Voici un résumé des principaux points notés lors de ma lecture:
En Occident, l'engouement pour
la méditation est surprenant. Elle doit principalement son succès aux bienfaits que les découvertes scientifiques ont mis en lumière. Provenant du bouddhisme,
la méditation est présentée en Occident, de façon laïque, depuis les années 60.
La méditation fait référence à un exercice délibéré de l'attention, moments après moments, sans attente ni conception. Il s'agit de s'ouvrir à ce qui est. Etymologie meditari, derivé de mederi, prendre soin. Il s'agit de prendre soin par souci d'attention. Porter attention à l'expérience, au phénomène pour le prendre en garde, le recueillir. Dans ce sens, méditer n'est pas penser, mais soigner ou mesurer. Prendre la pleine mesure, se mettre en rapport avec la manière dont les choses sont. Trouver la juste manière d'être par l'attention juste. En sanscrit bhavana : cultiver (l'esprit), le libérer de ce qui le trouble. Donne to be en anglais et ich bin (je suis) en allemand. Habiter pleinement sa vie, créer un lien de familiarisation avec son être, cultiver son existence. Faire l'épreuve de la vérité de notre être. Pleine conscience, terme malheureux en français, c'est plutôt un mode originaire de l'esprit, la conscience étant ce dont on est libéré en méditant. Ce serait plutôt présence attentive ou pleine présence.
La popularité de
la méditation en Occident se base sur la crise occidentale qu'entraîne l'abstraction scientiste dénoncée par
Nietzsche, Bergson et
Husserl. le scientisme serait une réaction de peur et de refus de la vie. Pour
Husserl, c'est une crise de la rationalité, nihilisme (les choses n'ayant plus d'existence propre, mais étant considéré en tant que problème de gestion ou de domination) et désespoir.
La méditation serait une réponse à cette crise en redonnant droit à l'être.
Les initiateurs,
Taisen Deshimaru, Shuryu Suzuki et
Chögyam Trungpa insistent sur la connaissance plus directe et vivante que le savoir livresque.
Redonner droit à l'expérience de tout un chacun dans un univers où on l'a perdu.
La méditation nous invite à nous ancrer ici et maintenant pour surmonter la déshumanisation.
La posture pour méditer peut être la position du lotus, jambe croisées, même assis sur un chaise, face à un mur, etc. le tronc droit, les yeux ouverts, la respiration calme. La respiration est un bon support à l'attention car elle est un pur mouvement qu'il n'est pas possible de figer.
Entre agitation et torpeur, le méditant doit trouver un équilibre pour découvrir l'attention juste, pleine détente pour faire un avec ce qui est sans en être conscient ou dire : je médite. Il faut éviter d'être dans le « je suis ». Certains méditent en marchant.
Toutes les grandes formes de méditation comportent une base commune : l'attention et la vigilance discriminante, shamatha et vipashyana. Recueillement et connaissance ou fixation unificatrice de l'esprit et observation vigilante ou calme et vision pénétrante ou pacification et vision profonde ou se poser et voir, tous des synonymes. Shamatha consiste à poser son esprit sur un point précis pour dissoudre la confusion, les tourments émotionnels et le bavardage mental pour favoriser une tranquillité très profonde. 40 objets peuvent être utilisés pour servir de support (voir Visuddhimagga le chemin de la pureté). Vipashyana est la vision claire, le discernement qui permet de voir les choses telles qu'elles sont à la manière de l'insight ou de l'intuition. Dans le theravada, observation de souffrance, impermanence, non-identité et non fixation. Laisser flotter une ouverture vigilante. le méditant, étant capable de se poser pleinement, il réalise qu'il n'a plus besoin de développer une attention soutenue ; cette dernière naît spontanément en lui. Cet élément de reconnaissance d'un état naturel de l'attention est alors ce que l'on appelle la vision pénétrante.
Le theravada et les moines de la forêt met l'accent sur l'attention scrupuleuse accompagné d'un examen précis des phénomènes mentaux pour remonter à la racine de l'esprit. Il faut garder la porte des sens parce que les irritants psychiques se cachent dans les sens. Il faut noter les pensées et les activités du corps en répétant : pensée, pensée, pensée.
Vipassana (de Goenka) sont des cours résidentiels de 10 jours pendant lesquels les participants observent un code de discipline stricte.
