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EAN : 9782848761701
203 pages
Philippe Rey (07/10/2010)
3.9/5   10 notes
Résumé :
Après plusieurs ouvrages consacrés à la Russie (Dictionnaire amoureux de la Russie, Saint-Pétersbourg, L’Âme russe, Avec Tolstoï…), Dominique Fernandez reprend ici ses riches questionnements sur ce peuple et ce pays qui le fascinent. Il médite sur les espaces infinis où les Russes se perdent, s’identifiant aux plaines et aux fleuves qu’ils regardent, ne plaçant aucune frontière entre eux et la nature. Il interroge les arts : la littérature d’abord, avec Pouchkine, G... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Parmi tous ces créateurs, Tolstoî est celui qui a cultivé avec le plus de génie la forme nette, le contour précis. Si "oriental" qu'on le surprenne quelquefois dans sa philosophie, ce n'est pas lui qui se serait laissé aller aux mollesses stylistiques d'un Hermann Hesse

Lamartine dit que les écrivains perdent de vue la littérature populaire, que le nombre de lecteurs est plus grand dans le milieu populaire, que tous ceux qui écrivent le font pour le milieu dans lequel ils vivent, et le peuple, au sein duquel il y a des gens avides d'instruction, n'a pas de littérature et n'en aura pas tant qu'on ne commencera pas à écrire pour le peuple.

Etc .. Ben oui, à quoi bon chercher à résumer l'essai de Fernandez dédié à la Russie. Il est fait d'une addition de coups de coeur, d'un recueil de découvertes singulières si chères à son coeur, si singulières qu'il titre ses chapitres toujours, c'est pourquoi je préfère ici en livrer des fragments.

17 novembre 2021
Tolstoï, les connaisseurs savent qu'il avait une relation avec le cheval hors du commun. C'était aussi sans doute le moyen le plus indiqué pour parcourir des dizaines de verstes de son domaine, à travers bois, prairies, champs, à n'importe quelle saison. C'était son brave "j'ai oublié son nom" qu'il montait encore quelques jours avant sa mort : on imagine, ce ne fut pas dit, quelle dut être sa peine que de devoir s'arracher à tout ce monde là pour aller mourir plus au sud.

En lisant ces mots qui vont suivre de Fernandez, à qui il serait bien de penser un peu : il a 90 ans passés, je pense que ça pourrait convenir à une préface de Kholstomer ou Histoire d'un cheval écrit en 1981 par l'écrivain russe. Voici ce qu'il dit :
"Il pouvait aussi bien chercher à se fondre dans l'âme d'un animal, le monde animal étant plus "monde" que le monde humain, plus proche des sources élémentaires de la vie. Un jour Tourgueniev était de passage à Iasnaïa Poliana, les deux amis allèrent se promener dans le domaine. Ils aperçurent un cheval borgne qui broutait dans un pré, à grand-peine, épuisé et pitoyable au possible. Tolstoï vint lui parler à l'oreille et interpréter les pensées qu'il croyait lire dans la tête di vieil animal. Peu de temps après, de retour chez lui, l'auteur des Récits d'un chasseur rendit compte de cet épisode à un correspondant. "Nous nous sommes approchés de ce malheureux hongre et voilà que Tolstoï s'est mis à le caresser tout en parlant pour exprimer ce qu'il devait penser et sentir. J'écoutais, fasciné. Non seulement il s'était mis lui-même à la place de ce malheureux cheval, mais il me faisait m'y mettre moi aussi. Je ne pus m'empêcher de lui dire : Ecoutez, Léon Nikolaïévitch, ma parole, vous avez dû être cheval un jour."

