Merci à Pyjam pour m'avoir si bien vendu ce livre en me le présentant comme les "Dix petits nègres" version K. Dick, et j'ajouterai "version K. Dick sous LSD". Et je vous vois déjà me répondre : "oui, comme à son habitude", et vous n'aurez pas tort je le reconnais.
Bref, nous voici ici dans une sorte de Planet Opera en mode huis clos, car les membres de cette petite colonie sont coincés sur cette étrange planète hostile sans aucune instruction. Puis le premier meurtre, lui aussi étrange, survient.
Philip K. Dick, romancier visionnaire de son époque, utilise ici des idées et des ficelles, qui ont maintes fois été utilisées par la suite, et bien longtemps après. Mais le mystère et la magie opèrent tout de même, car la patte de l'auteur est toujours aussi fantastique, distillant les indices, les éléments passant par les différents points de vue de chacun des colons. Et comme souvent dans ses oeuvres, une place importante à la religion, une sacrée religion inventée de toutes pièces d'ailleurs, lui est octroyée dans l'ensemble du récit. Car Dick se pose constamment la question de l'existence de Dieu, d'une entité supérieure, d'une autorité suprême, et au-delà de tout cela, il s'interroge encore et toujours sur la réalité de notre existence et de notre monde.
Bref, ce livre, c'est du très bon K. Dick. Et j'ai envie d'ajouter que, contrairement à
Ubik et
le Dieu venu du Centaure, qui sont considérés, à juste titre, comme ses principaux chefs d'oeuvre,
Au bout du labyrinthe est réellement à la portée de n'importe quel lecteur, même si non adepte de SF à la base. En effet, il n'y a pas de trips mixant des couches et des sous-couches de mondes réels et imaginaires, et se mélangeant à outrance ici. C'est un récit qui n'a pas à coeur de se perdre dans une confusion abusive. Et c'est peut-être, pour moi en tout cas, ce qui manque un peu : cette petite touche de l'auteur, ce petit plaisir qu'il a parfois de nous tordre l'esprit, de nous faire décoller et nous emmener dans des délires qui lui sont propres au point où à la fin nous ne savons plus si nous sommes revenus dans le réel, ou si ce réel ne l'est pas vraiment....
Je vous conseille donc ce bouquin, avec toujours, une fin qui donne à réflechir...