Peut-être faut-il un homme qui n'aime plus les humains pour les sauver tous ?.
le règne du vivant met en scène le Capitaine Magnus Wallace, un capitaine Achab à l'envers, un activiste écologique qui va employer la manière forte pour faire cesser le massacre des océans vidés de leurs vies par des hommes cupides. Wallace part à la chasse des mafias hyper-organisées de la pêche et surpêche aux thons, requins, phoques, dauphins et autres baleines qui peuplent les mers dans un équilibre parfait depuis des millénaires.
Alice Ferney raconte une partie de la vie de Wallace au travers du récit d'un journaliste-photographe norvégien, David Admusen, qui approche le Capitaine d'abord par curiosité puis, fasciné par la détermination et la justesse de son combat, il décide de l'accompagner pour filmer les campagnes de lutte et témoigner des abjections.
Wallace dont la lucidité et la combativité sont pareillement développées a compris que malgré les moratoires, les interdictions, les créations de parcs naturels et autres zones protégées, la disparition des plus gros mammifères peuplant notre planète et le saccage de notre patrimoine naturel mondial sont à l'oeuvre.
le Règne du Vivant n'est pas un documentaire, ni un reportage, c'est bien un roman qui par la magie de la fiction nous restitue avec plus de clarté la réalité. On comprends la motivation de ces hommes et ces femmes ardents qui semblent bien seuls devant les assassins de nature.
Alice Ferney avec son écriture délicate décrit la beauté puissante des géants des mers, pacifiques et curieux, la vivacité des thons fuselés qui parcourent des milliers de kilomètres, le regards étonnés des phoque face à la violence sans émotion des hommes. Ils affrètent des embarcations suréquipées qui ne laisseront aucune chance aux animaux ; Baleines gestantes massacrées agonisantes dans une mer de sang, crânes fracassés de jeunes phoques, requins amputés de leurs nageoires et rejetés vivants à la mer, filets tuant toutes formes de vie marines… la puissance destructrice de l'homme le transforme en monstre. Celui-ci a acquis une telle technologie qu'il peut, désormais, effacer de la surface de la planète toute trace de vie et … il le fait. Wallace, lui, fait de son corps et de son équipage un maigre mais efficace rempart.
Au fil des pages haletantes, on croise des gouvernements corrompus, des polices factices, des politiciens sournois, des ONG coupables d'immobilisme… et on adhère totalement à la méthode de Wallace.
Ce roman passionnant est à la fois une bonne et une mauvaise nouvelle. La mauvaise nouvelle c'est qu'il présente une situation bien réelle et une époque la nôtre, où la vie a moins de valeur que l'argent. La bonne nouvelle, c'est que Magnus Wallace existe. Dans la vraie vie, il s'appelle
Paul Watson et après avoir co-fondé Greenpeace - (L'association Noé dans le roman) qu'il va quitter car trop conceptuelle et peu active - il va créer « Sea Sheperd » (Gaïa dans le roman) une organisation qui privilégie l'action directe et légale. En attendant que les états agissent, Watson et son équipage ont d'ores et déjà sauvé des milliers de baleines, de dauphins, de thons… là où les uns et
les autres discutent autour de déjeuners princiers, Sea Sheperd agit en immobilisant, empêchant ou détruisant le matériel de pêche illégale car ce que l'on découvre dans ce roman c'est que les mers sont de larges zones de non-droits où l'absence de scrupules et de compassion triomphe pour enrichir quelques uns, toujours les mêmes. Un livre qui pousse à la réflexion et à l'action.