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EAN : 9782072798733
192 pages
Gallimard (10/01/2019)
3.79/5   7 notes
Résumé :
Le bouddhisme tel que nous le concevons aujourd'hui en Occident est un produit hybride de la sécularisation européenne. Depuis la seconde partie du XIXe siècle, des intellectuels anticléricaux ont cherché à remplacer l'héritage sémitique et biblique de l'Europe par les anciennes doctrines de l'Inde, jugées plus rationnelles. L'enseignement du Bouddha semblait particulièrement indiqué : sans Dieu, sans Sauveur, sans révélation écrite, il paraissait à même de réformer... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Lorsque les occidentaux s'intéressent à un truc qui n'a pas poussé sur leur sol, ce n'est jamais pour de nobles raisons. D'ailleurs, si les orientaux pouvaient eux aussi s'intéresser à quelque chose qui ne vient pas de chez eux, on devrait aussi se méfier. Mais nous parlons ici de bouddhisme et il nous échoit de respecter le thème.


Le Bouddha est devenu à la mode chez les occ. en plein contexte de déchristianisation. le voyage l'ayant rendu aseptisé et lisse comme les révolutionnaires de 1789 et des époques suivantes, on ne retint de lui que les caractères qui allaient servir du mieux que possible à appuyer les velléités de laïcisation du moment. A la poubelle tout ce qui était bizarre et qui rappelait l'irrationalité de nos textes religieux les plus poussiéreux. du neuf ! du faux ! Une répétition qui n'ait pas l'air d'en être une. Bouddha comme porte-parole des idées laïques dans l'air du temps, cela impliquait de faire l'impasse sur toutes les données qui ne confirmaient pas l'idéologie scientifique, complémentaire de l'idéologie laïque, instruments toutes deux du mythe moderne du progrès. On minimisa donc l'importance de certaines petites histoires comme celle selon laquelle Bouddha serait né de l'aisselle de sa mère, qu'il aurait affronté des démons pendant la nuit qui précéda son éveil, qu'il n'en avait rien à foutre d'abolir ou non la société des castes, qu'il n'a pas laissé d'enseignements écrits, qu'il a suscité des courants doctrinaux divergents et parfois élitistes, qu'il répugnait aux illusions vectrices de contentement personnel, etc. Bref, on passa sous silence quelques éléments biographiques qui auraient pu laisser planer le doute que Bouddha n'était pas aussi cool qu'on l'aurait aimé. Qu'il rappelait même, par certains aspects, la vieille injustice judéo-chrétienne.


Non seulement les occidentaux ont retenu ce qui leur plaisait de ces histoires pour soutenir leurs propres mythes civilisationnels qu'ils ne reconnaissaient plus comme tels mais, de plus, quelques orientaux plus malins que les autres, disons ceux qui d'entre eux avaient commencé à flairer le bon filon et qui connaissaient suffisamment bien la mentalité occidentale pour la caresser dans le sens du poil, contribuèrent à l'adaptation nullivore du Bouddha aux attentes républico-fraternelles de la démocratie nouvelle. L'histoire est bien sûr plus compliquée que ça, et Marion Dapsange l'explique bien, car enfin, ces orientaux-là ne se seraient jamais intéressés à l'ignorance métaphysique des occidentaux s'ils n'avaient pas été forcés de plonger la tête à plein nez dans le bousin.


Même les gouvernements occidentaux commencent à s'intéresser au phénomène puisqu'ils investissent du fric (sans doute beaucoup plus que la raison ne l'exigerait) afin d'évaluer l'efficacité scientifique de la pratique de la méditation. le Mind and Life Institute s'est creusé la ciboulette, se demandant si la méditation avait des effets positifs sur la santé, et s'est emparé du tibétain comme prototype de l'homme parfait dont l'humanité aurait besoin pour assurer la survie de son espèce. Il devrait être évident que lorsqu'une espèce s'inquiète au sujet de sa survie, elle est bonne pour le crématorium. Si on entend parler de cette branlette méditative de Causette à Causeur, on entend en revanche beaucoup moins parler de la méta-analyse (« Meditation Programs for Psychological stress and well-being », Comparative Effectiveness Reviews, n°124, 2014) portant sur près de 20 000 études cliniques et scientifiques et concluant à l'inefficacité de la méditation en termes de réduction du stress et de l'anxiété tels qu'ils se développent dans nos fringantes start-up créatrices de bore-out. Chut, il faut créer de nouveaux emplois dans les entreprises.


