Cet essai retrace l'histoire, non pas de la démocratie, mais du mot "démocratie". Parce que les systèmes électoraux auxquels nous sommes habitués étaient d'abord vus comme des Républiques.
On suit donc comment nos systèmes actuels ont été activement construits pour ne pas devenir des démocraties, comme le réclamaient socialistes et anarchistes.
Alors, comment s'est opérée la métonymie par laquelle on en est venu à dire que nous sommes en démocratie?
C'est vers la fin du 19e, quand le mot a été récupéré par des populistes. Aux USA, la République était vue alors comme élitiste et dirigée depuis sa création par la même petite clique qui ne gouvernait que pour son propre intérêt. Des démagogues se sont donc présentés comme démocrates, prétendant représenter les intérêts des agriculteurs (par exemple). Tout cela ne venait pas avec une volonté de réviser les mécanismes de pouvoir et de représentation. Au contraire, l'idée était plutôt d'accélérer l'extermination et la délocalisation des autochtones (amérindiens, pour les lecteurs français), afin de distribuer des terres à ses électeurs.
Pour le Canada, le glissement de sens est tout autrement surprenant. le passage de la monarchie constitutionnelle à la démocratie n'est vraiment qu'une question de mot. Aucun changement politique n'a accompagné la "démocratisation".
Pour la France... (Alors, j'ai lu ce livre il y a déjà quelques années et j'ai un peu oublié ces chapitres qui étaient toutefois très intéressants. Je vous invite à le lire pour combler ce trou de ma critique 🙃 )
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Un livre indispensable pour comprendre que les "pères fondateurs" des "démocraties modernes" associaient cette idée au chaos, à la violence er la tyrannie des pauvres et que le régime électoral n'est pas synonyme de réelle démocratie !
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« Démocratie » et ses dérivés sont rarement utilisés avant le XIXe siècle. Jusqu’alors, il s’agit plutôt de termes savants qui font référence à l’Antiquité gréco- romaine.
Pourtant, au Moyen Âge et pendant la Renaissance européenne, des milliers de villages disposaient d’une assemblée d’habitants où se prenaient en commun les décisions au sujet de la collectivité. Les « communautés d’habitants», qui disposaient même d’un statut juridique, ont fonctionné sur le mode de l’autogestion pendant des siècles.
(...)
Les communautés d’habitants et les guildes de métiers perdent peu à peu de leur autonomie politique non pas en raison d’un dysfonctionnement de leurs pratiques démocratiques, qui se poursuivent d’ailleurs dans certains cas jusqu’au XVIIIe siècle, mais plutôt en raison de la montée en puissance de l’État, de plus en plus autoritaire et centralisateur. Vers les XVIe et XVIIe siècles, les royaumes monarchiques se transforment peu à peu en États, soit un nouveau système politique qui développe plusieurs stratégies pour
accroître son pouvoir d’imposition, de taxation et de conscription, alors que la guerre coûte de plus en plus cher, en raison des développements technologiques de la marine et de l’armement (arquebuses, canons). En effet, ces États modifient petit à petit les lois et règlements qui encadrent les villes et villages, pour maximiser leur capacité d’appropriation des revenus et des hommes.
Le peuple sait qu’il a la capacité de se doter d’agoras pour s’assembler et discuter collectivement des affaires communes, malgré ces élites politiques, économiques, médiatiques et universitaires qui répètent encore et toujours que la démocratie directe est aujourd’hui impensable et impossible.
Cette étude comparative confirme l’extrême malléabilité du sens politique des mots et démontre que les élites politiques ont toutes cherché à détourner à leur avantage le sens de "démocratie" pour consolider leur légitimité aux yeux du peuple et accroitre leur capacité de mobilisation et donc leur pouvoir. Cette conclusion devrait nourrir une remise en question de l'idée rassurante que nous vivons aujourd'hui en démocratie.
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