AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782070220083
112 pages
Gallimard (28/06/1961)
3/5   5 notes
Résumé :
Il y a dans ce recueil trois textes différents. Le premier est un traité de suicide. Drieu raconte ici les diverses tentatives de suicide auxquelles, depuis l'âge de sept ans, il s'est livré. Il esquisse une sorte de philosophie du suicide qui, à la lueur de sa mort, prend des résonances singulièrement profondes. Le second fragment est un journal tenu par Drieu, du 11 octobre 1944 au 13 mars 1945. Ce sont des notations au jour le jour sur le suicide, toujours, la si... >Voir plus
Que lire après Récit secret - Journal de 1944-1945 - ExordeVoir plus
Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Pour moi, le fascisme, c’était le socialisme. La seule chance restante du socialisme réformiste, étant exclue la méthode communiste, l’intrusion russe.

Je mettais tout mon espoir dans le socialisme pour l’Europe et pour la France.

Je me suis lourdement trompé, mais je voulais me tromper, je voulais courir ce risque de me tromper, répugnant à me faire communiste.

I. Je croyais que le fascisme, de semi-socialisme deviendrait véritable socialisme, sous la pression de la guerre.

Or, la guerre a fait l’office contraire, elle a interrompu l’évolution sociale en Italie et en Allemagne (peut-être en Russie) et a figé en étatisme militariste et bureaucratique les éléments en développement. Ce qui a fait que l’Allemagne n’a pas eu même l’idée d’étendre sa révolution aux autres pays occupés, ce qui aurait transfiguré cette occupation.

Je croyais donc que le socialisme surgirait intégralement du fascisme, transmuerait ses velléités et assurerait la composition de l’Europe en dehors des Anglo-Saxons trop excentriques, trop coloniaux et des Russes déjà chargés de trop d’empire.

II. Je croyais que le socialisme à l’intérieur de la France assurerait son intégrité nationale dans le cadre de l’évolution inévitable et approuvée par moi. Je voulais que la collaboration fût une résistance, mais une résistance sociale. Je voulais que, sous l’occupation et sous la pression de la guerre et des nécessités de la guerre, le peuple de France affirmât sa vitalité et sa personnalité par une révolution socialiste immédiate. À mon sens, cela lui aurait permis de se dérober aux périls moraux de l’occupation et d’imposer le respect. Je voulais éviter la résistance militaire parce qu’elle me semblait comporter des destructions inutiles et une dangereuse rechute dans les énormes inconvénients d’une alliance avec les Anglo-Saxons où nous serions encore plus dépendants et subordonnés.

Je reconnais que j’ai sous-estimé les moyens d’une autre méthode pour nous tirer d’affaire. Toutefois, je craignais infiniment le piège démocratique qui se reformait sous les pieds de la Résistance — et où je vois celle-ci trébucher comme je l’avais prévu.
Commenter  J’apprécie          20
Ne gardais-je pas toujours en éveil le goût et le besoin de la solitude ? Il n’y a pas eu un jour dans ma vie, si plein et si heureux fût-il de la présence des êtres ou d’un être, et de mon adhésion riche et exubérante au monde immédiat, où je n’aie songé à la solitude, où je ne me sois arrangé pour lui faire la libation de quelques minutes, quand ça n’eût été que dans les cabinets, une cabine téléphonique, une salle de bains, un couloir où je m’attardais un instant plus qu’il ne convient à l’animal social. Eh bien ! la solitude, c’est le chemin du suicide, du moins c’est le chemin de la mort. Certes, dans la solitude on jouit plus que de toute autre manière, du monde et de la vie ; comment mieux goûter une fleur, un arbre, un nuage, les animaux, les hommes même qui passent au loin et les femmes ; mais, quand même, c’est déjà la pente par où l’on se perd au monde.

Et puis j’avais en tout temps la curiosité.

Cette curiosité dont je parle, ce n’est pas seulement la curiosité de la connaissance, c’est une curiosité audacieuse, imprudente, qui se veut active, expérimentale. C’est une curiosité magicienne, théurgique qui rêve d’entreprises, d’infractions. Le suicide est un des moyens défendus, ce n’est pas le seul, c’est le dernier, mais ce n’est peut-être pas le suprême de ceux que l’homme a inventés et a essayés pour creuser de son vivant, autrement qu’avec des idées, autrement qu’en imagination, le mur de sa prison. C’est pourquoi Baudelaire, le méditatif, a mis dans les Litanies à Satan le suicide dans la liste des audaces plus ou moins criminelles — sous le regard social — qui s’offrent à l’homme pour se remuer, s’agiter, protester, esquiver, à côté de la drogue, de la luxure, de l’alcool, du vol et de l’assassinat, de l’alchimie, du lucre, de la science, de la révolte.

Cette curiosité est magnifiquement représentée par Dostoïevsky dans le personnage de Krilov ; bien que dans l’angle étroit du dilemme : chrétien ou suicidé, croyant ou athée, Dostoïevsky, prisonnier de l’horizon chrétien, ne pouvait imaginer en dehors du chrétien qu’un homme qui l’est encore quand il hait paradoxalement le dieu qu’il croit ne pas être, qu’il a provoqué, qu’il poursuit dans son repaire : la mort.
Commenter  J’apprécie          00
28 novembre 1944.

