Voilà une histoire menée tambour battant. Les notions d 'honneur traversent ce livre noir qui met en scène un jeune graçon qui a cru - un moment - au bonheur simple. Ses rencontres - violentes - le plongent dans un monde cruel.
Forte d'un passage à l'adolescence
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Le récit souffre malheureusement de nombreuses ellipses et de maladresses dans la narration. Régulièrement, l’impression d’avoir loupé un évènement se fait sentir. Côté graphisme, Hector Sonon fait un beau travail dans le choix des couleurs et son trait semi-réaliste réussit à atténuer la dureté du récit.
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Les souvenirs cuisent plus que les coups. J’ai raconté mon père en train de compter les chèvres que la sécheresse lui arrache tous les jours, son inquiétude, sa voix lasse, mais je suis si petit… Je me souviens de mes courses solitaires dans les sekkhas de sel bleu qui ressemblent à des lacs, des dunes molles que je dévale en riant dans une cascade rose, des guerriers qui partagent notre repas au temps où l’eau coule des puits et que les troupeaux sont gras, des odeurs de sueur, de cuir, de thé et d’épices sous la grande tente, j’accompagne mon père la nuit au pâturage, pas un souffle, pas un murmure, l’impression d’avancer dans un monde enchanté au milieu de mirages phosphorescents… Trois choses obéissent au Touareg, me dit père : le feu, les chameaux, les étoiles.
J’ai cambriolé des villas de toubabs, ah, j’ai même fait de la prison à neuf ans ! Ce que Dieu donne aux riches, je le volais pour rétablir la balance ! Mes petites sœurs étaient fières de me visiter en cellule ! Maman me suppliait d’apprendre un bon métier.
Et moi, je disais non, je suis tombé de ton ventre avec le don de voler, qu’il ne faut pas contrarier sous peine d’être damné par Dieu !
Tu t’endors, avec une âme d’ange. Tu te réveilles assassin ! À cause de la graine, enfin, tous ces trucs qu’il venait de me chuchoter comme le diable crache sa lave au creux de ton oreille…
Moi, je voulais m’en aller. Sur-le-champ. Devenir un moucheron en train de filer par le grillage de la fenêtre. Gagner honnêtement l’argent des chameaux et marier Yasmine. Et merde à la mauvaise graine !
Ah, le temps de la colonisation ! La vie était si simple… Il y avait les Blancs d’un côté, et les Noirs de l’autre. Entre eux, la muraille de Chine ! Et tout le monde y trouvait son compte ! Nous, le pognon à la pelle ! Vous ? Les routes, les dispensaires et la chicote ! Mais l’indépendance vous a rendus si arrogants !
Il s’aimait beaucoup aussi. Il adorait caresser ses fines lèvres sévères, ses joues creuses et ridées comme du vieux bois, son front bombé, dégarni. Derrière une trompeuse indifférence, il cultivait la patience proverbiale du crocodile qui feint l’arbre mort au milieu du fleuve pour mieux te croquer.
Jean Claude Derey : les enfants du brouillard
Dans la
forêt landaise à Seignosse,
Olivier BARROT (portant une casquette bleue) présente un des ouvrages d'une collection sur l'histoire des
faits divers "Les enfants du brouillard" ou "l'affaire Mis et Thiennot" de
Jean-Claude Derey. Participation d'un chasseur et son
chien.