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EAN : 9781027801542
160 pages
Le Castor Astral (15/03/2018)
3.71/5   7 notes
Résumé :
Oran, 17 juin 1965. Trois ans après l’Indépendance de l’Algérie, Pelé et la mythique Seleçào débarquent pour disputer un match amical contre l’équipe nationale, en présence du président Ahmed Ben Bella.
C’est une ville traumatisée par la guerre mais ivre de liberté, que nous découvrons à travers les yeux du jeune Noureddine.
Le temps d’un match, l’adolescent va passer par tout le spectre des émotions, jusqu’au dénouement final où Noureddine aura perdu ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Après La vie (presque vraie) de l'abbé Lambert (Seuil, 2016), Abdelkader Djemaï publie son dernier roman, le jour où Pelé.

Dans ce roman, l'auteur s'inspire d'un événement majeur de l'histoire algérienne : le 17 juin 1965, le Brésil vient affronter pour un match amical l'équipe algérienne, au Municipal d'Oran. Présidée par Ahmed Ben Bella qui assiste au match, l'Algérie est indépendante depuis trois ans. Encore fissurée par les séquelles de la colonisation, elle regroupe ses lambeaux pour se retrouver, pour suivre la course des pays libres. Ce jour inoubliable, « la nation de foot bénie par les dieux allait affronter la nation qui venait d'entrer dans le concert des pays libres » (p.93).

Noureddine est le personnage principal du roman. C'est un adolescent de 17 ans qui a grandi dans un haouch (maison avec plusieurs chambres et une cour, abritant souvent des familles différentes).

L'adolescent et toute la ville attendent impatiemment de voir le roi Pelé et ses coéquipiers. « Vers midi, l'agitation se fit plus grande encore. Noureddine, le coeur toujours battant, vit alors Pelé qui marchait sur le quai, l'air décontracté et le sourire aux lèvres. le pas souple, il resplendissait dans son costume bleu, sa chemise à la blancheur éclatante, sa belle cravate et sa veste au blason orné de deux étoiles, celles des Coupes du monde déjà remportées » (p.35).

En attendant le match, le narrateur omniscient ralentit sa narration pour relater les souvenirs d'enfance de Noureddine, ses déambulations dans les divers quartiers oranais, et ses émotions tantôt douces tantôt amères. Çà et là, il efface, pour des instants fugitifs, le personnage principal pour livrer des tranches historiques et des descriptions minutieuses d'Oran, une ville qui était à cette époque la Mecque des révolutionnaires et des artistes.

Le match a eu enfin lieu, avec la défaite de l'équipe nationale. Malgré la déception, Noureddine en garde de joyeux souvenirs. Cependant, quelques jours après, un événement politique vient bouleverser le destin de l'adolescent, de Ben Bella, et de toute l'Algérie. Ainsi, en l'espace de quelques jours seulement, Noureddine perd sa naïveté et passe de l'insouciance à l'angoisse, de l'innocence à la prudence. « La joie qu'il avait éprouvée au Municipal cédait peu à peu la place à un mélange d'angoisse et de colère » (p.131). Alors le match est un contexte ou un prétexte ?

Abdelkader Djemaï peint un thème qui fascine tous les écrivains du monde : l'enfance. Et à travers la fausse naïveté de l'adolescent Noureddine, il sculpte quelques tranches de l'histoire algérienne, des images de sa ville natale (Oran), et des fragments de sa propre vie. Tout comme son personnage, Djemaï avait 17 ans en l'an 1965. Serait-il donc caché derrière le petit Noureddine ?

L'auteur met aussi en valeur un lieu prépondérant du patrimoine algérien : le haouch. le roman lui-même commence par cette dédicace : « Aux femmes du haouch ». Il s'attarde dans la description de ce lieu en glorifiant le rôle primordial que les femmes y tenaient ; parler du haouch est pour lui rendre hommage aux braves et uniques femmes dont, peut-être, sa mère ferait partie. « Tout ce monde du haouch Benaouda était le sien. Il savait qu'il le porterait toute sa vie en bandoulière » (p.32).

