D'ailleurs,
Feng Zikai a été inquiété en tant que contre-révolutionnaire au moment de la Révolution culturelle.
Ces essais sont de véritables petits croquis à plume levée, poèmes en prose où l'acuité de son regard et la compassion qu'il exprime à l'égard des êtres vivants nous touche infiniment et parfois aussi nous amuse. Qui de nous ne reconnaîtra pas l'ambiance du compartiment où certains se vautrent sur plusieurs places, le regard ostensiblement ailleurs, laissant debout des vieillards et de jeunes mères ? Comment ne pas rire de l'application du dégusteur de graines de pastèques chinois, savamment occupé à son passe-temps et qui se moque du pauvre Japonais qui ne parvient qu'à écrabouiller coque et chair, sans pouvoir en déguster une miette !
Des réflexions plus graves sont menées sur la guerre, la peur, la pauvreté, la fuite du temps, les relations entre amis. Et l'on peut goûter aussi ce lyrisme délicat, cette sensibilité aux émotions douces que provoquent la nature et les êtres vivants.
Comment ne pas prendre au sérieux, et fermement réprimander, l'enfant qui va, d'un coup de pied rageur, écraser une colonne de fourmis ? Qui dit que cet acte violent n'en préfigure pas d'autres, tels le bombardement de civils chinois : l'évocation de l
Feng Zikai est le plus connu des dessinateurs chinois de la première moitié du XXème siècle. Poète, dessinateur, caricaturiste, humaniste, épris de spiritualité, il rédige ici un ensemble de petits textes en prose qu'il illustre , parfois dans la marge même du texte, de dessins épurés aux lignes douces et élégantes.
Il est intéressant de re-situer ces textes dans leur époque, la Chine républicaine de 1911 à1949.a guerre sino-japonaise est toujours là, en arrière-plan.
Taoïsme, bouddhisme et pensée confucianiste viennent aussi sous-tendre ce très joli recueil, à garder dans sa bibliothèque et à ressortir de temps en temps, juste pour un petit moment de plaisir !