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EAN : 9782140305641
236 pages
Editions L'Harmattan (04/01/2023)
5/5   1 notes
Résumé :
Trente ans et plus après l'effondrement du système soviétique, ma Roumanie communiste ne m'a pas quittée. Lointaine sans doute mais très présente encore. C'est en 1967 que, jeune historienne à l'Institut National des Langues et Civilisations orientales, je découvre, lors d'un voyage d'étudiants français, un monde qui me bouscule, des petits morceaux d'un pays dont j'étudie l'histoire et la langue… Une étrange ambiance opaque, tant de non-dits, de silences, de menson... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Probablement en clin d'oeil à Ma Roumanie de Virgil Tanase, l'historienne nomme son livre de témoignage Ma Roumanie communiste, à bon escient. En effet, très subtilement, mais aussi tout naturellement, elle, qui n'avait pas spécialement vocation à s'intéresser à la Roumanie, ne voit pour ce pays qu'un destin « communiste ».

Attention, je ne suis pas en train de dire qu'elle est une « nostalgique » de ce régime, qu'elle dénonce avec beaucoup d'efficacité, mais au contraire, qu'elle ressent au final, « un appel qui s'est figé sans réponse » (ce sont les derniers mots du livre).

Quel destin pour la Roumanie post-communiste ? Elle dit, à demi-mots, que l'après 1989 n'est que « […] dans ce petit monde de la manie des complots, les traîtrises fleurissent » et surtout, elle le dit directement « […] le présent post communiste est confus ».

Je suis parfaitement d'accord avec elle et j'ai lu son livre presque d'une traite. Il faut dire que sa plume est concise et agréable et qu'elle sait magistralement combiner récit historique avec implication personnelle, voire touches de lyrisme.

Une petite mention pour son évocation, rapide certes, et non nominative, mais si louable de l'ambassadeur des Pays-Bas à Bucarest en 1989 (Coen Stork) ou pour le portrait très « juste » de Paul Goma.

Il y aurait beaucoup à dire sur cette lecture, mais j'ai préféré poster de nombreuses citations et faire court.

Catherine Durandin n'a peut-être pas connu une carrière à la hauteur de ses capacités, mais elle fait honneur à son métier d'historienne et, si par le plus grand des hasards elle me lit, je la remercie tout simplement de n'avoir pas « renoncé » à la Roumanie. Malgré les doutes dévoilés au grand jour, ce livre demeure une très belle et émouvante déclaration d'amour à son sujet.

« J'oscille entre l'envie de tourner la page, je suis une étrangère, un outsider, l'envie de revenir au temps d'avant lorsque la Roumanie n'existait pas pour moi. Et puis je me fais piéger. D'où cette impossibilité de conclure ».


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Citations et extraits (66) Voir plus Ajouter une citation
J’ai rencontré la Roumanie de Ceaușescu en juillet 1967 et elle ne me lâche pas. J’ai traversé les « belles sixties » à Bucarest, comme étudiante, observé les glissements vers la fermeture programmée du pays dans les années 1970, je me suis lancée dans la croisade des droits de l’homme dès 1977 et ai cru à cette cause jusqu’à la chute du régime en décembre 1989, les tourments, les incertitudes et les luttes des années 1990, je les ai traqués comme analyste pour le ministère de la Défense, j’ai été médusée par la conversion des Roumains emportés par la course à l’intégration dans l’OTAN et dans l’Union européenne, attristée, déçue par le cheminement sans idéal des années 2000 et, comme mes amis de Roumanie, je suis entrée à reculons, mais suis entrée tout de même dans le temps de la dé-croyance, sachant aujourd’hui que le bonheur ne passe plus par le Politique. Constatant qu’en Roumanie comme ailleurs, la démocratie est sur la défensive. Quant à l’idéal des ruptures et à l’espérance des refondations révolutionnaires, il s’est effiloché puis effondré avec le bloc soviétique en 1991 et il semble handicapé.

