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EAN : 9782070380985
153 pages
Gallimard (24/01/1989)
3.64/5   190 notes
Résumé :
« Ça ne vaut plus le coup d'avoir mes règles. Ma tante a dit : t'as perdu ta langue, Anne ? T'étais plus causante avant. C'est plutôt la leur de langue que j'ai perdue. Tout est désordre en moi, ça ne colle pas avec ce qu'ils disent. »

Histoire d'une adolescente comme les autres, qui cherche à communiquer, à comprendre. Mais rien, dans le langage de ses parents, de l'étudiant qu'elle a rencontré, dans les mots des livres même, ne coïncide avec la ré... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (22) Voir plus Ajouter une critique
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L'été du BEPC…
Il y a des étés qui marquent plus que d'autres. Pour Anne, quinze ans, celui du brevet sera celui de la rupture.

D'un mois de juillet qui n'en finit pas, occupée à bronzer inutilement dans son jardin cauchois sous l'oeil de ses parents, à un mois d'août émancipé et libéré avec son amie Gabrielle et la bande de monos de la colo voisine, Anne va passer d'un monde à un autre.

Du collège au lycée, bien sûr. Mais aussi de l'attente à la découverte du sexe ; de l'insouciance au commencement d'une prise de conscience politique ; de la relation en décalage avec ses parents à la prise de distance assumée ; de la certitude qu'il lui faut aller de l'avant.

« Mais ils ont beau parler ce qu'ils veulent sur l'avenir, les parents, c'est toujours l'enfance et l'arrière qu'ils représentent. »

Dans ce deuxième livre chronologique, Annie Ernaux clôt le chapitre de son enfance - elle y reviendra ensuite dans Retour à Yvetot - et des conditions du déterminisme social qui ne demandait qu'à l'enfermer à son tour.

Après les questionnements des Armoires vides, l'heure est à la conscientisation du libre arbitre et des choix à faire, quel que soit le prix à payer ou le risque à endurer : franchir des étapes libératrices, lever les obstacles qui n'en sont souvent pas et découvrir avec volontarisme ce que l'on ne fait que discerner.

Sous l'influence de Camus, Annie Ernaux se questionne sur le sens à donner à son existence, comprenant peu à peu que pour « changer la vie », il lui faut avancer, seule. Et pour cela, un été suffit parfois…

Poursuite gourmande et intéressée de mon intégrale Ernaux et plaisir toujours intact !
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Lire Annie Ernaux, c'est une aventure dans l'intimité, la sienne et la nôtre.
Elle écrit la vie, comme très peu réussissent à le faire, avec cette volonté absolue de sincérité et d'honnêteté dans le récit autobiographique. L'objectif est inatteignable, mais à mes yeux, c'est elle qui s'en approche le plus.

Ce qu'ils disent ou rien est le portrait de l'adolescente qu'elle a pu être l'été de ses 15 ans, un sujet qu'elle reprendra d'ailleurs avec Mémoire de fille. Elle raconte là sa relation à ses parents, devenue très distante et heurtée, son désir farouche d'indépendance, sa solitude et son ennui, sa recherche de camarades et sa curiosité de rencontrer des garçons, son envie d'écriture qui prend naissance après la lecture de L'étranger, ses premiers questionnements politiques, son avenir...

Il m'a été troublant de lire ce roman sur l'adolescence qui sonne si juste, mais si distant en même temps. Une mise à distance inhérente à l'analyse ? de cette période particulièrement compliquée de la vie, tout y est : la rébellion, le désir et les pulsions d'aventures et d'inconnu, la confusion et l'angoisse d'un avenir incertain.
C'est le récit du passage, tant désiré et attendu pour Anne, de la jeune fille à la jeune femme, mais vécu avec déception et désillusion, parce qu'il lui manque des codes peut-être, des échanges certainement. La solitude qu'elle ressent au sein de sa famille est estompée un temps par tout ce que lui apporte le groupe de jeunes qu'elle rejoint, pour mieux ressurgir aux premiers remous qui agiteront la bande.

