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EAN : 9782915280937
102 pages
Léo Scheer (21/05/2005)
5/5   1 notes
Résumé :
Relisant les Fragments d'un discours amoureux de Roland Barthes et le premier volume de l'Histoire de la sexualité de Michel Foucault, Didier Eribon dégage le geste politique et théorique commun qui les sous-tend : une volonté de résister au freudo-marxisme de l'après-mai 1968 et, plus généralement, d'échapper à l'emprise de la psychanalyse.
L'amour chez l'un, le " corps et les plaisirs " chez l'autre, l'amitié chez les deux deviennent les vecteurs d'une réfl... >Voir plus
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Citations et extraits (28) Voir plus Ajouter une citation
Mais il me semble souvent que, au lieu de déployer tant d’énergie et de sophistication intellectuelles pour essayer de reformuler les notions-clés de la doctrine analytique afin de les rendre compatibles avec la réalité multiple des désirs, des fantasmes, des identités, des arrangements affectifs, sexuels, familiaux, bref, des vies que vivent les individus dans leur inaliénable diversité, il serait sans doute plus simple, plus efficace et plus productif – politiquement et théoriquement – d’en récuser purement et simplement la pertinence. De se déprendre de l’évidence avec laquelle elles se présentent à nous et qui a été gravée dans nos têtes par l’inculcation culturelle permanente et insistante dont elles font l’objet (la psychanalyse s’est insinuée partout, aussi bien dans le langage de la vie quotidienne ou dans celui parlé par les médias mainstream que dans le discours académique ; et c’est contre cette doxa culturelle que la critique théorique doit reconquérir son autonomie et sa capacité de rupture avec les prénotions et les idées reçues, même quand elles s’avancent sous le double masque de notions évidentes et de concepts savants). De les rejeter totalement, ainsi que le régime de pensée qu’elles définissent, délimitent et imposent, et dans lequel on reste nécessairement piégé tant qu’on en accepte les termes et, avec eux, la conception du psychisme à laquelle ces termes sont intrinsèquement liés, tout ce théâtre de la mythologie analytique qui a précisément été édifié sur l’exclusion de ces réalités multiples et qui travaille à reconduire cette exclusion en la représentant comme inévitable puisque constitutive. On ne peut pas purifier ces notions de leur contenu hétérosexiste, puisqu'elles sont des constructions hétérosexistes, fondées sur des structures sociales et cognitives héérosexistes. Au contraire : dès lors que l’on entend prendre comme point de départ d’une réflexion renouvelée sur le psychisme, le genre, l’affectivité, l’amour, l’amitié, la sexualité, la famille, la parenté, etc., toutes les formes sociales, je veux dire, toutes les vies qui ont été exclues ou pathologisées par la théorie analytique (qui était précisément la théorisation de leur exclusion et de leur pathologisation), on doit se débarasser de cette théorie qui les excluait et les pathologisait.
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Il est en effet assez remarquable que Claude Lévi-Strauss [...] ait tenu à plusieurs reprises à récuser de manière catégorique cette utilisation politique de son œuvre et à souligner – désavouant même de manière explicite et avec une grande fermeté ceux et celles de ses disciples, et en particulier Françoise Héritier, qui s’étaient lancé.e.s dans un combat douteux contre la reconnaissance des couples de même sexe et de l’homoparenté au nom de leur « science » – qu’il ne voyait pas très bien comment il était possible d’invoquer l’anthropologie pour se prononcer dans les débats actuels de nos sociétés, dans la mesure où cette discipline n’a évidemment pas pour vocation de prescrire les choix que celles-ci doivent opérer. Sa réaction et sa démarche peuvent donc, ici, être considérées comme l’inverse de celles des psychanalystes qui se sont auto-institués les experts de la vie sociale, de la loi, du droit…
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La douceur de l’androgyne contre l’arrogance des psychanalystes, son sourire contre leur rire – et contre leurs dogmes (dogmes si souvent énoncés, l’a-t-on remarqué, sous la forme de ricanements, de ces ricanements qui traduisent la certitude d’être dans le Vrai, et d’être en situation de supériorité sur ceux dont ils parlent, d’avoir prise sur eux : il faudrait un jour étudier plus attentivement le rictus qu’arborent en permanence les psychanalystes, et qui, avec un certain ton de voix, signale la forme la plus avancée de la certitude de soi, de la prise qu’ils se donnent sur les autres, et la jouissance que cette prise leur procure. Les psychanalystes se désignent par ce rictus comme ce que Nietzsche aurait appelé les hommes ou les femmes du ressentiment, dont la volonté de savoir dissimule mal une volonté de pouvoir. Le rictus est une forme de violence). 
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Mais il n’en affirme pas moins résolument l’immanence de l’amour contre les lois de la transcendance – et donc contre l’idée d’une immutabilité indépassable de ce qui s’ancrerait dans l’immémorial et l’archaïque – qui gouvernent l’interprétation psychanalytique, et dont l’invocation est inhérente à la psychanalyse et, n’hésitons pas à le dire, à toute psychanalyse possible (car comment penser une psychanalyse qui ne se donnerait pas des règles intangibles, et à prétention universelle, d’interprétation, qui ne s’adosserait pas à une grille conceptuelle de lecture de ce qui est dit lors de la cure, et donc de codage des phénomènes psychiques ?).
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N’est-ce pas précisément dans son article intitulé « The Straight Mind », qui donnera plus tard son titre à son recueil d’essais, que Wittig s’en prend violemment à la psychanalyse et à Lacan ? La manière dont Wittig établit un lien direct entre le contrat psychanalytique et le contrat social hétérosexuel me semble à la fois exemplaire et prémonitoire. Wittig en effet définit le contrat psychanalytique comme une expression et comme un rouage du contrat social hétérosexuel :  "Il n’y a aucun doute que Lacan ait trouvé dans l’Inconscient les structures qu’il dit y avoir trouvé, puisqu’il les y avait mises préalablement."
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Didier Eribon vous présente son ouvrage "Vie, vieillesse et mort d'une femme du peuple" aux éditions Flammarion. Entretien avec Sylvie Hazebroucq.
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