Dans le tchan, la transmission est directe en dehors des écritures ; ne pas être assujettis aux textes ; révéler directement à chaque homme son esprit originel ; contempler son propre esprit et réaliser la bouddhéité. le zen provient du tchan, mais il met l'accent sur l'effort, les formes strictes et l'austérité. L'amour bienveillant doit faire partie de samatha-vipassana sous forme d'accueil entier, chaleur et ouverture. Diriger cet amour vers soi puis vers nos proches.
Dans les grands textes du bouddhisme, trois concepts clés : shila, samadhi et prajna. Shila, la conduite, la discipline, la manière de se tenir. Accorder notre manière d'être à la vie méditative. Samadhi, le résultat de la pratique, une paix profonde. Prajna, connaissance première, discernement. le Satipatthana Sutta est un texte fondamental. Il explique que cultiver l'attention à se garder présent à soi-même est précisément la voie. L'attention s'établit sur quatre domaines : le corps, les sensations, les états d'esprits et la nature inconditionnelle de son propre être.
L'Anapanasati Sutta recoupe le précédent et divise 16 modalités de respiration et s'intéresse à la manière dont notre respiration a un effet sur notre esprit et vice versa. L'abhidarma montre comment les événements mentaux se solidifient et donne naissance à la torpeur ou l'agitation qui vont dériver en toutes les forment de confusion, d'illusion et de souffrance. le Visuddhimagga est le manuel du bon méditant. Il expose pas à pas les étapes du chemin qui mène à la libération des peines.
Dans Les étapes de
la méditation, Kamalashila décrit la pratique de Shamata et les 6 obstacles et 8 antidotes.
Le Shobogenzo de Dogen et les oeuvres de Shogyam Trungpa sont à lire.
La méditation n'est pas une forme d'évasion, l'austérité du zen, le mysticisme tibétain ni un outil de bien être scientifique.
La méditation n'a qu'une seule prétention : entrer en rapport avec un état d'ouverture primordial.
La médiation sert à nous libérer du règne de l'utilité. Voici ces principales finalités : Être plus présent; nous libérer de nos schémas mentaux habituels; rentrer à la maison sans identité, moi ou égo, être libre, c'est-à-dire retrouver le discernement fondé sur l'expérience directe; découvrir la bonté du coeur humain, ne plus avoir peur, découvrir la paix et l'ouverture, c'est-à-dire l'esprit vaste sans contour, sans commencement, sans possibilité de s'installer ou de fin.
Il est important de libérer
la méditation des écueils relatifs à la psychologie (échappatoire spirituel, en faire une méthode soignante), de la psychanalyse, de la fausse perception sereine d'un moi uni, et de sortir de la sphère du moi. Ce n'est pas une construction de soi, mais plutôt l'épreuve d'une sorte de sens connaissable, l'abandon de toute position et affirmation tranchée. L'épreuve de la bonté et de la bienveillance sans médicament. Pour prévenir les rechutes de dépression, dues aux ruminations incessantes, certaines approches s'appuient sur
la méditation avec protocole, c'est retrouver le sens de l'attention nue.
Les expériences des artistes modernes s'apparentent à
la méditation. Nous rendre voyant, rendre à la sensibilité sont pouvoir imaginatif. L'art moderne est dégagé des conceptions grecques ou classiques, l'absence de repère peut être une chance d'écouter ce qui surgit dans l'expérience nue.
La phénoménologie et
la méditation se recoupent. La posture, l'attention au souffle, être dans le temps, laisser surgir le présent hors de la volonté, en faisant face à ce qui donne liberté.
La méditation est présentée de trois façons en Occident : religieuse, mercantile et spirituelle. La religion catholique rejette
la méditation sous l'appellation de quiétisme.
Cinq défis de
la méditation :
la méditation doit s'inscrire dans les réalités de notre monde moderne. Elle doit être explicitée en détails aux occidentaux. Il faut se libérer de l'esprit et non du corps. La bienveillance aimante est trop souvent évacuée de
la méditation, mais fait partie intégrante de
la méditation comme disposition de notre être tout entier.
La méditation est une forme de liberté face à la mentalité uniforme des masses.
Bonne introduction à l'histoire, aux méthodes, aux conceptions de ce qu'est que ce que n'est pas
la méditation dans le format court et apprécié de la collection Que sais-je ? Un beau tour d'horizon pour un apprentis comme moi. J'ai maintenant plein d'autres textes à lire.