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EAN : 9782268104379
340 pages
Les Editions du Rocher (07/10/2020)
3.62/5   12 notes
Résumé :
2015. Paul est un jeune Français issu d'une vieille France. Poussé par un ami syrien qui vit à Paris, il part au Levant s'engager dans une milice chrétienne qui lutte contre Daech aux côtés des forces d'Assad. Il veut donner un sens à son existence désenchantée, défendre ce qu'il pense être une juste cause et retrouver un amour perdu, Maryam, une Syrienne rencontrée lors d'un séjour à Damas.
Au fil de ses aventures guerrières, amoureuses et spirituelles, de P... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
À lire pour découvrir la malheureuse histoire d'amour de Paul, jeune homme, influençable et Maryam qui par dépit va tomber aux mains de Daech. Mais aussi pour ses autres personnages et les raisons qui les ont amenés dans ce pays avec Nick , un drôle de membre d'ONG.
À lire pour essayer de comprendre un pays la Syrie et une région fragmentée, complexe où rien n'est réglé depuis les croisades. Un labyrinthe sans issue où tout est enfoui sous des couches de mensonges.
À lire pour voir à quel point l'amour d'un Dieu, d'une femme , d'un pays, d'une idée peuvent détruire de vies.
J'ai aimé les descriptions des paysages, les passages concernant l'histoire de ce pays, la vie des habitants pour si difficile qu'elle soit.
J'ai aimé m'immerger dans ce monde de combattants cosmopolites grâce à l'usage d'expressions russe, arabes,… mais pas de panique il y a un glossaire à la fin du roman.
J'ai aimé le style de Pierre de Feydeau avec des phrases courtes, saccadées comme des rafales de Kalachnikov, nous plongeant dans l'action. C'est cash, brutal anxiogène. Avec des exécutions médiatisées ressemblant aux jeux romains.
J'ai aimé cette fin exaltée et mystique.
Ce livre nous propose de l'action, de l'amour et surtout une vision de ce pays d'un point de vue religieux, politique et historique. C'est la découverte d'un auteur et une réflexion sur une actualité très compliquée qui m'a donné l'impression qu'il n'y a ni victoire, ni défaite, ni bien , ni mal, ni bons, ni méchants, juste une action- réaction qui influe sur le destin de tous mais ce n'est que mon humble avis. En tout cas, une lecture que je conseille.
Merci aux éditions du Rocher et à ELIDIA pour leur confiance.
#De poudre, de soufre et d'encens #NetGalleyFrance
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Pierre de Feydeau livre avec "De poudre, de soufre et d'encens" un premier roman total, à l'ambition assumée qui plonge le lecteur dans un tourbillon théologico-géopolitico-guerrier porté par un élan vitaliste qui insiste, persiste, perdure au coeur même du plus « dark », du plus sale.

Pendant plus de 350 pages desquelles on ne sort pas tout à fait indemne, le lecteur suit Paul de Nantiac, professeur d'histoire-géographie un peu paumé, issu d'une noblesse désargentée poitevine qui s'évertue « à préserver l'illusion de la gloriole aristocratique » mais qui ne parvient plus à faire passer le crépuscule pour l'aube. A la recherche de l'absolu insaisissable, mélange fébrile d'urgence égotique, d'engagement politique, de zénith spirituel et d'idéal féminin, Paul, la chasteté en bandoulière, décide, croisé moderne, de s'engager en Syrie pour combattre Daech dans les milices chrétiennes. Enro(u)lé dans les plis sournois de la realpolitik locale qui nécessairement vous salit les mains jusqu'à en déchiqueter l'épiderme, Paul s'enfonce dans le noir avec en tête l'espoir infime de retrouver Maryam et de trouver son salut dans « l'apprivoisement du mal [qui] alimente la soif du bien ».

Chemin d'exil, chemin d'orient, chemin de Damas, chemins noirs, chemin de croix, c'est un voyage initiatique et destructeur qui est proposé dans une sorte d'injonction paradoxale monstrueuse et dégoupillée, prête à tout à moment à vous péter à la gueule. Rien n'est épargné au lecteur : décollation youtubesque, assaut vénère sous vodka-captagon, scènes de tortures en sous-sol sous le haut patronage d'Alois Brunner, attentat suicide dans un hôpital de fortune, viol à la mode russe, lynchage, faux peloton d'exécution … Tout serait vain si tout était gratuit. Or, il y a pour Paul, qui se débat mais s'embourbe dans les marais puant d'une violence sans limite, le besoin d'excaver l'horreur en la regardant droit dans les yeux et ainsi payer le prix exorbitant de la rédemption.

