Je suis un papillon

Un papillon est dans le jardin des Hoffman. Il n'a d'yeux que pour la petite Clara, avec ses papillons blancs dans ses cheveux rouges. Dans cette scène familiale pleine de bonheur, surgit tout à coup la violence, sous la forme de nazis. Puis elle s'en va, comme elle était venue.
Il me manque quelque chose dans cet album. La violence arrive sans crier gare, sans que l'enfant sache pourquoi. Nous, adultes, nous savons que ce brassard symbolise le nazisme, que "Hoffman" est un nom juif. Mais l'enfant voit cette violence gratuite, sans explication, sans contexte. Et cette violence repart de la même manière, sans explication ni contexte. J'aurai voulu qu'on suive un peu la famille, qu'on mette le lecteur sur une piste, sur une pointe d'espoir. Mais rien. Je me doute que cette violence qui surgit de nulle part dans l'histoire est là comme la violence surgissait de nulle part dans la vie des enfants à cette époque. Mais trop violent, choquant pour moi. Surtout que par sa forme et son graphisme, cet album est destiné à des enfants qui n'ont pas forcément de notions sur la seconde guerre mondiale.

Un papillon suit la jeune Clara dans le jardin de sa famille, un jour de fête.
Durant sa courte vie éphémère, il embrasse à la fois toute la beauté des hommes et leur pire cruauté.

La violence est effectivement très forte et apparaît sans crier gare, à l'image de cette période de l'Histoire où plus rien n'avait de sens. Malgré cette brutalité, le texte reste très doux et poétique, ce qui permet à chacun d'être libre de répondre comme il l'entend aux interrogations que soulèvent le livre.
Cet album a le mérite d'interpeller et d'éveiller le questionnement. C'est pourquoi je le recommande à des enfants curieux et en âge de comprendre les "mauvaises actions" que l'homme peut commettre lorsqu'il est habité par la haine.