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sur 1398 notes
J'ai voulu lire ce roman graphique de Guy Delisle pour deux raisons :
- d'abord, c'était pour avoir un "complément de lecture" après avoir lu Nouilles froides à Pyongyang ;
- et puis parce que j'avais déjà lu et aimé les Chroniques birmanes de l'auteur et avait aimé sa façon de raconté et mettre en scène (avec humour!) son expérience dans un pays où le touriste est rare.

Je ne regrette absolument cette lecture. Les deux se complètent bien. On retrouve des similitudes dans les deux récits, notamment la référence au 1984 de George Orwell. Toutefois, le séjour de Guy Delisle a eu l'air plus "agréable", du moins son personnage a t'il bénéficié de plus de liberté - bien que le mot soit un peu fort dans le contexte nord-coréen.

Les deux "petits plus" que je retiens sur cet ouvrage sont 2 visites Jean-Luc Coatalem et son acolyte n'ont pas été autorisé à faire : le métro et le grand magasin de Pyongyang !!!
Ces deux anecdotes permettent à Guy Delisle de montrer l'absurdité et les paradoxes du système nord-coréen, même mieux que le pont qu'il faut sans cesse repeindre (avec de la peinture de mauvaise qualité bien sûr!).

A l'inverse du récit de Coatalem, à force de rire ont oublierait presque que la Corée du Nord est un régime totalitaire des plus terrible. Mais l'auteur nous rappelle le système de rationnement de la nourriture en fonction de sa fidélité au régime, et là... y'a pas de quoi rire !
On rit avec Pyongyang, jusqu'à ce qu'on se souvienne que cette terrible absurdité c'est le quotidien de plusieurs millions d'habitants...
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Je lis les chroniques de Guy Delisle à l'envers : après « Chroniques de Jérusalem » et « Chroniques Birmanes », voici donc « Pyongyang », plongée dans le pays le plus fermé du monde, la Corée du Nord.
A la différence de son séjour en Israël et en Birmanie où Guy Delisle suivait sa femme, expatriée pour Médecins sans Frontières, il n'était pas marié lorsqu'il est parti 2 mois en Corée du Nord et s'est rendu sur place pour superviser un studio produisant des dessins animés.
C'est donc avec stupéfaction que l'on fait la connaissance des sympathiques leaders nationaux, le défunt mais omniprésent Kim-Il-Sung et son charmant rejeton, le glorieux Kim-Jong-Il, tous deux à l'origine des plus grandes découvertes mondiales et grands bienfaiteurs de l'humanité : d'ailleurs ils ont fait de leur pays un paradis sur terre, lequel pays bénéficie quand même d'un métro résistant aux attaques nucléaires et comportant deux stations, des postes de radio bloqués sur une station officielle, des autoroutes somptueuses pour desservir un musée à la gloire des leaders nationaux… Et pour découvrir ces merveilles, le pays fournit obligeamment un « camarade guide » et un « camarade traducteur » dont il est manifestement difficile de se séparer... Pays merveilleux, donc (quand te reverrai-je ?), que Guy Delisle découvre avec parcimonie car bien évidemment, en deux mois, il n'a que le temps de visiter les monuments à la gloire du régime et peut difficilement semer ses anges gardiens, et dont il nous fait partager les splendides réalisations avec un humour corrosif.
A noter qu'en deux mois de séjour, il n'a trouvé personne pour oser émettre la moindre critique vis-à-vis d'une dictature de type stalinienne dominée par la permanences du culte de la personnalité et des plans stratégiques incohérents et inefficaces… et pour cause, les camps de redressement sont légion !
On ne peut donc lire cet ouvrage sans éprouver compassion et empathie envers ces Nord-Coréens qui vivent cette année l'an 105 du Juché, puisque la Vie n'a commencé que lors de l'année de naissance du premier grand leader…
Bienvenue au pays de la joie de vivre et de la propagande !
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Cette BD date un peu (2003), mais le portait du pays fermé qu'elle décrit, la Corée du Nord, et de son régime totalitaire dynastique, n'a guère changé : de Kim Jong-Il on est juste passé sans évolutions à Kim Jong-un.

Delisle fait le récit d'un séjour de deux mois à Pyongyang, où il était envoyé pour contrôler la production des dessinateurs de film d'animations locaux, chargés de venir compléter les dessins d'une série française. Un choix de production purement financier, qui se heurte aux règles très particulières de contact entre nord-coréens et étrangers instaurées par le pouvoir local. Chaperonné par un guide et un traducteur, logé dans un hôtel pour étrangers quasi-désert, Delisle ne verra qu'à une seule reprise les dessinateurs. Il communiquera ses instructions via des traducteurs aux réalisateurs locaux. Au gap culturel, s'ajoute l'impossibilité de dialoguer librement.

