Tâter le diable

Lorsqu'on m'a proposé de Tâter le diable, je n'ai pas hésité une seconde… Parce que j'aime tout ce qui sort de l'ordinaire et qui me permet de sortir de ma zone de confort. Et puis, lorsqu'on parle du diable, eh bin moi, ça m'intrigue; ça m'attire… Ce petit je-ne-sais-quoi d'interdit qui vient titiller ma curiosité légendaire….

Tâter le diable, c'est d'abord et avant tout la vie et les questionnements existentiels de Manu, quarantenaire pétillante, cycliste à ses heures, juive peu pratiquante, habitée d'un humour intelligent et d'une ouverture d'esprit bienfaisants.
Manu, elle pourrait être mon amie dans la vraie vie.

Tâter le diable, c'est aussi l'apparition d'un super pouvoir qui permet, en touchant une personne, de découvrir et ressentir les infidélités secrètes de celle-ci. Arme de destruction massive ou outil de négociation utile, ce pouvoir place Manu dans un embarras certain et questionne l'un des dix commandements : « Tu ne commettras pas d'adultère ». Et si la monogamie était finalement pas si naturelle que cela ?

Tâter le diable, c'est aussi l'histoire de deux peuples fratricides depuis des générations qui se battent pour leurs terres et pour leur Dieu. le contexte israélo-palestinien si présents dans les médias en ces jours dramatiques, s'invite dans ce roman de manière plus sereine même si on y comprend toute la complexité à travers la plume de Rachel Darmon.

Tâter le diable, c'est une histoire d'amitié fidèle malgré des visions différentes sur la foi, la vie, la famille, le monde.
C'est une histoire de famille envahissante dans laquelle on peut pourtant y puiser ses racines.

Tâter le diable c'est beaucoup d'humour, d'auto-dérision, de recul qui permet de relativiser lorsque la vie est trop dure, lorsque la confiance en soi s'amenuise.

Tâter le diable, c'est enfin un roman passionnant et bienfaisant qui donne envie de devenir meilleur, de s'ouvrir au monde, de redonner une deuxième chance à ceux qui nous ont blessés, de partir à la recherche de ses origines et de faire du vélo.

Tâter le diable, c'est si bon que j'en redemande !

Très beau livre court (il se lit en une voire deux soirées) qui combine profondeur et humour comme dans le premier opus de son auteur (le gateau de Varsovie). Là où le premier livre nous conduisait nonchalamment sur les pas d'une enfant puis adolescente découvrant l'histoire tragique de sa famille et son impact sur son éducation et ses désirs et mythes, d'une façon à la fois faussement candide et souvent hilarante, nous retrouvons une adulte ayant réalisé "ses deux rêves" d'adolescente, ndlr épouser le prince charmant rencontré dans les soirées organisées par le mouvement pionnier auquel elle appartient et aller vivre dans cette démocratie tumultueuse qu'est Israël qui représente l'Eldorado pour la jeune Manu (personnage adulte de cette seconde autofiction).
Sous couvert d'explorer les relations compliquées à la vérité et...à la fidélité conjuguale de la plupart des homo-sapiens, l'auteur nous conte avec verve l'histoire de la petite fille parisienne à la poitrine outrageusement avantageuse qui découvrait la transformation physique et ses effets sur la gente masculine quelques années plus tard...Elle s'est installée en Israel, a épousé le seul garçon dont elle ait jamais été amoureuse et pose un regard "apaisé" sur le prince charmant et le jardin d'Eden de ses rêves d'enfance.
Le premier s'est, par goût de la bonne chère et manque de discipline, laissé un peu aller au point de gagner des rondeurs davantage féminines que la virilité qui avait initialement rassuré et conquis la jeune adolescente devenue femme mûre et le second offre un spectacle déroutant: seule démocratie dans un océan de dictatures plus ou moins dures voire sanguinaires, il se délite sous le double effet d'un gouvernement veule allié à des extremistes religieux messianiques et d'une population lasse de faire la guerre depuis 75 ans et qui n'aspire qu'a retirer les fruits d'une économie florissante et à vivre avec une insouciance qui lui est refusée.

C'est sans doute l'un des grands mérites de ce livre que de montrer la vitalité formidable de cette démocratie israélienne où sont débattus tous les grands sujets qui animent l'Occident avec ce couperet de la guerre toujours imminente sur laquelle les tragiques événements du 7 octobre projettent à nouveau une lumière crue. L'on y comprend sans doute bien combien Israël est éloigné des imageries caricaturales dans lesquelles se complaisent à l'y enfermer les pourfendeurs de la démocratie libérale et de l'Occident. C'est en effet un pays attachant et agaçant que décrit Manu dans un portrait en demi-teinte qui pourrait être celui de tous nos pays occidentaux où une certaine légereté de l'être pour paraphraser le grand Milan, permettent aux uns et aux autres de vivre tranquillement avec les compromis de la vie quotidienne qui permettent de s'arranger avec les désagréments réels sans peser sur l'existence comme celà est hélas le cas dans les pays totalitaires.

