J'ignore comment
Xavier Emmanuelli (°1938) a été comme homme politique ou est comme médecin, mais tout simplement comme homme son palmarès est impressionnant et comme être humain ses efforts pour ses semblables moins fortunés imposent respect et admiration !
Chacune de ses initiatives et réussites listées sur Wikipédia évoque chez moi un "bravo" et "chapeau bas". Et la liste est longue pour un seul individu : cofondateur de "Médecins sans frontières" (une association, la seule d'ailleurs, que je subventionne très modestement sur une base mensuelle), fondateur du SAMU social de Paris, Président du Haut comité pour le logement des personnes défavorisées etc.
Dans son ouvrage "
Accueillons les migrants ! Ouvrons nos portes. Ouvrons nos coeurs" il soulève incontestablement la question la plus épineuse de notre temps. le problème qui, sur le plan politique, divise plus qu'aucun autre les esprits.
S'il est vrai que les pays européens ne peuvent se permettre, malheureusement, le luxe d'accueillir indéfiniment et sans la moindre réserve ou restriction tous les exilés de la terre, il y a un gouffre entre l'attitude de la chancelière allemande, Angela Merkel, qui a largement ouvert les frontières de son pays aux expatriés et celle d'un Viktor Orbán, Premier ministre d'Hongrie, qui construit des barrières à sa frontière pour résoudre le problème des réfugiés, par exemple. Entre ses 2 extrêmes, il y a toutes les variantes du clivage gauche-droite, si je peux me permettre cette distinction peut-être un peu simpliste.
Fait est hélas que la majorité des citoyens ne désirent pas être envahie par des étrangers avec lesquels ils n'ont virtuellement rien en commun.
L'histoire a prouvé à maintes reprises qu'à partir d'un certain nombre d'étrangers à un endroit, il y a eu des réactions hostiles de la population autochtone qui peuvent dégénérer en violences et traitement inhumain. Comme les Juifs et Roms ont dû endurer, quand bien même qu'ils n'étaient pas à proprement parler étrangers, mais seulement un peu différents.
Le dépassement du fameux "seuil (critique) de tolérance" constitue une aubaine pour la droite, l'extrême droite et tout politicien populiste et démagogue. Tout à coup ces braves gens se rappellent leurs devoirs envers leur peuple, devoirs qu'ils oublient allègrement dans le domaine économique, fiscal et social en avantageant quasi systématiquement la classe des nantis et les multinationales.
Les exemples de politicards de droite en Europe et aux États-Unis sont tristement légion : en France le FN, Orbán en Hongrie, Jaroslaw Kaczynski en Pologne, la Lega Nord et le mouvement 5 étoiles en Italie, en Allemagne l'AfD Alternatives für Deutschland, aux Pays-Bas Geert Wilders à la belle coiffure et un bon pote de Marine le Pen, en Autriche le FPÖ, les "Loups gris" et Erdogan en Turquie... etc. Il y a un an, à peu près, qu'un dirigeant de "Alternatives pour l'Allemagne" a déclaré que les réfugiés politiques étaient un coup de bol pour son parti ! Pas étonnant que ce politicien "honnête" ait été vite désavoué par les chefs de son parti, car ses propos étaient considérés légèrement gênants.
Dans mon pays, la Belgique, on est particulièrement gâté d'avoir 2 partis politiques de ce gabarit : le "Vlaams Belang" = intérêt flamand et le parti N-VA ou "Nieuwe Vlaamse Alliantie" (nouvelle alliance flamande) du sieur
Bart de Wever, qui au lieu de devenir Premier ministre du royaume - ce qui aurait été logique après sa victoire électorale - a préféré le job de bourgmestre d'Anvers, d'où il peut, sans grands risques électoraux, diriger le pays. Sa grande spécialité ce sont ses oukazes populistes contre tout ce qui n'est pas Flamand depuis au moins l'Empire romain et tout ce qui est un tantinet progressiste.
Une anecdote récente que je ne puis m'empêcher de mentionner ici est l'histoire des Soudanais renvoyés chez eux. Theo Francken, secrétaire d'état à l'asile et la migration, considéré comme le dauphin de Bart de Wever, a commis la grosse erreur d'inviter des représentants officiels du régime pourri d'Omar el-Béchir, poursuivi pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre. Ces officiels (sûrement des policiers secrets) ont pu interroger dans leur langue et sans contrôle belge des candidats au rapatriement forcé. Selon certaines rumeurs ces rapatriés ont été maltraités à leur retour. Rumeurs contredites et confirmées ? Quoi qu'il en soit, le Premier ministre avait déclaré un moratorium, en janvier dernier. le Francken a déclaré de son côté qu'il n' y en avait pas prévu ce mois-là. Un pur mensonge que cet éminent politicard a eu le culot de qualifier après de mensonge délibéré ! Un homme avec un minimum de sens d'honneur aurait remis sa démission, mais pas ce Francken boy. le comble c'est qu'en dépit d'une telle erreur et d'un tel mensonge la popularité de cet énergumène lamentable s'est trouvée accrue ! J'ai honte d'être Belge, rien que d'y penser. Une autre caractéristique de ce "golden boy" est sa manie des tweets, à l'exemple de cet autre génie d'outre-Atlantique.
Je m'excuse pour cette digression, mais j'ai pensé que ce fait est révélateur pour une certaine mentalité inquiétante, qui se trouve exactement à l'opposé des préoccupations nobles de
Xavier Emmanuelli.
Ce problème majeur de société a également miné l'autorité de l'Union européenne, dont le plan de répartition géographique des réfugiés n'a pas abouti à cause de l'opposition farouche avant tout des Hongrois et Polonais. de même que l'accord avec la Turquie pour les réfugiés syriens a été gravement critiqué.
Le Brexit est un autre exemple de sentiments ultra-nationalistes et anti-étrangers. Il est délicat pour moi de défendre les eurocrates, l'ayant été moi-même pendant de longues années, mais eux au moins ne se laissent pas influencer par des considérations opportunistes à super bref échéance, électorales, populistes et étroites.
On a beau être en désaccord avec certaines thèses développées par l'auteur dans son relatif court ouvrage (158 pages), mais ce que
Xavier Emmanuelli explique vaut, en tout cas, absolument lecture, réflexion et méditation. Les nationalistes de droite trouveront sûrement que l'auteur est un idéaliste rêveur, qui plane loin de la réalité quotidienne, mais à choisir entre le soi-disant réalisme de ces petits esprits démagogiques et l'idéalisme d'un
Xavier Emmanuelli, mon choix est très vite fait.