « deux chemises, un hamac, une moustiquaire, des vivres pour quelques jours, quelques instruments ». Il ne se faisait accompagner que de quelques porteurs –des Noirs, généralement– et engageait au besoin quelques guides indiens connaisseurs de la région traversée. Il n’était pas non plus toujours armé, ce qui témoignait d’une certaine audace en ces lieux inconnus.

Libre et léger

Ses expéditions n’avaient donc que peu de rapports avec les lourdes expéditions quasi militaires qui étaient la règle en ce 19e siècle colonisateur. Seules deux d’entre elles, en Guyane et en Argentine, ont d’ailleurs été financées par les pouvoirs publics. Les autres ont été payées de ses propres deniers.

Cet explorateur libre et léger choisissait généralement lui-même ses objectifs d’expédition, ou profitait d’occasions qui se présentaient à lui, laissant une juste place à l’improvisation. Contrairement à la plupart de ses pairs, il ne servait pas nécessairement les intérêts coloniaux de la France et optait systématiquement pour des parcours qui n’avaient jamais été explorés : les passages entre la Guyane et l’Amazone, entre l’Amazone et les Andes, entre les Andes et l’Orénoque.

Folle aventure

L’Orénoque, justement. Il parcourut le grand fleuve vénézuélien de San Fernando de Atabapo à son delta, au terme d’une expédition de plus de 5000 kilomètres qui lui fit d’abord remonter, en Colombie, le río Magdalena. Il traversa ensuite les Andes à la hauteur de Neiva pour redescendre, sur le versant oriental, le río Guaviare. Une folle entreprise réalisée sur une embarcation rudimentaire, qui avait été construite pour l’occasion en bois de balsa.

Alors que beaucoup d’explorateurs se contentaient de remettre leur rapport de voyage à des sociétés scientifiques ou aux pouvoirs publics qui les avaient financés, Jules Crevaux s’est préoccupé de à diffuser ses récits à un plus vaste public. C’est ainsi qu’il publia de longs articles abondamment illustrés dans la revue Le Tour du monde, sorte de National Geographic de l’époque. C’est le cas, notamment, du voyage d’exploration à travers la Nouvelle-Grenade (la Colombie) et le Venezuela, dont le récit est publié dans le numéro du 1er semestre 1882 de cette revue.

Jules Verne et Tintin

Ses passionnants récits de voyages inspirèrent Jules Verne, qui le cite dans son roman Superbe Orénoque, ainsi que Hergé, le créateur de Tintin, toujours à l’affût d’une bonne documentation pour rendre les aventures de son héros aussi réalistes que possible.

Dans ses écrits, Jules Crevaux n’échappe évidemment pas aux travers de son époque et notamment à la vision colonialiste dominante : les Noirs sont des nègres, les Indiens sont des sauvages, les Blancs sont des civilisateurs. Nous sommes en pleine période de positivisme scientifique et Jules Crevaux, médecin de profession, n’échappe pas à l’influence de ce courant de pensée. Il n’en reste pas moins que, fin observateur tant des hommes que de la nature, il offre toujours une vision pleine d’intérêt sur ce qu’était l’Amazonie à la fin du 19e siècle : un territoire pratiquement vierge de toute influence occidentale.

Obsession de la mort

Au cours de ses derniers voyages apparaît chez lui une certaine obsession de la mort. Il est vrai qu’il a souvent fréquenté cette dernière, entre fièvres, blessures et dangers de toutes sortes qu’il a dû affronter au long de ses expéditions. S’éloignant des descriptions botaniques et ethnographiques de ses premiers voyages, il commence à collectionner des crânes, n’hésitant pas pour ce faire à profaner des cimetières indiens. Il se fait plus sombre, plus distant, moins passionné.

Était-ce là une prémonition? Jules Crevaux est mort à l’âge de 45 ans dans l’exercice de sa mission d’explorateur, lors d’un dernier voyage dans les confins méridionaux de l’Amazonie. Tandis qu’il explorait le río Pilcomayo, entre Bolivie, Paraguay et Argentine, il fut tué, puis dévoré, par des indiens de l’ethnie Toba.

Il y avait décidément du tragique dans ce personnage hors du commun.
Lien : http://venezuelatina.com/201..
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Nous avons-là un récit de voyage destiné en son temps au grand public. Publié en feuilleton dans une revue il visait à contenter le lecteur avide de découvertes et d'aventures sans quitter son salon, à la manière des reportages télévisés d'aujourd'hui.

