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EAN : 9782490418008
184 pages
Gephyre éditions (27/03/2018)
3.89/5   9 notes
Résumé :
Les dieux ont disparu, entraînant le décès des humains qui leur étaient le plus liés, la guerre civile et l’apparition d’une nouvelle mort.
Dans cette société en reconstruction sous la férule d’un gouvernement totalitaire, Albert, fonctionnaire, établit des rapports sur les lieux à restructurer. Parfois, il se souvient des dieux, mais hésite à en parler, même à sa maîtresse, sous peine d’être soupçonné de sédition.
Jusqu’au jour où il rencontre Eva qui... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Je ne lis pas souvent ce genre de fiction, et cette fois j'en eu envie.
Un petit moment d'adaptation, quelques pages, pour libérer mon esprit des codes romanesques que je connais bien, pour me dire que je ne suis pas dans une réalité maitrisée, pour accepter de me laisser portée par la plume, ou plutôt les plumes, douce(s) et légère(s) de Maëlig Duval.

La légende des plumes mortes est un très beau livre, c'est agréable de tenir entre ses mains un objet élégant et sobre, cela apporte à l'histoire encore un peu plus de délicatesse. Les petites plumes qui servent à ponctuer les paragraphes, la typographie choisie par les éditions Gephyre, jusqu'au marque-pages, tout est enchanteur!

Le récit n'est cependant pas si tendre et doux qu'il en a l'air.
Il s'agit même d'un conte assez rude, qui aborde des thèmes complexes comme la mort, la vieillesse, l'amour, la religion, la philosophie, les mythes...
La religion, ou plutôt la ou les différentes croyances sont au centre de cette histoire.

Maëlig Duval nous parle d'un temps (passé ou à venir?) où les hommes ont perdu leurs dieux. Ils sont donc obligés de vivre sans espoir, sans pouvoir se confier (car c'était la clé de cette religion, se confier aux dieux, et de ce fait, grandir en confiance..) vivre sous la dictature des Trois qui sont les dirigeants voulant faire oublier à la population les temps anciens et heureux.

Albert est fonctionnaire, et son boulot est de répertorier les endroits détruits par la guerre civile qui a suivi la disparition des dieux. Un jour, il découvre une femme et son fils qui ont survécu dans les décombres d'un village.
A partir de ce moment, sa vie va se remettre en marche, et sa quête va commencer...

Avant la Disparition, quand ils mourraient, les êtres humains laissaient échapper une plume qui s'envolait, était rattrapée par les dieux, alors que leur corps se consumait.
Quelle jolie allégorie, je ne sais si cette plume pesait 13 grammes (le poids de l'âme à ce qu'on dit) ,mais chacune était différente, plus ou moins douce, plus ou moins colorée, plus ou moins touffue, selon la nature de la personne expirant.

C'est un livre qui, à l'instar des contes philosophiques, peut remettre en question la place de l'homme, la nécessité d'une religion, ou tout au moins d'une croyance, selon le niveau de lecture que l'on adopte.
En tous les cas, j'ai passé un merveilleux moment avec ce magnifique roman, je remercie Babelio de me l'avoir offert, ainsi que les très belles éditions Gephyre, mais surtout, et avant tout, Maëlig Duval pour l'avoir écrit.
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Dans un monde qui se relève à peine d'une guerre civile qui a divisé et affaibli la population, nous rencontrons Albert, petit bureaucrate d'un gouvernement passé de libérateur à oppressif. Lorsque les Dieux ont disparu, les humains se sont retrouvés perdus et Albert en est le parfait exemple. A la fin de la guerre, il a rejoint la nouvelle administration et depuis se noie dans le travail pour oublier que sa vie n'a plus de sens. A la disparition des Dieux, les humains sont devenus stériles, ont perdu leurs guides mais surtout leur raison de vivre. Alors cette nouvelle époque essaye de compenser ces pertes et de forcer les populations à aller de l'avant. Albert est en charge de l'évaluation des travaux nécessaires pour raser une ville abandonnée depuis la guerre afin d'y construire un centre de maternage présenté comme l'avenir de l'humanité. Mais à son arrivée à Vérance, Albert se rend compte que le village n'est pas complètement abandonné et c'est à partir de là que son monde va de nouveau basculer.