Qu'ont-ils fait du bouddhisme ? nous demande M.D. Ils en ont fait autre chose mais en gardant le même nom. Difficile d'inventer encore quelque chose de nouveau. Il y a déjà tant de films, de livres et de bandes dessinées. L'avantage du faux bouddhisme, c'est qu'il permet à de fausses personnes de s'intéresser au faux amour. Son désavantage, c'est tout ce que l'on peut induire de la phrase précédente.
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L'auteure part de l'origine du Bouddhisme et de ses multiples courants asiatiques pour en arriver à sa découverte par les occidentaux et le détournement de sa doctrine. En fait, il s'agit d'une véritable condamnation en règle du bouddhisme, de ses avatars occidentaux et surtout de la méditation telle qu'elle est pratiquée en occident.
Pour moi qui suit un adepte de cette pratique, ce fut un choc salutaire. Il est toujours très bien de se remettre en question sur ses croyances et ses valeurs. On en sort souvent renforcé. L'auteur éreinte copieusement Matthieu Ricard, Frédéric Lenoir, Christophe André, Fabrice Midal... qui transmettent en France l'idée (fausse selon l'auteure) que le Bouddha était plus philosophe que religieux et font de la méditation la thérapie de tous les maux. C'est vrai qu'on aime bien, en occident, l'idée d'un Bouddha un peu New-age, entouré partout de petites fleurs de lotus et de petites bougies parfumées. L'auteure nous rappelle au contraire que le bouddhisme est une doctrine religieuse très stricte, avec ses propres contradictions (qui ont donné les différents courants de pensées) et que la méditation est, au départ, le moyen de parvenir à l'éveil, pour échapper aux souffrances du monde. Loin, bien loin, des courtes séances de méditation prônées par les auteurs pré-cités qui réduisent le bien-fait de la pratique à une thérapie anti-stress, utilisées à des fin mercantiles par les chefs d'entreprise de tous poils pour augmenter leurs bénéfices.
Bon ! Je continuerai à méditer sur les conseils de mon prof de yoga, pour me ressourcer, m'échapper de la marche folle du monde, car ça me fait du bien. Ce livre n'est pas une révélation. Je savais déjà plus ou moins de manière informelle, tout ce que l'auteure dénonce. Mais elle a eu le mérite de remettre les choses à leur place.
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Le bouddhisme ne serait pas une philosophie positive pour booster notre mental, exploiter au maximum nos capacités intérieures insoupçonnées et faire le plein de spiritualité pour construire une individualité libre, heureuse et épanouie !😨💔 Et Bouddha serait quelqu'un de très négatif qui ne veut pas profiter de la vie! Il aurait même dit des choses misogynes !😱😱

Tout ça est évidement à prendre avec des pincettes, j'ai des gros doutes !🤔
Et si l'autrice était simplement une raciste anti-asiatiques ???😡🤮 C'est possible, je ne suis pas naïve ! Les gens méchants ça existe, eh oui ! 😥😥😥
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Citations et extraits (19) Voir plus Ajouter une citation
Même dans le cas du bouddhisme des origines, le Bouddha n’a jamais été considéré comme cette espèce de penseur de l’immanence que l’on en fait aujourd’hui, un intellectuel concerné uniquement par des questions liées à la nature ou au fonctionnement de l’esprit. Il était immergé dans la culture indienne, au sein de laquelle les dieux sont inévitables, où l’intervention de ces derniers dans la vie des hommes est réelle, où d’autres formes de vie sont possibles, où la renaissance est une croyance indiscutable, où certains hommes sont supérieurs à d’autres et développent, en guise de preuves de leur « noblesse spirituelle », divers pouvoirs magiques. Pourquoi, dès lors, avoir voulu voir en cet être complexe qu’est le Bouddha des Asiatiques un simple « philosophe » ? Pourquoi a-t-on cherché à effacer de sa vie tout ce qui a trait au surnaturel et à la métaphysique ?
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Quatre siècles après la mort du Bouddha, de nouveaux textes firent leur apparition, qui s’identifiaient comme « soutras du Grand Véhicule » (Mahâyâna Sûtra) et prétendaient délivrer la parole authentique du Bouddha. [Pour expliquer comment le Bouddha avait pu transmettre cet enseignement malgré sa mort, une version] consistait à dire que les soutras étaient divinement inspirés, transmis par des messagères semblables aux anges (les dakini), ou encore, entendus ou vus par des êtres doués de pouvoirs surnaturels. Mais, dans ce cas, le Bouddha devait bien exister quelque part, sinon il ne pourrait délivrer aucun message. […] Les textes du Mahâyâna avaient ainsi subverti le message originel du Bouddha (du moins pour ce que l’on en savait) en lui faisant dire l’inverse exact de ce qu’il avait prêché. Une résurrection étant impossible, il fallait inventer une autre forme de continuité, ce qui s’avérait compliqué pour une doctrine qui niait purement et simplement les notions d’âme et de divinité.
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Le Bouddha est devenu philosophe quand nous avons cessé d’être chrétiens. En effet, c’est quand l’Europe a cessé de se concevoir comme chrétienne que le Bouddha est passé, dans le regard occidental, du statut d’idole à celui de simple penseur.
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Ce livre relate la manière dont les Européens ont inventé de toutes pièces un « Bouddha philosophe », en remplacement du surhomme aux pouvoirs magiques qu’il était pour les traditions asiatiques. Il montre comment ce Bouddha fictif a évolué sur la scène occidentale, en prenant diverses incarnations : réformateur social et politique, scientifique, médecin, psychothérapeute, coach en développement personnel, régénérateur de l’espèce humaine.
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Ce que l’on croit être « l’esprit » ou « la personne » n’est qu’une succession d’instants de conscience sans autre lien que celui de la causalité : un état d’esprit en produit un autre, qui en produit un autre, etc. Cet enchaînement fondé sur la loi de la causalité est ce que l’on appelle le samsâra. Il explique la vie en général, ainsi que le processus de renaissance. La dernière pensée, la dernière émotion d’un mourant déterminera sa renaissance suivante. Le karman bouddhique remplace ainsi l’âtman hindou : les perles s’enfilent les unes à la suite des autres en donnant l’impression de former un collier, mais aucun fil ne les retient réellement. Le bouddhisme nie la notion d’âme et de personnalité.
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Videos de Marion Dapsance (2) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Marion Dapsance
Le Sacré-Coeur et la réinvention du christianisme Marion Dapsance Éditions Bayard Collection Religion
L'histoire de la spiritualité associée au Sacré-Coeur de Jésus, trois siècles après la consécration de la ville de Marseille à ce symbole de l'amour divin et un siècle après l'inauguration de la basilique de Montmartre. L'auteure décrit la naissance de cette dévotion, initiée par M.-M. Alacoque au XVIIIe siècle, ses transformations successives ainsi que la symbolique qui lui est associée. ©Electre 2021
https://www.laprocure.com/sacre-coeur-reinvention-christianisme-marion-dapsance/9782227499898.html
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