A une ou deux exceptions près, édulcoré des interminables relevés géodésiques et autres détails techniques fastidieux qui plombent souvent ce type d'entreprise, ce récit nous fait connaitre ce qu'était cette région du continent sud-américain et ses habitants à l'époque.
Et c'est aussi passionnant qu'intéressant.

Bien sûr Jules Crevaux est un scientifique de son temps, son attitude avec les autochtones et ses méthodes l'apparentent parfois à cette fripouille d'Emile Belloq, l'âme damnée de l'intègre et intrépide Indiana Jones.

Il n'empêche, comme dirait mon grand-père, que ce type ne manquait pas de cran.
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Jules Crevaux parcourut l'Orénoque, le grand fleuve vénézuélien, de San Fernando de Atabapo à son delta, au terme d'une expédition de plus de 5000 kilomètres qui lui fit d'abord remonter, en Colombie, le río Magdalena.
Il traversa ensuite les Andes à la hauteur de Neiva pour redescendre, sur le versant oriental, le río Guaviare.
Une folle entreprise réalisée sur une embarcation rudimentaire, qui avait été construite pour l'occasion en bois de balsa.
J'ai connu cet ouvrage la première fois en 1976, j'étais étudiant en sociologie, et j'avais décidé de suivre une unité de valeur en anthropologie avec Mr Fontenelle, un professeur Brésilien bien que son nom ne le suggère point.
J'avais oublié ce livre jusqu'à aujourd'hui où mes déambulations dans les rayons de Babelio m'ont amené à lui.
Dire que j'apprécie ce livre est peu de chose, je le considère comme faisant partie des ouvrages qui m'ont initié à l'observation des autres et des lieux, à la compréhension de la société, au décryptage des us et coutumes, à la connaissance tout simplement.
Lien : http://desecrits.blog.lemond..
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Dans l’habitation je remarque quatre jolies femmes qui me donnent chacune une mèche de leurs jolis cheveux noirs pour ma collection anthropologique...
......Jamais je n’ai marché avec pareil entrain : je cours, je vole à travers la boue qui m’éclabousse des pieds à la tête .......
......Ces herbes mouillées, repliées de chaque côté, se rejoignent bientôt. Nous sommes trempés jusqu’à mi-cuisse. J’aime à marcher dans la rosée, son frais contact me délasse.....
.....Désireux de satisfaire au vœu d’un mourant, je lui jette quelques gouttes d’eau sur la tête et le baptise suivant la formule de la religion catholique.....
....Je suis obligé de tirer quelques bouffées à chacune des longues cigarettes qui me sont successivement présentées. (…) J’observe que cette pratique pourrait avoir de graves inconvénients au point de vue de la transmission de certaines maladies.......
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Le capitan nous promet de nous donner un canot en échange d'une hache et d'un lambeau d'indienne.
L'argent n'a pas cours ici, bien entendu; il n'est pourtant pas inconnu, car j'aperçois au cou d'une petite fille deux pièces de cinquante centimes à l'effigie de Louis-Philippe et de Napoléon lll.
Comment ces pièces françaises se trouvent-elles ici ? c'est le moment de répondre : mystère ! comme dans les romans populaires. Mais n'y a-t-il pas une grande ironie du hasard dans le rapprochement des ces deux souverains sur la poitrine d'une petite Indienne au fond des bois de l'Amérique du Sud ?
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Videos de Jules Crevaux (2) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Jules Crevaux
Ajoutée le 25 oct. 2012 Février‐mars 2012. Frédérique Longin, Guillaume Longin. La sœur rejoint son frère en Guyane sur les traces de Jules Crevaux, grand explorateur de l'Amazonie du 19e siècle, reprenant la voie qu'il avait ouverte il y a plus d'un siècle. 50 ans après les derniers amérindiens qui ont emprunté ce chemin, ils rejoignent à leur tour les deux fleuves dont parle Crevaux : le Maroni et le Mapaoni. Guidés par ses écrits et leur GPS, ils tentent de rester au plus proche de la trajectoire qu'il avait empruntée à l'aide d'une pirogue et d'une machette à travers la forêt équatoriale.
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