Plutôt qu'un voyage en Orient, c'est le voyage d'un oriental vers Paris de1707 à 1710. Après une expérience ratée dans un monastère libanais,
Hanna Dyâb rencontre
Paul Lucas, explorateur au service de
Louis XIV, entre à son service et le suit dans un périple qui le mènera à Chypre, en Egypte, à Tripoli, Tunis puis Livourne, Marseille et enfin Paris
Contrairement à Evleya Celebi qui était un érudit-musulman, Hanna est chrétien maronite. Il parle et écrit en Arabe, il s'exprime aussi en Turc, Français,Italien, Provençal et sert d'interprète à
Paul Lucas qui lui promet un poste à la bibliothèque arabe à Paris. Hanna connait les marchands marseillais pour qui il a travaillé avec son frère à Alep. La civilisation occidentale lui est moins exotique. Il semble partout chez lui.
_Antoine_Galland
Antoine Galland
C'est un conteur merveilleux. A Paris, il a rencontré Galland qui traduisait les contes des Mille et unes Nuits, on pense même que certains contes comme Aladin ont été inventés par
Hanna Dyâb. La relation de son périple n'est pas un journal de bord, il le raconte 50 ans plus tard, dans ses vieux jours, à la manière des contes orientaux mêlant des descriptions précises, les récits des aventures et des histoires, des rumeurs qu'il a entendues ou tirées de la vie des saints.
C'est aussi un excellent observateur. Il rapporte la vie courante dans les pays traversés.C'est surtout à Paris où il est resté de longs mois qu'il raconte le grande hiver 1709 et la famine qui l'a suivi. Il décrit l'étiquette à la cour où il a été accueilli en apportant des gerboises.. Vie quotidienne comme l'installation des boutiques de café par des Syriens.
Les voyages sont périlleux, par terre comme par mer. Sur la mer, les Corsaires rôdent.
Paul Lucas et
Hanna Dyâb ne les évitent pas. le récit d'une attaque par les corsaires fait du récit un roman d'aventure. Son retour avec une caravane à travers l'Anatolie d'Istanbul à Alep en est encore une autre.
Les éditeurs et la traductrice ont ajouté une introduction et tout un corpus de notes de bas de page enrichissant beaucoup ce livre. Certaines concernent le choix du vocabulaire d'
Hanna Dyâb, arabe syrien, turc, d'autres critiquent la chronologie en comparant les dates fournies par
Hanna Dyâb à celles de
Paul Lucas, d'autres, enfin, situent les épisodes racontés dans l'histoire, ce sont ces dernières qui m'ont passionnée.
C'est donc une lecture très agréable et un livre très sérieux.
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