Cette envie d'ailleurs, d'apprendre, de comprendre, de s'exprimer ne provoque en ces instants de vie que frustration et tourment pour cette jeune fille en laquelle beaucoup pourraient se reconnaître.
Personnellement, j'ai ressenti beaucoup d'empathie pour cette adolescente maladroite et perdue, qui m'a fait sourire avec ses stratégies inventives pour ne plus porter ses lunettes ou pour rejoindre son amoureux en douce, qui m'a touchée dans ses velléités de vivre autre chose qu'un destin tout tracé, et qui m'a émue dans ses déceptions et ses premières blessures.

Annie Ernaux quoi.

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Eté 1976. Anne a seize ans. En Septembre, elle fera son entrée au lycée. Dans ce court roman écrit à la première personne, nous embarquons pour une exploration au coeur de l'adolescence en assistant jour après jour aux pérégrinations psychiques et physiques d'Anne durant deux mois. La jeune femme nous livre ses pensées les plus profondes.
En rebellion contre ses parents, Anne ne supporte plus leur autorité, leurs idées, leur petite vie étriquée et leur mollesse. Son esprit est confus, elle s'interroge sur son avenir – avec l'angoisse de devenir comme eux –, et peine à se situer dans sa famille, parmi ses ami(e)s, dans le monde.
Annie Ernaux analyse avec une grande justesse la montée du désir, le besoin de liberté, d'indépendance, de responsabililté chez cette adolescente. Impulsions incontrôlables, peurs, moments euphoriques, déprimes... la palette des émotions de ce passage entre l'enfance et la maturité est extrêmement bien décrite, avec une réalité intransigeante, souvent crue et violente.
Après avoir traîner son ennui de longues journées dans la maison familiale en écoutant des disques et à lire des feuilletons et L'étranger de Camus, elle se confronte enfin à l'extérieur. Sa rencontre avec un animateur dans une colonie de vacancers va entrouvrir la porte de ses interrogations. Sa première fois. Heureuse de l'avoir fait mais décontenancée. Pas de plaisir. le vide n'est pas comblé.
Alors qu'elle est devenue – symboliquement – femme, ses règles s'interrompent. Non qu'elle soit enceinte, mais son corps réagit. La révélation qu'elle attendait ne s'est pas accomplie, c'est la désillusion, Anne retourne à sa solitude : «  Ça ne vaut plus le coup d'avoir mes règles. Ma tante a dit t'as perdu ta langue, Anne ? T'étais plus causante avant. C'était plutôt la leur de langue que j'ai perdue. Tout est désordre en moi, ça colle pas avec ce qu'ils disent. »

Lien : http://lesmotsdelafin.wordpr..
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Anne a quinze ans, elle vient de réussir le BEPC et après les vacances d'été, elle attaquera la seconde au lycée.
Deux mois à s'emmerder en famille !
Annie Ernaux nous invite à une délicieuse plongée dans les pensées de cette jeune fille, quasiment irrésistible d'humour et de fraîcheur.
Elle réussit le tour de force de se couler avec une facilité déconcertante dans la psyché de cette adolescente, dont elle restitue avec bonheur et justesse les tournures de langage, les tics d'expression et la façon spontanée de raconter d'une toute jeune fille.
C'est sidérant de véracité, ce qui fait tout le charme de ce monologue, dans lequel Anne raconte tout ce qui lui passe par la tête au cours de cet été et émaille son discours d'anecdotes truculentes, l'évocation du repas de funérailles de la grand-mère en étant un bon exemple.
Anne quitte l'enfance et pose un regard acéré sur le milieu familial qu'elle rejette, comme de juste à cet âge là et critique avec verve ses parents, sa famille et ses copines.
En outre, elle nous fait part sans fard aucun de ses émois, atermoiements et questionnements à l'heure de la curiosité envers les garçons, de la découverte de la sexualité, de l'amour peut-être, en tout cas du désir et nous conte dans le détail ses élans amoureux, ses hésitations, maladresses, erreurs et déboires .... Tout cela est fort bien fait.
Un bémol tout de même. J'imagine mal une jeune fille de quinze ans agir et parler, à l'heure de ses premières amours, de la manière dont Annie Ernaux nous le raconte.
mais je suis peut-être trop vieux jeu !

