Jeunes lecteurs, et voici que nous avons loupé le coche.
Nous en sommes déja au deuxième tome des aventures de cette jeune enquêtrice de 13 ans, Emily Evans.
Nous prendrons donc le train en marche ici, ou plus exactement, le bateau car c'est à une croisière que l'auteure
Patricia Elliott nous convie.
En partance vers New York, encore source d'inspiration de titres jeunesse.
Les retardataires ne sentiront pas le manque d'un tome dès les débuts du roman et c'est agréable, ce qui invite ainsi à revenir sur le premier tome à loisir sans difficultés ni regrets.
La petite Emily furète son bout de nez partout, le pied à peine posé sur le pont du Princess May, ça plutôt que de tenir la chandelle aux deux tourtereaux, sa cousine Ida, qui a décroché une bonne fortune en monnaie sonnante et trébuchante et son fiancé, le professeur de piano de Emily, Arthur Harker, qui a décroché un contrat de pianiste sur le paquebot.
Elle dresse déja par écrit un plan du bateau qui sans aucun doute aura son importance par la suite.
Grâce à Emily, plus intéressée heureusement par la montée des passagers que le vol des mouettes rieuses, nous avons le temps de prendre connaissance des visages et pédigrées de ceux et celles qui seront soumis à la tentation du crime (si il y a) ou malheureuses victimes.
L'ambiance s'apparente à un roman d'
Agatha Christie, la distribution est prestigieuse, fardée, clinquante, les visages sont fermés aux journalistes au pied des bastingages de 1ère et 2ème classe mais pas qu'à eux.
Le voyage donnera l'occasion de gratter un peu le vernis à l'occasion.
Le duo Ida/Arthur apporte un peu de légèreté, Ida trouve une place libre parmi ce parterre de célébrités qui ont eu vent de son héritage, malgré son accent très nature qui trahit ses origines modestes. le contraste nous fait sourire et les présences de l'amoureux et de la cousine Emily apportent un caractère sincère et charmant au jeune personnage.
Un gamin de 13 ans, très bien né, est enthousiasmé de la présence d'une fille de son âge, Elmer, il donne l'air d'être adorablement gauche, tremble comme un flan devant sa mère qui en exige et Emily se passerait bien d'une compagnie imposée, nous la sentons plus intéressée par la compagnie des adultes.
Et le crime dans tout ça?
Dans ce lot de mines embarrassées, réservées, acariâtres et excentriques, toutes logées dans un panier de dignité, nous attendons que cela éclate. Certains se connaissent et c'est à Emily de faire les liens.
Ces personnes se préservant du scandale ne peuvent se préserver d'en faire un ou deux et la mésaventure imaginée par l'auteure va jeter de l'huile sur le feu.
Le brave propriétaire de la compagnie navale, M. Bomberger, ami d'Emily, craint évidement pour la mauvaise publicité et un journaliste voyage aux premières loges.
Hélas, Emily et le reste de l'équipage seront les témoins d'odieuses mises en scène et de grossiers sabotages ramenant sur le navire le fantôme d'un jeune garçon noyé à la salopette jaune.
À qui profiterait le crime?
Qui aurait le poids, la taille, la poigne, le mobile, l'occasion?
Tout y passe et tous pourraient y passer tellement les suspects ne manquent pas pour faire de cette croisière une mauvaise farce.
Emily est une môme adorable, et perspicace avec ça.
Elle sait déja où son sens de l'observation devrait la conduire à l'âge adulte.
D'ici là, nous la suivons jusqu'à la fin du tome et on ne le regrette pas.
C'est une vraie comédie avec des personnages haut en couleurs. Emily peut sans inquiétudes mener son enquête (avec Elmer à ses basques) sans que le coupable s'en trouve inquiéter comme elle le suppose.
Après tout ce n'est qu'une enfant (coup d'oeil complice).