Quand le temps gonfle, s'étire et se replie. Un temps mouvant, malléable, presque palpable. Flou, dans l'abolition des limites d'un passé devenu présent éternel, dans la porosité de la frontière entre la vie d'avant et la vie d'après. La mort.
Quand l'absence de frontières en devient une, celle d'une éternité pour vous hanter.
C'est le temps du crépuscule avant la nuit; à la trouble indécision d'une possibilité de la lumière qui ne cesse d'y croire malgré les zones d'ombre menaçant de tout engloutir.
Le crépuscule sans fin d'une vie sous la menace constante de la nuit éternelle d'une épouvantable limpidité aux frontières définies par l'Autre.
Lui qui s'épanouit dans la possession, qu'il confond avec la prévenance. Lui qui, par sa violence et son emprise, assoit son territoire affectif, physique et moral. Lui qui définit les limites de son corps et de sa pensée à elle. Qui lui appartiennent à lui.
A elle, les barreaux d'une prison intérieure, les lisières de la nuit intime d'une vie d'avant hantée par la violence. Par les zones d'ombres qui grandissent en elle, jusqu'à l'engloutir.
A elle, la prison extérieure, ténèbres éternelles aux frontières infranchissables de la vie d'après. Reliée à l'ancienne par la constante obscurité, par la perte définitive de cette humanité qui lui aura si longtemps été refusée.
Affranchie des limites de son corps, qui lui avaient été si longtemps niées, elle ne sera plus que conscience, flottant dans un univers qui lui appartient désormais.
Libérée des autres. Libérée d'elle - même.
"
Quai Numéro 7" est le récit prenant, glaçant d'une tragédie annoncée par son martyr, victime d'un destin implacable avançant sous les traits de l'emprise et de la manipulation.
Commençant par sa funeste fin, comme pour mieux souligner son inéluctabilité, la narratrice remonte le fil de sa nuit intérieure pour que ne cesse jamais la possibilité de la lumière.
Pour elle. Pour nous.
Une claque!
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