Comme s'il avait pris au mot cette boutade, Tolstoî composa un récit où il donna la parole à un cheval, où il se fit cheval. Kholstomer est un texte magnifique. le cheval qui porte ce nom (signifiant l'"arpenteur" ou le "métreur" à cause de ses foulées jadis ample et régulière, y raconte les injustices qu'il a subies, les souffrances qu'il a endurées. Il y fait, à sa façon, le procès de la société. Bien qu'il raisonne en cheval, exactement comme un cheval pourrait raisonner, c'est la voix de Tolstoî qu'on entend.
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Si proche de l'Italie qu'il la considère comme une deuxième patrie, Dominique Fernandez aime aussi la Russie. Bien que de son propre aveu, il ne puisse ni parler ni lire la langue, c'est un boulimique de culture russe. Russies est un livre qui accumule les impressions sur ce que l'on désigne souvent comme l'âme russe. Dominique Fernandez admet volontiers que ce concept reste discutable. Mais ceux qui le refusent devraient aussi se rappeler comment la Russie a envahie culturellement la littérature française à partir de la fin du XIXème siècle. On découvrait alors l'ampleur, la violence du mysticisme des grands auteurs comme Gogol, Tolstoï, Dostoïevski qui « réintroduisaient l'âme dans le roman ». « C'est bien par son âme que la Russie continue à se distinguer de toutes les autres nations et à séduire, à intriguer, à fasciner. »
Parmi les excellentes pages qu'il consacre au grand réalisateur Tarkovski (Andreï Roublev, pour citer le plus connu de ses films), j'aime particulièrement celles où il confronte la vision de ce cinéaste avec le monde culturel italien (Tarkovski avait trouvé refuge en Italie après son départ forcé d'URSS) : Aucun palais de Florence, aucune villa de Palladio ne vaut une maison de bois vétuste, entourée d'un jardin minable où les oies barbotent dans la boue au milieu des orties. »
Je reprocherais peut-être simplement à Dominique Fernandez de trop privilégier les traits communs qui définissent l'âme russe, en dépit du pluriel qu'il a adopté pour son titre. Dominique Fernandez pourrait se rapprocher parfois de lieux communs, n'étaient la richesse de son style baroque et sa finesse d'analyse.
On pourrait regretter aussi que notre auteur se limite au répertoire des auteurs classiques éprouvés en négligeant des contemporains qui dessinent déjà de belles figures dans la littérature et le cinéma. Je pense en particulier à Zakhar Prilépine, le remarquable auteur de Pathologies ou du Singe noir ; et aussi à Pavel Loungine dont le talent peut être comparé à celui des frères Coen du cinéma américain.
Tel quel « Russies » reste un bon livre que l'on déguste sans modération en suivant les vagabondages capricieux, subtiles et pénétrants de Dominique Fernandez.
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Le sujet est intéressant mais le livre reste d'un abord difficile. J'ai eu beaucoup de mal à m'y concentrer, avec regrets !
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
A toi mes pleurs, terre humide ma mère,
Terre humide qui me nourris, m'abreuves,
Moi, vilaine, pécheresse, insensée !
Car mes jambes en marchant t'ont foulée,
Et j'ai craché des graines de soleil.
Car mes bras vifs au loin t'ont projetée,
Car sur toi mes yeux ont porté leur vue.
Encore un coup, ma nourricière,
Je veux te toucher de la tête,
Quérir ta bénédiction,
Bénédiction et pardon.
Je t'ai déchiré la poitrine
Avec le soc aigu, tranchant.
Point ne t'ai du rouleau lissée,
Point ne t'ai du peigne peignée :
De la herse je t'ai meurtrie
Avec ses dents de fer rouillées.
Mère nourricière, pardonne.
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Posséder un objet, posséder une épouse, c'est les arracher au tout, les réduire à un instrument de jouissance égoïste, les diminuer, se diminuer soi-même.
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"On ne partage pas l'air ou la mer en parcelles privées ; pourquoi le ferat-on pour la terre ?"
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Videos de Dominique Fernandez (39) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Dominique Fernandez
Arthur Dreyfus Journal sexuel d'un garçon d'aujourd'hui - éditions P.O.L: où Arthur Dreyfus tente de dire de quoi et comment est composé son livre "Journal sexuel d'un garçon d'aujourd'hui" et où il est notamment question d'intensité de vie et d'écriture, de rencontres sexuelles et de leurs retranscriptions, du désir et de l'amour, de la pulsion de mort, de sexualité gay et des 2300 pages du livre, de honte et de morale, de repentir et de rédemption, d'Emmanuel Carrère et de Michel Foucault, de Guillaume Dustan et de Dominique Fernandez, de Grindr et de plans, de vérité et d'intimité, à l'occasion de la parution de "Journal sexuel d'un garçon d'aujourd'hui" aux éditions P.O.L, à Paris le 19 février 2021
"il faut en finir avec le malheur d'être gay"
"Pendant quelques années, il m'est apparu impossible d'avoir ce qu'on appelle un rapport sexuel sans l'écrire."
+ Lire la suite
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