Maëlig Duval nous propose avec La légende des plumes mortes, un récit à la frontière entre la Science-Fiction et la Fantasy. Les premières pages m'ont fait pensé à une dystopie mais nous ne sommes pas sur Terre. de la fantasy alors ? Oui peut être ou alors de la SF... en tout cas nous découvrons une humanité qui vivait en symbiose avec ses "Dieux" et qui de manière brutale se retrouve seule et désoeuvrée. La plume de l'autrice est très douce et nous fait découvrir avec une certaine pudeur cette humanité amputée d'une part d'elle même et qui essaye malgré tout d'aller de l'avant. le personnage d'Albert tout en sensibilité et vulnérabilité, est très intéressant à suivre. Tout comme celui d'Irène qui de révolutionnaire convaincue est devenue une femme de fonctionnaire qui postule au centre de maternage. L'ironie d'une vie devenue vide.
J'apprécie de plus en plus le format court. Un auteur qui arrive à nous faire investir son univers efficacement en 200 pages environ, je trouve cela rafraichissant et idéal pour faire fonctionner mon imagination différemment d'un univers dense décliner sur plusieurs tomes de plus de 400 pages. Pour la légende des plumes mortes, Maëlig Duval a très bien réussi son immersion et avec un récit qui joue sur les ressemblances avec notre monde tout en distillant des différences plus ou moins profondes, on arrive à une lecture dépaysante et captivante. Pour moi le récit n'a qu'une seule faiblesse : la fin. Je m'attendais à un final avec plus de "Sense of Wonder" notamment sur cette relation homme / dieu et j'ai été surprise par une fin un peu trop brutale pour moi. Ce qui n'a cependant pas gâcher l'histoire dans son ensemble qui m'a fait passer un très bon moment de lecture. J'avoue que le coté complètement anti-héros d'Albert y est pour beaucoup.

Au final, un récit immersif entre Fantasy et SF qui m'a beaucoup plus. Une belle rencontre aussi avec la plume de Maëlig Duval que j'ai trouvé attirante et tout en finesse. La légende des plumes mortes est un récit court plein de charme qui sait plaire au lecteur par son coté étrange dans ses ressemblances avec un récit dystopique et par ces questionnement sur une humanité en quête de sens à son existence.

Je rajouterai que l'objet livre est très beau. Même si je suis une lectrice très attachée aux illustrations de couvertures, j'ai apprécié le travail d'édition réalisé ici avec un livre dont la couverture est en papier épais en relief et tout en simplicité.
Lien : http://chutmamanlit.blogspot..
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Albert est fonctionnaire pour le Bureau. Son rôle : analyser les décombres de la guerre, remplir les dossiers afférents et enclencher la reconstruction. Mais lorsqu'il arrive à Vérance, Albert découvre l'impensable : un temple dédié aux dieux disparus. Depuis la Disparition, le sujet est tabou, la mélancolie palpable et surtout, la mort plus présente. A Vérance, il y a aussi George et Eva, une mère et son fils unis, vivant sans crainte des anciennes légendes...

"La légende des plumes mortes" parle d'abandon, de croyance, de spiritualité et surtout de ce lien qui unit et désunis les humains entre eux. A travers ces pages, tantôt poétiques et nostalgiques, tantôt cruelles et remplies de légendes, Maëlig Duval nous propose une épopée épique, une quête initiatique à la recherche de soi-même. Comment vivre sans les Dieux ? Ces mêmes Dieux qui accueillaient la parole des hommes et des femmes et les poussaient à l'honnêteté ? Que faire des plumes qu'expirent les morts si elles ne rejoignent plus les Dieux là-haut ? Car oui, à travers ce livre, c'est aussi la thématique de la mort et du deuil qui sont justement abordées, ainsi que le façonnage des légendes.

Si l'on doit revenir sur le style, nous pourrions en retenir une chose : léger comme une plume. En adéquation, donc, avec le reste de l'ouvrage. Des passages poétiques et délicats, des éclats de légendes qui viennent ponctuer le récit. Les incursions d'Irène, amante d'Albert dont la voix résonne principalement via le journal qu'elle écrit, sont d'autant plus intéressantes qu'elles remettent en perspective l'univers, donnent des informations sur le fonctionnement du monde et de la société. Rapidement, le lecteur se rend compte que si Vérance et les autres villes sont inventées et constituent un monde à par entière, on peut se raccrocher au nôtre. Entre plaine et montagne, épopée à bicyclette, il est aisée de comprendre les codes de ce livre que l'on pourrait qualifier de "light fantasy".

Entre questionnement sur la place de l'humain et l'importance de la religion (et de rêver tout simplement), la plume (pleine d'encre) de Maëlig Duval nous emporte véritablement dans un autre monde. Mélancolique et pourtant porteur d'espoir, ce livre est une lecture nécessaire par les temps qui court.

