Les éditions TEMPORIS m'ont envoyé cette petite chronique de 165 pages sur le premier confinement en France dû à cette nouvelle pandémie.
L'auteure s'est astreinte à écrire une page par jour depuis le 4 avril jusqu'au 1er juillet 2020. le premier confinement avait été annoncé par le premier ministre
Edouard Philippe le 27 mars et devait durer initialement jusqu'au 15 avril puis comme chacun sait, il a été repoussé. Il y a eu une commission d'enquête Covid-19 qui a rendu son rapport et j'avais écouté le Président du Conseil Général des Hauts de France, Monsieur
Xavier Bertrand qui s'exprimait fort bien sur LCI. Il disait que c'est dans la fonction régalienne de protéger ceux qui nous protègent et qui nous soignent. La santé, la sécurité sanitaire, cela relève du régalien ou pas ? A mon avis, oui. le masque, c'est une vision altruiste, c'est surtout pour protéger les autres. Il parlait également de l'attitude qu'il faut avoir avec les concitoyens : surtout pas les infantiliser. A l'époque, pour lui, le vaccin, c'était la seule solution. Et quand on voit maintenant tout le débat qui se fait autour. C'est désespérant.
Je ne connaissais pas cette auteure dont apparemment, c'est le premier livre. Je trouve sa prose légère et accessible à tous, même si elle émaille son texte de mots rares (hybris – ananké – sedia - thériaque - quiddité) et de citations latines (In media stat virtus – la schola cantorum – nulla dies sine linea – horresco referens – usura vorax ), il n'y en a pas tant que cela et c'est facilement compréhensible pour qui a fait un peu de latin et de grec – désolée pour les générations futures qui vont en être privées…En regardant son parcours, je comprends ses allusions car elle a étudié la littérature à la Sorbonne et ,
Laurence Sterne, Swift, Machiavel,
Pline l'Ancien,
Paul Valéry,
Mme de Sévigné, Socrate,
La Fontaine, Pascal,
Montesquieu,
La Bruyère et bien sûr
Montaigne, ce sont tous des écrivains qui n'ont pas de secrets pour elle. D'où ses quelques citations qui enjolivent un texte, somme toute banal.
Ses petits billets journaliers d'une page m'ont tout de suite fait penser aux propos d'
Alain. Je cite le début de la préface d'
André Maurois aux Propos : « le propos, genre littéraire, fut inventé par
Alain. Poème en prose de deux pages, écrit quotidiennement, « génie ou pas génie », eût dit
Stendhal. Sans l'obstination à écrire à jour fixe, ces sommaires poèmes n'auraient jamais été écrits. » Chaque auteur, comme chaque coureur a sa longueur. Tel champion des cent mètres s'essoufflerait sur une distance plus longue.
Alain déployait avec aise sa foulée dans le propos. Il s'imposait de remplir exactement ses deux pages, certain que cette contrainte le soutiendrait, comme la strophe porte le poète. »
J'ai rapidement lu cet ouvrage qui est aussi un concentré de tout ce qui a choqué ou ému les Parisiens avant, pendant ou après ce premier confinement. Je ne sais si le fait de ne pas renoncer à ce beau projet, a évité de priver les belles-lettres d'un apport inédit mais en tout cas, je me suis bien divertie à sa lecture.
Elle vilipende aussi, comme beaucoup, l'invasion d'Internet disant en particulier que l'orthographe est abandonnée au profit d'un langage mais sans ce flux, comment pourrions-nous communiquer entre Babeliotes avertis !
Je remercie Masse Critique de m'avoir sélectionnée pour recevoir ce petit opuscule qui sans cela me serait sûrement resté inconnu. Et il y a une suite… Avis aux afficionados.