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Michel Carassou (Autre)
EAN : 9782720201813
181 pages
Pauvert (09/10/1985)
3.38/5   8 notes
Résumé :

Textes merveilleux (vraiment merveilleux) d'un surréaliste que l'on cite toujours, mais que presque aucune personne de moins de cinquante ans n'a lu. "Le Nouvel Observateur " Proche d'un Radiguet, d'un Drieu, d'un Cocteau. "Christian Delacampagne,La Quinzaine Littéraire " Crevel n'a pas besoin de légende. Avec Antonin Artaud, il est un des surréalistes dont la vie authentifie l'oeuvre. "Jacques Brenner, Paris-Normandie " Il y a une rai... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique

« Détours » et le premier roman publié (1924) de René Crevel (2007, Petite Bibliothèque Ombres, 87 p.). D'emblée, Crevel précise que « Ce n'est pas une autobiographie, et pourtant tous ceux qui me hantèrent comme des idées, tous les êtres dont je trouvai dans mes premières années la vie adhérente à la mienne, s'y sont, sans que j'aie rien pu contre, donné rendez-vous ».
René Crevel (1900-1935) est un écrivain et poète français, dadaïste puis surréaliste. Il n'a que 14 ans quand son père se suicide. Sa mère l'oblige à regarder le corps pendu dans le salon familial. Après son service militaire, il fait la connaissance d'André Breton en 1921 et rejoint les surréalistes, entraînant le groupe dans les expériences des « sommeils forcés ». Crevel impressionne par la qualité de son éloquence au point que Breton regrettera que les séances n'aient pu être enregistrées : « Nous aurions eu un document inappréciable, quelque chose comme le « spectre sensible » de Crevel ».
Exclu du mouvement en octobre 1925, il rejoint Tristan Tzara et dada. La légende dit que Tzara avait trouvé le mot dada dans le dictionnaire au hasard. Faut-il se fier, pour cela au témoignage de Hans Arp. « Cela se passait au « Restaurant Terrasse » à Zurich et je portais une brioche dans la narine gauche ».
Il participe comme acteur à la pièce de Tzara « Coeur à gaz » dans un costume dessiné par Sonia Delaunay. Pour elle, il écrit « Les Robes de Sonia Delaunay », cité dans « Poésies Complètes » (2009, Flammarion, 1470 p.) dans lequel il exalte le talent de l'artiste pour renouer avec les surréalistes. « L'Ange a glissé sa main / dans la corbeille l'oeil des fruits / Il arrête les roues des autos / et le gyroscope vertigineux du coeur humain ».
Fidèle d'André Breton, il essaye de rapprocher surréalistes et communistes, dont il est exclu en 1933. Ceux-ci, en se déclarant « négativistes », affirment : « Nous ne sommes pas assez naïfs pour croire dans le progrès. Nous ne nous occupons, avec amusement, que de l'aujourd'hui. Nous voulons être des mystiques du détail, des taraudeurs et des clairvoyants, des anti-conceptionnistes et des râleurs littéraires. Nous voulons supprimer le désir pour toute forme de beauté, de culture, de poésie, pour tout raffinement intellectuel, toute forme de goût, socialisme, altruisme et synonymisme ». C'est à partir de ce texte que se définit la position spécifique de dada.
A 35 ans, « Il se suicida parce qu'il avait peur de la démence, il se suicida parce qu'il tenait le monde pour dément ». Ce qui fait dire à Philippe Soupault. « Né révolté comme d'autres naissent avec les yeux bleus ».
On pourra lire ses oeuvres dans « Oeuvres complètes », édition établie, préfacée et annotée par Maxime Morel en deux tomes (2014, Éditions du Sandre, 864 et 832 p.).
On en vient alors à « Détours ». Un peu tôt pour une autobiographie, c'est l'histoire de Daniel, que l'on pourra suivre dans d'autres romans de Crevel. Ce dernier ‘n'a que 24 ans. Mais qui commence par « Préludes », comme il se doit, suivi par 6 chapitres dont une « Histoire de Scolastique Dupont-Quentin, princesse Cyrilla Boldiroff ». Cela pourrait être la fille de son ancien professeur, mariée à un prince russe. Quelques aventures curieuses, surtout des traits de temps à autre qui égayent le texte.
On n'en n'est pas encore là, on commence par sa mère. « Ma mère était de celles qui gardent la tradition des housses sur les fauteuils et de l'ennui, méprisent les jolies femmes et les hommes gais, détestent les bijoux, les oiseaux de paradis et les dentelles. Brune et sans grâce, elle incarnait, dans le genre maigre, la bourgeoise dite de tête. Elle m'aimait beaucoup, voulut faire de moi un homme rangé comme une armoire à glace, m'apprit l'arithmétique, les principes de la civilité puérile et honnête, le catéchisme. « Deux fois deux quatre - on ne met pas ses coudes sur la table - Dieu est un pur esprit créateur du ciel et de la terre. - On embrasse sa mère le soir avant de se coucher » ». Tout ce qu'il convient de savoir pour un gamin d'une petite dizaine d'années. « Dès que j'eus notion de la semaine, le lundi, le mardi, le mercredi, le jeudi, le vendredi, le samedi me furent attente. Six jours sur sept pour penser au dimanche où l'ennui s'affinait jusqu'à la déception parce qu'on déjeunait en ville ».
Les années passent. « Au lycée administratif et marron, me fut enseigné que certains mots mettent à leur tête une majuscule comme le marié ou le veuf, un chapeau haut de forme ; parmi les manteaux anonymes, leur bel air les distinguant ». le jeune homme ne sais plus quoi faire. « Les mains dans les poches, je marchais, triste comme un Anglais qui a perdu sa Bible ».
Il fréquente alors la philosophie et les « théories sur la croyance du professeur Dupont-Quentin » Il avait espéré « certaine grandeur métaphysique » et rencontre un « petit vieillard ennuyeux, pédagogue sans envergure ». Mais il y avait Mlle Dupont-Quentin, prénommée Scolastique, qui aidait son père dans ses travaux. Et surtout Lélia. « Elle avait les yeux plus grands que la bouche, se disait hindoue et poétesse ». Hélas, ce ne sera ni l'une ni l'autre. « Sachez cependant qu'après une déclaration du prince Cyrille Boldiroff je partis avec lui pour l'étranger. Notre mariage vient d'être célébré à Saint-Moritz, dans l'Engadine, la veille de Noël. [ ] J'ai abandonné mon nom de baptême. Boldiroff. [ ] Il s'appelle Cyrille. On m'appelle donc Cyrilla ».
Tout ce joli monde se retrouve « au dîner des Boldiroff, Léila d'autant plus mystérieuse qu'elle parlait avec une plus grande crudité de langage, dans une benoîte salle à manger en faux breton, demeurée telle que du vivant de M. Dupont-Quentin ; follement aussi devait lui plaire l'inversion de rapport entre les cheveux teints trop clairs et la peau maquillée ocre de l'Hindoue ».
C'est du bout de l'ongle que Cyrille fait le portait de Daniel. « Daniel, vous n'êtes qu'un pauvre gosse. Tout baby vous preniez déjà de l'huile de foie de morue, n'est-ce pas ? et rêviez d'avoir le teint frais des petits garçons sur les cartes postales anglaises : à vingt ans épouser une girl passée au même tripoli, boire du thé, beurrer les toasts, vous multiplier indéfiniment, vie conjugale, cigarette à bout doré, tub, gant de crin, eau de Cologne, linge fin, optimisme, tennis et auto vernie, assez d'élégance pour qu'on hésite à hausser les épaules ; au fond, Cyrille n'avait point tort ; le modèle demifou est préférable ; je vous aime encore mieux tel que vous êtes devenu, mais faut-il absoudre celui que vous auriez été si monsieur votre père n'avait gardé le goût de certains plaisirs coloniaux et si madame votre mère n'avait été portée à la neurasthénie ? »

