La naissance dans la grotte de Bethléem est bien émouvante; combien plus émouvante encore la naissance dans la grotte du cœur. C'est dans la crèche du dedans du cœur qu'il faut aller se perdre, se cacher, s'oublier.
La vraie grotte, là où Jésus naît en nous, et, naissant en nous, nous fait devenir lui. La grotte, le sein du Père, où le Verbe naît, vient à l'être de toute éternité.
Notre joie à Noël, joies de famille, joie de la liturgie... cela est si peu auprès de la vraie joie, le joie de Jésus, s'éveillant à l'être en cette nuit de Bethléem.
La joie du Verbe divin s'éveillant à l’Être au sein du Père dans l'éternité. La grotte du cœur, ce mystère où l'Inde à pénétrer si profondément.
Cet homme épris de silence et de solitude semble mener une existence paradoxale. Il consacre de longues périodes à des séjours dans des grottes, puis il fait des pèlerinages, prêche en particulier dans des Carmels, assiste à des séminaires, traverse l’Inde du nord au sud en de nombreux et épuisants voyages. Il lit et écrit énormément. Par manque d’interlocuteurs susceptibles de le comprendre, il se confie à son Journal. Le moine aime à la fois se taire et s’exprimer. Il apparaît semblable à la citerne dont parlait Bernard de Clairvaux qui déverse son trop plein pour recevoir encore.
Le sannyâsi (renonçant) est un solitaire. Il ne cherche dans les hommes aucun appui pour vivre (appui moral) ; il attend, il est vrai, sa poignée de nourriture des hommes, mais sans impatience ni sollicitude, c’est d’ailleurs normal dans une société où le sannyàsi occupe une place nécessaire. Non pas certes qu’il se pose à cette place. Si la société est reliée au sannyâsi, le sannyâsi n’est pas relié lui à la société.
France Culture, For Intérieur par Olivier Germain-Thomas
Emission du 09/04/1998, à l'age de 95 ans.
"Spécialiste du Moyen Age et de Saint Bernard, biographe de Simone Weil, Nicolas Berdiaev ou Henri Le Saux, Marie-Madeleine Davy connaissait très bien les écritures hindoues avec lesquelles elle avait des affinités intérieures particulières, comme en témoignent ses derniers livres. Farouchement indépendante, membre d'un réseau de Résistance pendant la guerre, alle a parcouru le monde pour délivrer une parole sur la vie intérieure et le modèle des mystiques sans jamais se laisser enfermer dans une foi qui exclurait les autres. Elle vivait retirée dans sa maison des Deux-Sèvres entourée d'arbres, d'oiseaux et de silence. Elle nous a reçus pour un dernier bilan avant d'avoir à franchir la dernière porte. Elle jette un regard très lucide sur sa vie, voulant surtout arracher les derniers masques. Et parfois le doute est aussi fort que les croyances. Son dernier mot sera : "Soyez heureux !" "
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