A noter que La légende des plumes mortes est une version augmentée et retravaillée de L'Après-dieu parus chez feu Griffes d'encre en leur temps. Cependant, on gagne en profondeur avec cette version.
Lien : https://labyrinthnerd.wordpr..
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La dystopie est un genre très encombré. de glorieux aîné(e)s ont défriché le terrain. Pas sûr que ce nouvel opus apporte quelque chose de neuf. Un système totalitaire règne sur une planète débarrassée des dieux. Ce serait un bienfait, sans nul doute, une libération des esprits mais ici la dérive touche au comportement induit, imposé par le pouvoir en place, une rationalisation des comportements qui confine à l'absurde, fonctionnaires zèlés ou...en proie au doute. le grain de sable qui grippe la machine dictatoriale est un élément classique de la dystopie, remise en cause en creux d'une folle machine. Margaret Atwood est passée par là, les apprentis sorciers de la génétique ont engendré des monstres, inoffensifs, victimes vivant à la marge, aux pouvoirs mystérieux, omniscience déifiée, rebellion larvée prête à éclore.
L'enfant sera-t-il le sauveur de ce nouveau monde imaginaire ?
Allez voir si le coeur vous en dit.
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La vie d'un lecteur est jalonnée de coups de coeur. Cependant, si certains ouvrages sont réjouissants durant leur lecture, leur souvenir s'affadit parfois avec le temps et l'on n'a pas toujours envie de les redécouvrir plus tard. Ce sont les livres qui étaient là au bon moment, mais cet instant était fugace et ne reviendra plus, même si le lecteur, qui en a bien conscience, leur conservera sa tendresse.
D'autres lectures, elles, sont en revanche intemporelles. Ce sont celles qui restent, qui s'incrustent dans l'imaginaire au point qu'elles semblent en avoir toujours fait partie. Elles vous changent et vous construisent. On peut les lire vingt fois, elles feront toujours écho. Pour moi, La Légende des plumes mortes est de celles-ci.
J'ai découvert cette histoire dans sa précédente édition, L'Après-dieux chez Griffe d'encre et j'ai su tout de suite qu'elle avait quelque chose de particulier. Alors quand Gephyre a publié une version enrichie, j'ai tout de suite eu envie de la lire.
Toutes ces années, l'émotion de ma première lecture a perduré, la grand désarroi qui l'avait accompagnée aussi. Il m'est revenu comme un boomerang. Car ce n'est pas une lecture facile. Elle est empreinte d'espoir comme de désespoir, d'amour autant que de tristesse et de nostalgie, de quelque chose de perdu qui ne reviendra jamais. Mais on en sort grandi, je crois. Elle m'a bouleversée à l'époque, elle me touche encore aujourd'hui.

La suite sur mon blog...
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
La brioche, murmura-t-elle, c’est doux, c’est chaud et ça se mange. Ça fond sur la langue, ça réconforte. L’odeur de la brioche, c’est tout cela avec l’espoir en plus. L’odeur de la brioche, ça te réchauffe le ventre d’avance, ça emplit ton cœur d’amour et ça t’emmitoufle dans un gigantesque coussin moelleux. L’odeur de la brioche, c’est le soleil quand il fait beau, le feu quand il fait froid, le potage quand tu es affamé, mes bras quand tu as peur. Et les petits cristaux de sucre grillé que tu vois sur le dessus, c’est la fraîcheur d’un éclat de rire, l’eau claire qui ruisselle sur ta peau, le criquet qui chante sous le brin d’herbe. Tout cela ensemble, c’est l’odeur de la brioche au sucre, et comme elle sort à peine du four, elle enroule autour de toi son fumet généreux et tu as l’impression de me serrer dans tes bras.
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Le jeune fonctionnaire s’enfonça dans le village par ce qu’il supposa en être l’ancienne grand-rue, mêlant au chant des oiseaux et au zonzon des insectes le crissement de ses pas. De hautes herbes enserraient une fontaine couverte de lierre et de mousses ; les myosotis adoucissaient cratères et murets noircis. Par endroits, des fondations ocre surgissaient, tels des trésors archéologiques.
Sur une place où trois vieux chênes blessés par les bombes survivaient en lançant leurs branches selon des angles incongrus, Albert crut entendre un chuchotis ; la rumeur du vent dans les feuillages, sans doute. Il inspira l’air doux et continua sa marche parmi les décombres. Plusieurs jeunes arbres poussaient à l’intérieur des bâtiments démolis ; leurs fines branches ornées de feuilles naissantes effleuraient les reliquats de murs comme une invitation à danser. Des hirondelles allaient et venaient par les fenêtres béantes, construisant leurs nids au creux des édifices rescapés.
Autonomes, les plantes et les animaux prospéraient sans médication.
Leurs corps n’avaient pas été créés par les dieux. Ils avaient toujours pu se reproduire sans l’aide divine ; au contraire des humains, ils n’avaient nul besoin de pallier l’absence des dieux par quelque stratagème.
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Je ne suis plus blaisien, Albert, j’ai cessé de croire que les dieux sont de simples animaux, et rien de ce que je viens d’affirmer ne le laisse entendre. Je crois les dieux divins et bienveillants ; je crois que les monstres, rejetés par les humains, mais non par les dieux, ne sont porteurs d’aucune faute, d’aucun stigmate moral. Là où certains voient une conséquence malheureuse, une punition ou encore une sélection des meilleurs êtres humains, j’y vois, moi, la créativité divine telle qu’elle s’exprimait aux premiers jours, quand les humains ne glissaient pas dans les plumes des dieux leur vision du monde.
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Ici, les journées sont terribles. Chaque jour, des compagnons meurent et chaque jour je crois que ça va être mon tour. Le sol est couvert de sang, de vêtements et de plumes. On ramasse celles des meilleurs d'entre nous, quand c'est possible, au cas où les dieux reviendraient. Mais certains affirment que les plumes sont inertes et vides, que les dieux nous ont abandonnés et qu'il n'y a rien dans cette affreuse nouvelle mort. Je ne sais pas. Parfois, j'ai juste envie que tout s'arrête, et qu'importent les dieux!
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