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Je commence ma découverte de Réné Crevel, auteur surréaliste un peu oublié je crois, de manière chronologique avec son premier ouvrage Détours. C'est un roman d'initiation qui m'a souvent fait penser à Adolphe de Benjamin Constant (malheureusement). Un jeune homme arrive dans le monde et découvre les relations avec et les sentiments pour les femmes. Deux représentantes très différentes de notre sexe, l'une très classique et l'autre très libérée vont successivement être les cibles, les objets ou les sujets de la passion du héros et elles seront jouées par lui quand ce ne sera pas l'inverse. J'attends toujours (à tort) des étincelles d'un auteur que je ne connais pas dès le premier roman lu, surtout quand les avis de ses contemporains sont aussi élogieux. Ici, je me suis assez fermement ennuyée malgré une écriture emprunte de poésie et une certaine originalité (pour l'époque j'imagine) dans les relations entre hommes et femmes. Certainement déjà surréaliste (dans la mesure où tout roman d'initiation qui se départit des pudeurs imposées par les normes sociales est surréaliste), l'histoire de René Crevel nous conte ne s'échappe cependant pas du réel ce qui est finalement peu séduisant. Je vais persévérer avec Mon corps et moi et La mort difficile ...
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Narcisse au piètre ruisseau, je n’apercevais personne sur l’autre bord à qui dédier mon amitié ; cette amitié, pourtant, m’étais-je mis à croire, pouvait seule me permettre le bonheur. Je l’imaginais glace ; en elle un visage dont on se serait soucié de savoir s’il valait la réalité d’un être extérieur ou réfléchissait sans plus un moi complaisamment projeté.
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Vidéo de René Crevel
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