AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782846213165
76 pages
Paris (26/08/2021)
4/5   1 notes
Résumé :
Selon Élie Faure : « Soutine est l'un des rares peintres ‘‘religieux'' qu'ait connu le monde, parce que la matière de Soutine est l'une des plus charnelles que la peinture ait exprimée. » D'après Drieu la Rochelle : « Soutine a reçu le don de peindre en naissant, mais ce don lui a brûlé les yeux et le cerveau comme un fer rouge. Il aime son tourment… et il fait souffrir la toile, les couleurs, le monde de sa souffrance. » Pour Maurice Sachs : « On aurait dit que Sou... >Voir plus
Que lire après Soutine par ses contemporainsVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Il en a bouffé de la vache enragée notre ami Soutine. Déjà pas facile de nouer une relation avec ce personnage revêche, solitaire, se prétendant d'aucune école bien qu'on voit dans son oeuvre l'influence de Munch, Nolde, l'école de Paris dans laquelle il a baigné .. On le classe comme expressionniste, même si ses paysages, ses portraits sont torturés à l'excès .. Je ne suis pas sûr non plus que chez les expressionnistes la viande était leur tasse de thé ?

I "Un jour cependant nous rapporte Paul Guillaume marchand d'art et galeriste, que j'étais allé voir chez un peintre un tableau de Modigliani, je remarquais dans un coin de l'atelier une oeuvre qui sur le champ m'enthousiasma. C'était un Soutine, et cela représentait un pâtissier - un pâtissier inouï, fascinant, réel, truculent, affligé d'une oreille immense et superbe, inattendue et juste ; un chef d'oeuvre, je l'achetai. le docteur Barnes le vit chez moi. et du jour au lendemain Barnes prit le relais et de Soutine on ne souriait plus ! .. C'est étonnant, devait dire plus tard Soutine, tout le monde m'offre de me prêter de l'argent"

II Vu par Drieu la Rochelle, maintenant.
Jusqu'à présent, je me suis interdit de lire Pierre Drieu la Rochelle - à tort ou à raison -, à cause de la collaboration. A lire cette chronique, je ne pense pas que j'en lirai davantage : il m'énerve à chercher le sens de la formule à tout prix, il ne peut pas écrire normalement ? Je ne sais pas s'il a étudié la peinture, il veut donner le sentiment que rien ne lui échappe en tout cas : "Mais peu m'importe par quel bout vous prenez le monde , si vous avez de fortes mains pour le saisir.."
Bon, je vais citer un paragraphe qui tient à peine la route :
"Révolte, amour, résignation se confondent dans ce cri. Il ne se dérobe pas, il fera en plein ce qu'il lui faut faire. Et vraiment il y a un amour immense dans cet homme : tout ce qui se passe par sa rétine est imprégné de ce phosphore. Mais comme il a été mis au monde, il met les choses au monde : dans un sanglant déchirement."

On s'aperçoit que toutes les raclures qui trainaient au début de la guerre comme des mulets dans les eaux visqueuses, à forte odeur de gasoil du port, ont été récupérées par la collaboration.

III Pensant y trouver quelques avantages et se jouer de la Gestapo à laquelle il offre ses services, Maurice Sachs est à son tour arrêté et emprisonné à Hambourg par la gestapo qui le juge encombrant et véreux ! C'est pendant cette incarcération qu'il commet ce texte, entre autres - entre autres sera réuni dans Tableau des moeurs de ce temps - qui s'intitule Karim, qui n'est autre que Soutine.
Spontanément Sachs et Soutine ont un point en commun : devenir respectivement grand écrivain et grand peintre un jour. Peut-être que Sachs rêvait à travers ces lignes d'être Soutine qui prenait tout sur lui de son triste sort -et ce trop-plein il le distillait dans son art -, et jamais d'en faire baver les autres, mais, mais, mais il n'en a nullement été ainsi ! L'homme qu'il voyait chez Soutine, il ne le fut pas !

