La Soutane en plomb

Ralph Poteet est détective privé, ou plutôt archiviste dans un cabinet de détectives depuis que le patron de la boîte est décédé, sa femme, qui en a repris les rênes, ne lui témoignant pas la même amitié ni la même confiance que son époux.

Ralph a également pour voisine une jeune femme qui vit de ses charmes et qui l'appelle à l'aide en pleine nuit, se trouvant bien embêtée avec un ecclésiastique dans son lit, le malheureux prêtre ayant succombé à une crise cardiaque, rejoignant le ciel des croyants après un bref arrêt au septième. Craignant que cet incident nuise à son commerce, elle demande à Ralph de la débarrasser de l'encombrant cadavre.

N'écoutant que la petite voix qui lui dit qu'il y a peut-être un peu de fric à se faire dans cette affaire, il accède à la requête de sa voisine, mais en prenant soin de garder des traces de l'incident sous forme de photos qu'il destine à l'évêque du diocèse pour un petit chantage, n'hésitant pas en plus à demander à ce représentant du clergé de lui trouver de l'aide pour la délicate évacuation.

Ralph aurait du se douter que sa relation avec l'église ne se passerait pas au mieux, lui qui ne connaît de la Bible que celle que son père - brave homme, très porté sur la foi - considérait comme un bon moyen d'éducation pour son fils, surtout sur la tête.

Après un démarrage en fanfare on ne peut que s'attendre à ce que la situation dérape rapidement, ce qui ne tarde pas, avec quelques morts et tentatives de meurtres de plus au tableau. Ralph ne sait pas trop s'il est lui-même visé et par qui, surtout lorsqu'il se rend compte que le tueur qui semble l'avoir pris en chasse est équipé d'un pistolet à eau qui pourrait au mieux entraîner son décès par noyade.

L'humour est très présent dans ce récit plutôt sympathique, quelques fulgurances comiques donnant même l'occasion de rire franchement. J'ai trouvé dans ce roman noir déjanté un peu du style de James Hadley Chase, auteur que j'ai beaucoup lu dans mon adolescence, retrouvant dans l'écriture de Loren Estleman un peu de la patte de son illustre confrère de plume.

Un pur divertissement avec action et humour au programme, qui sans atteindre des sommets, m'a permis de passer un agréable moment.

L'auteur résume lui même très bien ce roman dans la dernière partie :
"Y a quelques jours, la vie était moins moche. J'allais au boulot, je me faisais engueuler par la patronne, je passais la journée à faire un travail qu'un chimpanzé aurait pu faire s'il avait été un peu mieux payé, je me soûlais la gueule, je rentrais à mon appartement de la taille d'un nombril et je m'écroulais. Un matin, j'ai répondu au téléphone. Depuis je me suis fait droguer, poursuivre, arrêter, baiser, coller des pétards sur la nuque, presque brûler et jeter aux chiens. J'ai perdu mon boulot. Je suis recherché pour meurtre et je peux pas rentrer chez moi. J'ai même pas une paire de chaussures. Ma vie a toujours été de la merde mais maintenant, en plus y a du sang dedans."
Ce policier plein de gouaille, de comparaisons scabreuses et d'expressions fleuries permet de passer un très bon moment.