Ainsi, l'Histoire et Oran sont une source d'inspiration pour Djemaï comme le témoignent ses précédents romans. Il sait, en mêlant réalité et fiction, peindre le destin d'un pays à travers la vie d'un personnage. Pour les passionnés des études comparatistes, le Jour où Pelé rappelle le recueil de nouvelles le Cri de Tarzan (éd. Barzakh) de Malek Alloula qui revient aussi sur l'enfance dans l'ancienne Oran.

En somme, le Jour où Pelén'est pas un commentaire de match, mais un condensé cohérent de diverses émotions douces-amères : la nostalgie, le bonheur, l'angoisse, l'incertitude…

En conclusion, voici les propres révélations de Djemaï sur son roman : « Dans le Jour où Pelé, j'ai voulu, à travers les yeux, la sensibilité, et le regard parfois amusé d'un adolescent de 17 ans raconter une histoire où se mêlent l'enthousiasme, l'innocence, le sport et la politique » (p.3).
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A l'heure où les algériens sont dans la rue et s'interrogent sur leur avenir, un court récit paru en 2018 me parait intéressant et retient l'attention.
Il s'agit de "le jour où Pelé" où l'écrivain Abdelkader Djemaï, par l'intermédiaire de son héros de 17 ans, Nourreddine, se souvient du jour où l'équipe du Seleçào avec le vénéré Pelé, arrive à Oran où doit avoir lieu un match amical contre l'équipe nationale, match auquel doit assister le Président Ahmed Ben Bella. Noureddine a un billet d'entrée et attend ce moment avec émotion.
Nous sommes le 17 juin 1965, l'indépendance de l'Algérie a eu lieu 3 ans avant. le jeune garçon parle de son quartier, de ses habitants, et égrène ses souvenirs, ses sensations. Il se souvient aussi de l'OAS et des attentats d'avant l'indépendance.
Le match a lieu, les brésiliens l'emportent, le jeune garçon est partagé entre son admiration pour Pelé et la Seleçào et sa déception pour la défaite de l'équipe nationale. Défaite suivie par celle de Ben Bella victime du coup d'Etat du colonel Boumediène.
La boucle est bouclée jusqu'à ces jours de mars 2019 où une nouvelle étape se dessine, sans que l'on puisse prédire la fin du match.
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Vidéo de Abdelkader Djemaï
Vendredi 8 mai 2009 Abdelkader Djemaï, romancier franco-algérien, vivant en France depuis 1993 après avoir dû fuir la guerre civile en Algérie, évoque l'exil contraint de l'écrivain, à travers la figure d'Albert Camus et sa propre existence. Il est l'auteur de Camus à Oran (1995) ; dernier roman paru : Un moment d'oubli (Seuil, 2009) dans le cadre du banquet de printemps 2009 intitulé " Exils et frontières"

Abdelkader Djemaï : Né à Oran en1948, Abdelkader Djemaï a été enseignant, journaliste et écrivain en Algérie. Il arrive en France en 1992, devant fuir la guerre civile algérienne, car il est menacé de mort. Son expérience lui inspire ses nombreux romans et récits. Son enfance et la guerre civile en Algérie constituent les thématiques de plusieurs de ses romans ; Eté de cendres (1995), Sable rouge (1996), 31, rue de l'Aigle (1998) qui forment une trilogie autour de la tragédie algérienne, ou encore Camping (2002). de même, le roman-photo : Un taxi vers la mer (2007) sur l'enfance en Algérie. Ensuite le déracinement, l‘exil et l'errance inspirent : Gare du Nord (2003), le Nez sur la vitre (2005) et enfin Un moment d'oubli (paru au Seuil cette année). La littérature française constitue pour lui un point d'appui essentiel. Et notamment la figure d'Albert Camus qui a lui-même vécu à Oran, est déterminante. Il a écrit Camus à Oran.
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