La famille Costello (Claire 16 ans, Maxime 12 ans et leurs parents Astrid et Jean-Pierre), de Saint-Brieuc, est en vacances aux Etats-Unis. Les parents sont enthousiastes, les enfants sont... adolescents ! Lors d'un jeu avec sa soeur, Max casse le pare-brise de la voiture de location. Ils tirent au dé celui des deux qui se dénoncera, Claire perd. Elle est donc punie, elle n'ira pas à la prochaine excursion, le canyon de l'Antilope. C'est dommage parce que celle-là, elle voulait vraiment la faire... (et je comprends, l'endroit est magnifique, une photo de ce canyon a longtemps été mon fond d'écran...) Pendant leur balade, un très violent orage se lève, et Max, Astrid et Jean-Pierre sont emportés par une coulée de boue. Dans la jours suivants leur mort, Claire, assaillie d'une insupportable culpabilité, décide de fuir plutôt que d'affronter le regard de sa grand-mère chérie, Jeanne, qui arrive de France. Commence alors un road movie aux intonations de voyage initiatique, pendant lequel Claire choisit de s'en remettre au hasard pour guider sa vie, de vivre dans l'action et non plus dans les livres comme elle aimait à le faire précédemment. Ses préoccupations, par la force des choses, deviennent plus graves et fondamentales. Phoenix, Las Vegas, San Francisco, Tokyo formeront entre autres les décors de ses aventures successives, comme des vies entières auxquelles elle s'abandonne.
Ce roman est un vrai délice ! L'écriture, formellement très classique, est particulièrement léchée, on sent chaque mot pesé, aimé, exclusivement choisi. Une concision extrême qui n'empêche absolument pas une grande fluidité et un sens du rythme remarquable. le tout forme un style époustouflant. Qu'on soit dans un moment d'action ou d'attente, tout est juste, à chaque instant les mots accompagnent le récit au plus près ! Résultat, sur l'intégralité du livre, on suit Claire avec entrain, affection, on a envie de lui tendre la main sans pour autant avoir pitié d'elle, et en tout cas elle existe. C'est un plaisir de la voir grandir, s'affirmer, réfléchir, affronter les épreuves, la comprendre. Jusqu'à...
Oui, « jusqu'à », parce que je n'ai pas beaucoup aimé la dernière partie, à la toute fin de l'épisode à Tokyo, qui ressemble à une rêvasserie d'adolescente moderne, notoriété éclair, rêves de gloire musicale, blablabla. Pour toujours bien écrite et structurée qu'elle est, cette partie du récit ne m'a pas un seul instant semblé crédible, sans que j'arrive à définir pour quelles raisons. D'habitude, ça ne me dérange pas que quelque chose ne soit pas crédible, mais ce rêve moderne de faste et de strass me paraît factice, vulgaire, bas de gamme malgré sa très bonne facture, bref : pas du tout à la hauteur du reste du livre et des autres aventures et mésaventures
De Claire, à mon goût. D'ailleurs le narrateur (on alterne irrégulièrement entre Claire elle-même et un narrateur extérieur selon les chapitres) ne semble pas dupe du tout non plus, car même le côté absolument superficiel est respecté, dans cette partie, on ne sait plus ce que pense Claire, ce qu'elle ressent, on n'a plus accès qu'au flot d'apparence de sa vie, et cette partie-là aussi fait partie du côté initiatique indispensable à sa maturation, bien entendu... Disons qu'il fallait arriver à une extrémité, d'une manière ou d'une autre, et que cette extrémité-là qu'a choisie l'auteur n'est pas ma préférée.
En bref : un livre remarquable que j'ai dévoré avec délectation. Second roman de cet auteur (clic pour aller sur son blog, en oubliant pas de cliquer sur les messages plus anciens en bas de page) que je découvre justement par hasard puisque je l'ai choisi en urgence sur un rayonnage uniquement à cause de son titre, j'espère bien avoir l'occasion d'en croiser d'autres de lui !
(extraits sur mon blog)
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