Et ce que je dis ou rien ... quelle importance, n'est-ce pas !
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Cet ouvrage est construit comme le désordre des réflexions qui se bousculent dans l'esprit d'une adolescente. Comme toute elle doute, elle rêve, elle déteste. À commencer par elle. Ses parents aussi à qui elle ne veut surtout pas ressembler. Ressentant néanmoins au fond d'elle-même qu'ils lui sont essentiels. Plus tard peut-être. Pour l'heure, elle ne supporte plus leur petitesse, leur verbiage qu'elle connaît d'avance, leurs tics et manies qui l'insupportent. Ils ne sont que des empêcheurs de vivre.

Les garçons ne souffrent pas du mal-être qui la taraude elle. Elle en est sûre. Ils sont d'une bêtise à pleurer. de toute façon, ils ne pensent qu'à une chose. Les graffitis dans les toilettes du collège le prouvent.

La construction et l'écriture de cet ouvrage participe grandement à l'illustration du chaos qui bouleverse l'esprit de la jeune fille. La transformation de son corps la projette dans le torrent impétueux de la vie sans plus savoir à quoi se raccrocher pour retrouver ce sentiment de sécurité que lui était jusqu'alors son foyer familial.

Cette confusion recherchée rend ce moment de lecture laborieux, mais tellement vrai. Il faut le prendre comme une prouesse de l'auteur à restituer ce que tout un chacun a connu dans cette période sa vie. Sauf peut-être ces balourds de garçons qui ne doutent de rien. Eux au moins ont un but. Moche, mais un but quand même. Quant aux parents, Ce qu'ils disent ou rien.


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Citations et extraits (32) Voir plus Ajouter une citation
J'ai pensé qu'elle avait changé depuis qu'elle avait quitté le travail à l'usine textile, ça doit être ça le progrès social, l'ordre, dommage qu'il n'y ait pas eu de progrès dans sa conversation.
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S'il y avait eu un autre moyen pour connaître des garçons intéressants, je m'en serais bien passée de l'amitié.
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N'ont que leur certificat d'études mais mille fois plus chiants là- dessus que les parents de Céline, ingénieurs, quelque chose comme ça, c'est vrai qu'eux, ils n'ont pas besoin de hurler, ils sont l'exemple vivant de la réussite, tandis que les miens qui sont ouvriers, il faut que je sois ce qu'ils disent, pas ce qu'ils sont.
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N'ont que leur certificat d'études mais mille fois plus chiants là-dessus que les parents de Céline, ingénieurs, quelque chose comme ça, c'est vrai qu'eux, ils n'ont pas besoin de hurler, ils sont l'exemple vivant de la réussite, tandis que les miens qui sont ouvriers, il faut que je sois ce qu'ils disent, pas ce qu'ils sont.
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Ça sent toujours le pipi dans les foires, et les chansons retardent d'une année, ça dépayse dans le temps. Je devenais de plus en plus mélancolique mais j'aimais. Drôle de lever la tête vers le ciel quand on est pressés les uns contre les autres, j'ai pensé à Dieu, pas celui des messes et la vierge en robe bleu lessive, un qui dégouttait de tristesse, qui n'aurait peut-être pas existé. Qui nous laisse tout seuls. Comme si je n'avais plus de parents non plus. J'étais vieille d'un seul coup, ces impressions-là font vieillir parce qu'on ne les a jamais eues avant. Il m'a semblé que je comprenais pourquoi les gens écrivent, mieux que dans les explications de textes. Ils écrivent parce qu'il y a des foires pleines de bruit et que d'un seul coup ils décollent.
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Videos de Annie Ernaux (95) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Annie Ernaux
En 2011, Annie Ernaux a fait don au département des Manuscrits de la BnF de tous les brouillons, notes préparatoires et copies corrigées de ses livres publiés depuis "Une femme" (1988). Une décennie et un prix Nobel de littérature plus tard, elle évoque pour "Chroniques", le magazine de la BnF, la relation qu'elle entretient avec les traces de son travail.
Retrouvez le dernier numéro de "Chroniques" en ligne : https://www.bnf.fr/fr/chroniques-le-magazine-de-la-bnf
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