Les étrangers de passage regroupés dans le même hôtel en sont réduits à multiplier les parties de billard entre eux, à aller aux quelques fêtes lancées par les humanitaires des ONG (parqués dans un quartier qui leur est dédié), et à se résoudre à suivre leur guide dans les visites obligatoires de la statue de Kim Il-Sung, du Musée de l'Occupation Impériale ou celui des présents reçus du monde entier par leurs leaders. Autant d'occasions pour la propagande locale de diffuser le culte des dirigeants bien aimés (dont les portraits figurent à chaque coin de rue, peints sur les falaises, ou placardés sur les murs de l'hôtel). Delisle s'énerve un peu (dans sa tête) mais se retient pour pouvoir accomplir sa mission en respectant les formes diplomatiquement acceptables. Il finit par trouver le temps long et à attendre la relève avec impatience.

Sous forme de témoignage indirect (puisqu'il n'a jamais pu parler vraiment avec les locaux), d'anecdotes amusantes et de réflexions savoureuses, Delisle relate un voyage hors-normes dans un pays cadenassé. Au final, il se demande si les guides et traducteurs collés à ses basques, l'accompagnant partout (impossible de prendre un taxi sans eux), croyaient vraiment à leur discours, ou avaient fini par refuser d'avoir tout regard critique sur un pays qui à l'époque était le pays le plus aidé au monde par les ONG.

Les dessins sont assez frustres, mais ils conviennent bien à ce journal graphique d'un pays hors du monde contemporain (lequel est rempli d'Américains tortionnaires avides de sang et d'occidentaux dépravés selon le discours officiel local).

Cette BD est une excellente introduction à ce qu'est la Corée du Nord. Pour ceux qui veulent aller plus loin, je conseille le roman l'Étoile du Nord de D.B. John.
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J'avais lu « Pyongyang » il y a quelques années mais j'avoue que je ne me souvenais pas de grand-chose. C'est pourquoi j'ai eu envie de relire la B.D de Delisle. Je pense que j'ai eu les mêmes impressions que lors de ma première lecture. J'ai passé un agréable moment de lecture, l'immersion est assez saisissante, le ton humoristique qui évoque des choses dramatiques est réussi. Mais malgré toutes ces qualités, je trouve tout ça assez anecdotique. Bref, je pense que d'ici quelques mois j'aurai une fois de plus tout oublié de cette B.D.
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Cet ouvrage complète à merveille la lecture de "Nouilles froides à Pyongyang" de Coatalem. Guy Delisle a eu l'occasion de passer deux mois en Corée du Nord en 2003, pour travailler sur des dessins animés, il a ainsi pu constater le mélange de propagande et d'idolatrie qui concerne le grand chef suprême Nord Coréen, un homme dont le guide explique qu'il a écrit 1200 ouvrages durant ses études, qu'il a composé 4 opéras etc....et le tout, sans un soupçon de sourire...!
Les dessins assez simples mettent bien en évidence l'aspect propre, net, cadré de la vie quotidienne. Les rues sont vides, les restaurants manquent de tout, la ville connait une pénurie d'électricité....
Les visites sont évidemment organisées au millimètre près, l'auteur est surveillé jour et nuit (avec bienveillance !) et autour, les habitants sont soit invisibles, soit en train d'effectuer une tâche importante au point de ne pas voir ni parler avec qui que ce soit.
Ce livre se dévore mais on est forcément horrifiés du sort des habitants qui ne mangent pas à leurs faim, qui font du "volontariat" lorsqu'ils ne travaillent pas, qui n'ont bien sur aucune liberté de penser ou d'action...
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Guy Delisle a la chance d'aller travailler comme superviseur d'animation de films pour enfants à Pyongyang, au pays du grand mensonge.
En 2003, en Corée du Nord, il découvre un secteur cinématographique important mais la propagande gouvernementale encourage la coercition et la mise de côté des étrangers qui leurs sont pourtant très utiles.
Il doit être accompagné d'un guide et/ou interprète quel que soit la destination. Ses visites sont organisées et en fonction de la mise en valeur des bâtiments… et du régime.
Guy Delisle reproduit fidèlement ce qu'il voit, il jette un regard lucide et réaliste sur les conditions de vie de l'époque, conditions qui se sont sûrement aggravées depuis les débuts de pandémie.
L'auteur a très peu accès à la population mais considérant la barrière des langues et le contrôle de l'État, il fait de son mieux pour nous informer sur la situation des hommes et femmes. Il parle très peu des enfants et surtout pas des handicapés, il n'y en a pas selon les autorités. Ses maigres tentatives pour créer des dialogues se buttent au fait qu'ils « vivent dans un état de paradoxe constant où la vérité est tout sauf immuable. »
On a droit à des descriptions des peu d'hôtels et restaurants disponibles, aux problèmes d'approvisionnement, aux relations avec les voisins chinois, japonais, coréens; tout est découverte et susceptible d'intérêt.
Très belle révélation et j'enchaînerai avec les autres albums de l'auteur car il a un grand talent de pédagogue associé à son talent de dessinateur.
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Dictature chaude à Pyongyang
Un livre indispensable pour mesurer ce qu'est une dictature, sujet au combien actuel mais parfois un peu galvaudé, et à quel point vivre dans une véritable dictature peut constituer une expérience folle.
C'est très concret, c'est très clair, parfois très drôle. On retrouve les qualités qui étaient celles de Jérusalem, l'un de ses autres beaux livres. Graphiquement clair, c'est aussi très clair sur le plan intellectuel. Un livre qui constituerait une excellente introduction pour un adolescent.
Quel dommage que Guy Delisle n'ait pas voyagé davantage car à chaque fois, c'est le moins que l'on puisse dire, il a vraiment fait mouche.
A noter, le livre est un peu ancien, mais la dictature coréenne (qui au passage continue de fasciner les écrivains) change si peu que l'on ne peut que redouter de trouver ce livre complètement d'actualité dans 10 ou 20 ans...
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Encore une découverte pour moi au détour de la bibliothèque, la pastille coup de coeur de la bibliothèque a attiré mon attention.