Je relis Pascal. Le jansénisme, comme d’autres formes extrêmes du christianisme qui lui sont parentes (calvinisme, certains mysticismes) me séduit par sa fureur de logique. Tout par Dieu et pour Dieu. La personne humaine est par un côté ruinée. Cela rejoint la mystique d’Averrhoès et de Maître Eckhart ; tout est anéanti devant l’unité divine, en ce sens que la prédestination marque le caractère absolument mystérieux, apparemment arbitraire de la toute-puissance divine. Certes, les jansénistes n’anéantissent pas l’âme devant Dieu, ne la précipitent pas dans Dieu, mais ils la subordonnent dans l’ordre de la morale et même dans l’ordre cosmique de telle manière que les résultats sont les mêmes dans un autre ordre que dans l’ordre où se meuvent ces éperdus de l’unité pour qui les âmes se fondent dans l’âme. Et, au fond, pour les jansénistes, il ne s’agit pas tant du problème du mal comme pour les mystiques que du problème de l’union en Dieu.

La rigueur de la solution janséniste — l’éternelle damnation pour la plupart — correspond à l’idée que laissent entendre de hauts initiés comme Guenon que ce qui est de l’ordre humain, et donc, du déterminé par excellence, ne peut guère se dégager jamais tout à fait de ce mode et que les évasions vers l’indéterminé sont tout à fait rares. Le petit nombre des élus chez les calvinistes, les jansénistes, correspond au petit nombre de boddhisatvas chez les bouddhistes.
Commenter  J’apprécie          00
8 janvier 1945.

Les poètes et les philosophes sont comme des esclaves, à l’égard de leurs maîtres, les vrais initiés. Infirmes, ils ne peuvent qu’imiter et déformer en l’imitant la pensée de leurs maîtres. Par manque de noblesse innée, par mesquinerie d’hommes de main et de métier, ils réduisent à une manière de penser particulière, ce qui est une pensée universelle. Pour vouloir dire et pour se vanter d’avoir dit, ils détruisent l’indicible. En fournissant une discipline à la foule, ils l’éloignent de la vérité.

Il faut de moins en moins écrire et bientôt ne plus écrire du tout. L’écriture est contraire à la méditation. Ta paresse à méditer s’appuie sur ce que tu comptes te délivrer à demi en écrivant.

« La poitrine des nobles est le tombeau des secrets » (Gazzali, Ihya, IV, 22).
Commenter  J’apprécie          00
12 novembre 1944.

Ou croire dans le monde ou croire en Dieu. Mais chacun exclut l’autre. Impossible d’imaginer l’infini créant le fini : toutes les explications qu’on en donne sont dérisoires, même la conception du Vedanta (Shankaya). Le monde rêve de Dieu, c’est encore impossible. Pourquoi le parfait rêverait-il de l’imparfait ? Pourtant, c’est l’explication la moins impossible. Mais l’infini n’a pas besoin du fini pour se concevoir, il n’a pas à se concevoir. Même Guenon ne s’en sort pas ; il glisse sur la difficulté en raffinant en termes serrés sur les systèmes de procession divine. Ces systèmes-là n’arrangent rien bien qu’ils soient plus délicats que le simplisme chrétien.
Commenter  J’apprécie          00

Videos de Pierre Drieu La Rochelle (9) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Pierre Drieu La Rochelle
C'est une histoire française. Elle se passe à Paris pendant l'Occupation, puis dans le maquis du Vercors où les résistants se battent dans la neige, jusqu'au dernier. C'est une histoire qui oppose deux France. Celle des Cossé-Brissac, le côté maternel de l'auteure, dont la grand-mère May, aussi libre de son corps en privé qu'attentive aux conventions en public, reçoit le Tout-Paris de l'Occupation, de Paul Morand à Pierre Drieu La Rochelle, de Josée Laval à Coco Chanel. Une jeune fille grandit là, promise à un mariage de l'entre-soi, bientôt elle sera rebelle. Elle se nomme Marie-Pierre de Cossé-Brissac. L'autre France, c'est celle de la résistance par les idées et par les armes. Un grand médecin juif parisien envoie son fils en province. L'intellectuel rompu aux joutes de l'esprit rejoint le maquis. Il se nomme Simon Nora, rebaptisé « Kim » dans son réseau. À la fin de la guerre, le survivant du Vercors rencontre l'aristocrate en rupture avec sa famille. Les héritiers des deux France s'aiment comme s'ils n'en formaient qu'une. Mais auront-ils le droit à la liberté ?
Ce roman haletant est une fresque guerrière, un amour impossible, une brève libération.
Extrait disponible sur notre site https://www.editions-stock.fr/livres/la-bleue/une-breve-liberation-9782234094024
+ Lire la suite
autres livres classés : romanVoir plus
Les plus populaires : Littérature française Voir plus


Lecteurs (10) Voir plus



Quiz Voir plus

Retrouvez le bon adjectif dans le titre - (2 - littérature francophone )

Françoise Sagan : "Le miroir ***"

brisé
fendu
égaré
perdu

20 questions
3671 lecteurs ont répondu
Thèmes : littérature , littérature française , littérature francophoneCréer un quiz sur ce livre

{* *}