A l'image de ces couples adultérins où au fond les deux membres ont "dépassé" la seule dimension. mythique du parfait amour toujours impossible comme dans le poème d'Aragon pour réaliser que ce qui les réunit est tellement plus important que ce qui les sépare.

En celà ce livre est un précieux précis du bonheur de vivre dans un monde imparfait mais où l'on peut s'épanouir à l'image de tous ces personnages qui traversent le livre avec de petits ou grands compromis qui, rarement sont des compromissions.
Manu elle même n'échappe pas avec ces "petits compromis" que sont ses nécessaires exutoires parisiens qui rendent la vie au paradis israelien tellement plus facile, sûre qu'elle est de retrouver le raffinement parfois absent du rude pays de pionniers, ou cette escapade romantique sans lendemain qui lui permet de retrouver son époux tout en rondeurs avec un bonheur redoublé.

On ferme le livre avec le sourire que donnent les livres écrits avec intelligence et humour: on se sent plus léger et heureux de vivre, comme Manu 😊

Manu, jeune diététicienne installée à Binyamina se découvre un étrange pouvoir après une chute à vélo : elle devine qui a des relations extra-conjugales, et avec qui. Grosso modo, tout le monde va voir ailleurs et rares sont les couples vraiment exclusifs. J'ai l'impression d'ouvrir les yeux et de découvrir les coulisses des couples. » (p. 43) Entre la France et Israël, Manu s'interroge sur la force du désir face au poids de la morale. Et quand l'adultère la touche personnellement, elle n'a d'autre choix que de remettre en perspective toute son existence. « À quarante ans, je vais devoir repenser ce que veut dire être femme ? » (p. 59)

Loin d'être moralisateur ou bien pesant, ce roman présente avec finesse et humour les fols errements du coeur... et du reste ! « Vous me dégoûtez tous avec vos minables trahisons et histoires de cul. » (p. 65) Les annexes très diverses en fin d'ouvrage sont hilarantes et je ne saurai trop vous conseiller de ne pas en négliger la lecture !

On ne sort pas indemne après avoir « Tâter le diable » !
Sourires et rires garantis, émotion et plein d interrogations sur les êtres, le monde, le sens de la vie !
Un livre drôle et émouvant, profond et léger, réaliste et surnaturel…dans la nature magnifique secrète et sauvage du Horshan au Nord d Israel où Manu, personnage principal (homme ou femme ?) s initie au vélo avec une bande de fous du volant (dès 6h du matin ) jusqu à en prendre la tête du peloton ! Suite à un accident, un étrange pouvoir s empare de Manu,
Un livre qui aborde maints sujets et interroge chacun Les relations hommes-femmes, amicales, sportives, sociales, sont savoureusement développées par l'auteure Rachel Darmon avec humour et apports de connaissances. Mention spéciale pour les dialogues très rythmés et le glossaire annexe, à lire absolument, alliant recettes de cuisine, chansons, films, analyses politiques, blagues et j en passe! ( l humour est partout même en annexe ! )
On prend plaisir à s'echapper en vélo avec ce groupe sympathique à travers des paysages somptueux, à discuter avec des gens au dessous de tout soupçon, à plonger dans la réalité complexe du couple et de l'amitié, de la famille au delà des apparences et des conventions sociales, à confronter les sujets politiques et religieux Sujets classiques mais revisités par l'auteure avec un scénario original un récit interessant, léger, agréable, qui fourmille d anecdotes et en même temps très humain très réaliste très sérieux. L'auteure a de solides connaissances historiques, geographiques et sociales sur Israel mais aussi sur la France d'hier et d'aujourd'hui et nous en fait largement profiter tout au long d'un roman initiatique et d'une quête de la vérité : peut on vivre en couple sans mentir ni tromper l'autre, sans renoncer à sa liberté et ses désirs ?

Suite à un accident de vélo, Manu jeune diététicienne israélienne, se découvre un don. Elle peut voir et savoir qui trompe qui par des flashs étranges
Elle se retrouve avec ce pouvoir qu'elle ne veut pas Cette jeune femme cumule les difficultés : elle est israélienne, (pas toujours facile) diététicienne avec un mari obèse, et un prénom qui fait qu'on la prend pour un homme, avec un U imprononçable pour un juif et qui se transforme en Mano
C'est un roman plein d'humour et pourtant sur un sujet actuel : l'adultère
Ce livre c'est les différentes façons d'être libre.
La découverte d'israël, sa géographie un pays que j'aimerais tant connaître.
C'est moderne par ses dialogues du groupe WhatsApp. Un roman sur l'amitié entre des personnages complètement différent et qui se rencontrent grâce a leur passion pour le vélo
C'est la vision de l'amour par les israélites
L'annexe est un véritable bonheur avec des recettes de cuisine, des paroles de chansons et bien plus.
La plume est fluide et on ne s'ennuie jamais.
Merci à babelio pour l'envoi de ce livre dans le cadre de la masse critique