" Montparnasse est un asile. Entre ses ateliers et ses cafés c'est bien le diable si on ne trouve pas un ami riche de vingt francs qui vous en passe dix, une poêlée de frites, un lit hasardeux, une maîtresse peut-être, une bouteille de vin blanc sûrement. Et puis le Louvre n'est pas loin où on peut s'emplir les yeux de peinture. C'est là que sont le vrai luxe, le grand buffet aux mets immortels, l'amour et la vérité. Il y a les jambons de Manet, les gigots de Goya, les langoustes de Delacroix, les plumets, les brocards et les escarboucles de Rembrandt, les grands bois ombrageux de Courbet où il fait bon se promener, les rives ensoleilles de Corot, les palais mystérieux de Poussin, les grands navires de Lorrain, et les femmes, des femmes, tant de femmes, admirables, nues et serrées au bain, fondantes, moelleuses, imprégnées de lumière, tristes, farouches, offertes ou réticentes, toutes les femmes de l'univers, Karim regardait tout ça et se sentait heureux. Et puis, il retournait à sa pauvreté ..."

"..tristes, farouches, offertes ou réticentes..!"

Ce texte est magnifique !

Est-ce que ce texte rachète toutes les saloperies de Sachs, non bien sûr ! On doit rester plus sensible à l'homme qui se comporte bien, malgré l'épreuve. Comme Soutine ! Je ne peux citer ces saillies poétiques et littéraires sans y adjoindre une vie amorale ..La vie c'est aussi ce qu'on en fait !..
Je ne peux m'empêcher ce citer un autre extrait de Sachs à propos de Soutine : "Soutine à ses commencements avait deux choses contre lui : être slave, être juif". Ce témoignage montre bien aussi le sort qu'on réservait aux slaves en France dans ce Paris des années 20, entretenu par ce rejet par l'idéologie des russes blancs...
Et cet extrait : "les israélites qui aiment tant la peinture n'ont jamais été capables d'en faire.." Ca me fait penser aux bretons qui ont accueilli les plus grands peintres, à Pont Aven .. dont on ne voit aucun nom associé !
Commenter  J’apprécie          105

Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Elie Faure est médecin, mais surtout passionné de peinture.
Frédéric Chaleil en quelques mots nous dit ce qu'il fut et nous éclaire sur sa relation avec Soutine :
"Elie Faure (1873-1937) rencontra pour la première fois l'artiste au début de 1927, il le considéra d'emblée comme un génie "ivre de peinture", et "le premier, de très loin, des peintres vivants".
Elie Faure accueillit Soutine chez lui, à Paris, puis à Bordeaux, et durant l'été 1928 et 1929, en Dordogne dans sa maison familiale de Prats, l'emmenant ensuite en voyage en Espagne. Il lui acheta plusieurs toiles, dont un Boeuf écorché et une Volaille suspendue. L'amitié qui liait les deux hommes était assez forte pour qu'Elie Faure lui avoue même :" Vous étiez, Vous êtes encore, hors mes deux fils, le seul homme que j'aime".
En janvier 1930, Elie Faure apporta d'ailleurs un soutien financier au peintre en lui fournissant l'argent pour la location d'un logement-atelier passage Denfert, dans le quartier Montparnasse à Paris ; endroit où vécut Soutine de 1930, à 1936.
Une brouille sépara pourtant les deux hommes au printemps. Soutine était tombé amoureux de Marie-Zéline, la fille d'Elis Faure, mais celle-ci engagée auprès d'un autre le repoussa. D'un caractère ombrageux, le tourmenté Soutine écrivit alors une lettre de rupture nette à Elie Faure.

Quand Elie Faure mourut un an plus tard, Soutine en fut très affecté et garda cette tristesse au fond de lui toute sa vie.
Commenter  J’apprécie          41

Video de Élie Faure (1) Voir plusAjouter une vidéo

Suzanne Flon lit Elie FAURE
Suzanne FLON lit une page de Elie Faure.
autres livres classés : biographieVoir plus
Les plus populaires : Non-fiction Voir plus


Lecteurs (4) Voir plus



Quiz Voir plus

Les écrivains et le suicide

En 1941, cette immense écrivaine, pensant devenir folle, va se jeter dans une rivière les poches pleine de pierres. Avant de mourir, elle écrit à son mari une lettre où elle dit prendre la meilleure décision qui soit.

Virginia Woolf
Marguerite Duras
Sylvia Plath
Victoria Ocampo

8 questions
1734 lecteurs ont répondu
Thèmes : suicide , biographie , littératureCréer un quiz sur ce livre

{* *}