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[...] plus de maquis de résistants anti communistes, peu de détenus pour cause politique depuis 1963/1964, les morts en prison ou en camp sont apparemment oubliés, les autres ont quitté les lieux de détention, se taisent, leurs familles font profil bas, rien ne transparaît si ce n’est dans des chuchotements discrets qui ne font pas une opposition, les campagnes ont été mises au pas, largement collectivisées depuis 1949, l’industrialisation hâtive à coup de combinats et l’urbanisation progressent, l’occident se satisfait de la Roumanie : de Gaulle sera là en mai 1968, Richard Nixon en août 1969 : le président des États-Unis a esquissé un pas de ronde traditionnelle, la hora, près de l’Arc de Triomphe.
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Et le soir même du jour où sont donnés les résultats de l’agrégation, je me retrouve rassurée : j’ai l’agrégation et un patron de thèse que mon projet de Roumanie intéresse. Impératif, le besoin de la Roumanie. Fuir la France, rompre, oui. Au-delà, plonger en ce mystère du temps écrasant de ce communisme qui prétend construire l’avenir et me semble fonctionner sur ce mode plaintif, répétitif du chant des tourterelles que vient doubler régulièrement la parole monocorde et monotone de la propagande à la radio ou à la télévision.
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[...] conflit entre Hongrois et Roumains : jamais Budapest n’a accepté les frontières qui lui furent imposées par le traité de Trianon en 1920, l’amputant de la Transylvanie considérée par les Hongrois comme le berceau de leur nation. Le problème est que les Roumains estiment être les premiers arrivants en ce territoire qu’ils s’attribuent eux aussi comme berceau des origines. Les tensions entre les deux communautés n’ont pas cessé de se manifester même durant les années de fraternité communiste contrairement aux déclarations officielles [...]

DURANDIN, CATHERINE. Ma Roumanie communiste (Inter-National) (French Edition) (pp. 44-45). Editions L'Harmattan. Édition du Kindle.
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De ces premières années 1970, me revient, inoubliée une expérience spécifique, à chaque séjour répétée, celle du passage du temps à Bucarest. Avec la fiction, avec mon premier roman, Une mort roumaine, j’ai tenté de dire cette lenteur glissante du temps des étés roumains. Lenteur associée à une sorte de vide, une capitale qui semble peu peuplée, quasiment désertée dans certaines petites rues tranquilles du centre, si ce n’est aux heures de pointe, tôt le matin quand s’ébranlent les autobus des travailleurs, et puis vers 3 h-4 h en fin de journée continue. Deux moments de rush, un étalement des heures creuses entre deux. Peu de flâneurs, il n’y a pas de vitrine à/pour baguenauder, pas de mendiant, pas de chien errant, peu très peu de chiens en laisse, les magasins ne proposent pas de nourriture spéciale pour animaux, peu d’enfants. Une ville propre, entretenue par des brigades de femmes sans âge, un foulard sur les cheveux qui, courbées vers le sol, balaient soigneusement. La Bibliothèque de l’Académie sent le DTT, je ne sais de quelle contagion la ville se protège mais cette odeur entêtante est une odeur médicalisée.
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Video de Catherine Durandin (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Catherine Durandin
les matins - Roumanie, Grèce et autres : jusqu'où la rigueur est-elle socialement et politiquement... .Catherine Durandin, historienne, enseignante à l'INALCO et à l'IRIS, spécialiste de la Roumanie et des Balkans, auteur notamment de La Roumanie post 1989 (L'Harmattan, 2008) et Europe, l'utopie et le chaos (Armand Colin, 2005)- En duplex de Toulouse : Jean-Paul Malrieu, directeur de recherche émérite au CNRS, physicien, auteur de La Science gouvernée, essai sur le triangle sciences/techniques/pouvoir (Ombres blanches, 2011)- Au téléphone de Bucarest: Cristian Pirvulescu, politologue, doyen de la faculté de science politique de l'Ecole nationale d'études politiques et d'administration (SNSPA), président de l'association Pro Democratia,
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