Je découvre cet auteur donc avec ce roman graphique, j'ai aimé le trait de crayon de l'auteur et le sujet de celui-ci. Dès les premières pages on est embarqué avec l'auteur en Corée du Nord dès son arrivée à l'aéroport.

On voit de suite un personnage essentiel apparaitre le guide qui accompagnera Guy Delisle durant tout son séjour. Celui-ci arrive avec un bouquet de fleur ce qui étonne Guy Delisle mais il verra bien rapidement à quoi sert ce bouquet.

On voit également les hôtels pour les étrangers (ceux qui ont de l'électricité), les Coréens "volontaires" pour faire des travaux ingrats (passer la serpe au bord de l'autoroute, etc ...

Les musées de l'amitié (deux des rares visites autorisée une pour le père Kim-Il-Sung un pour le fils Kim-Jong-Il).

Un roman graphique très agréable et dans un pays très difficile d'accès ce qui le rend très intéressant.
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Je ne suis pas lectrice régulière de BD ni de roman graphique, celui-ci ne m'a attirée que par son sujet, le récit du séjour de l'auteur à Pyongyang en 2003, dans le cadre de son travail d'animation (dessins animés), industrie délocalisée où la main-d'oeuvre nord-coréenne exécute le travail non-qualifié des boîtes européennes.
C'est très réussi ! Les dessins de Guy Delisle sont assez minimalistes, mais son message passe par l'angle d'approche, ce qu'il choisit de mettre en vignette, les émotions réduites à une très simple et très éloquente expression, l'humour, tout cela tape dans le mille, du moins selon mes critères !
On découvre avec stupéfaction les aberrations de ce régime totalitaire, le manque de ressources et la distribution erratique de celles-ci telle que l'électricité absente presque partout mais illuminant quelques lieux et monuments à la gloire des dictateurs… Également l'absence totale de liberté d'expression, aucun Nord-Coréen rencontré ne se risquant à la moindre critique ou véritable communication avec les étrangers… Très intéressant, instructif, et malgré le sujet on se surprend à sourire souvent.
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Froideur et tristesse. C'est ainsi que Guy Delisle qualifie son séjour professionnel de deux mois à Pyongyang, « ville fantôme dans un pays ermite ». Mise en scène ou ironie, Delisle compte y relire 1984 de George Orwell : cette « (...) relecture dans le dernier bastion du stalinisme me fait prendre la mesure de toute la finesse de son anticipation. »
Le dessin en noir et blanc sied bien au contenu des cases; l'auteur nous fait sentir le poids de la censure, de la surveillance constante des étrangers sur le territoire, du culte autour de la personnalité de ses dirigeants (Kim Il-Sung, Kim Jong-Il et Kim Jong-un) et de la désinformation entretenue par le régime.
Heureusement, il y a des percées d'humour, cynique peut-être, mais elles sont bienvenues dans ce quotidien désespérant vécu par les citoyens nord-coréens.
Guy Delisle fait de l'excellent travail avec ses BD alliant voyages et travail. À lire prochainement : Shenzhen et Chroniques birmanes
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