Liturgie punk, évangile de fer et de sang, succession d'éditoriaux sous arak … Ce livre c'est un peu tout ça, un peu trop de tout ça. Peut-on vraiment courir son premier marathon au rythme d'un 100m ? Cependant, malgré les limites inévitables d'un premier livre qui veut trop en dire car il veut tout dire, malgré les quelques invraisemblances narratives qui font partie du jeu, l'ensemble tient avec robustesse et se déploie de manière compulsive grâce à une langue scandée, striée, heurtée, mixée, malmenée. Pierre de Feydeau démontre un sens de la formule qui fait mouche ; à mi-chemin du prêcheur en chaire (Mindbar) et du slameur en studio, l'auteur joue des nominales qui accélèrent le torrent des mots. Il invente une phrase syncopée par l'utilisation maligne de l'arabe, du russe, de l'anglais pour faire briller un français survitaminé qui tient en haleine. Il y a du Sylvain Tesson dans cette recherche ad nauseam de l'aphorisme qui claque et veut emprisonner le monde dans un téméraire lancé de mot : « La société de consommation est l'identité de substitution de l'occidental déraciné », « La lassitude est une habitude qu'on oublie de saler », « Les dalmates sont des ritals qui parlent russes » ou encore « le décès est une curiosité métaphysique empiriquement satisfaite ».

Entre Paris, Beyrouth, Palmyre, le Crac des Chevaliers, Tartous, Apamée, Raqqa – tous ces lieux que l'auteur connaît et aime – c'est donc un Mad Max fi belad Es-Sham qui vous emporte mais ce n'est pas seulement cela. Il serait injuste de réduire ce livre à une Fury Road qui se noie aux confins d'un monde qui s'écroule. Il y a aussi le projet assez stimulant, pour le croyant comme pour le non croyant, de soumettre la foi et Dieu aux fourches caudines du discours critique. Au fil des pages, un dialogue des religions à bas bruit se développe sans coup férir ni faux semblant. Être ivre de Dieu, est-ce la même chose qu'en être fou ? A sa façon et dans son style, l'auteur prolonge Jacques Lacarrière : et si la Syrie de ce début de XXIe siècle, broyée mais toujours belle, offrait, comme il y a 15 siècles, « ce monde dur et nu, hostile à l'homme, mais lieu d'épreuves inoubliables, où l'impossible semble possible ».

En refermant "De poudre, de cendre, d'encens", la farandole folle des personnages mis en scène par Pierre de Feydeau se déroule dans votre tête et là, mi-sceptique, mi-angoissé, on se demande : « Ces hommes et ces femmes, sont-ils des anges ou sont-ils des bêtes ? Dans cette dévastation, quel Homme est mort et quel Homme est né en eux ? ».
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Alors tout d'abord merci beaucoup à Babelio et son opération Masse Critique ainsi qu'aux Editions du Rocher pour m'avoir envoyé ce livre qui parle de "guerre sainte" !

Ça commence très fort avec le prologue : rien de moins qu'une décapitation au couteau ! Il faut avoir le coeur bien accroché, c'est terriblement réaliste et glaçant.
On est immédiatement dans l'ambiance de cette abomination qui gangrène notre société.

Paul-Marie-Saladin de Nantiac de Rochermorteau, tout un poème...
Paul donc, étrange cocktail, jeune mec bien dans son époque d'un côté, et fils de famille de l'autre, d'ascendance noble, tiraillé entre deux mondes, un peu prisonnier du carcan et des conventions de la noblesse, fins de race ruinés à force de consanguinité comme il dit.
Fils de l'Occident, enfant privilégié qui va partir en guerre sainte par amour - de Maryam l'orientale qu'il a trahie, catholique comme lui - mais aussi par refus de son milieu raisonnable dont le coeur ne sait pas vibrer.
Hélas, Paul, malgré son jeune âge, est un affreux sexiste rétrograde. Il a une vision des femmes assez passéiste et il aime visiblement les comparaisons misogynes : "la Méditerranée est plate comme Jane Birkin en topless." (Page 183) ou encore "on pousse des cris de grognasse éméchée" (Page 292).
C'est tellement affligeant et révoltant de lire ce genre de choses encore en 2020, après que les femmes aient dénoncé les violences sexistes, physiques mais aussi verbales qu'elles subissent trop souvent de la part des hommes !
Paul est un personnage absolument pas attachant. Il est pleutre et versatile, une vraie tête à claques.
En fait, ce mec est carrément un sale con.

L'écriture est riche, imagée, actuelle, mais comporte parfois des termes désuets, et il m'a fallu souvent faire appel à Ecosia, mon amie virtuelle avant d'avoir l'idée de regarder à la fin du livre s'il y avait un glossaire des mots arabes... Bingo il était là !

Les religions m'intéressent énormément car elles font partie de notre culture mais j'ai été submergée par la piété religieuse presque jusqu'à l'écoeurement par moments.
Un peu trop pour moi qui suis farouchement athée... et pourtant c'est la religion tout l'intérêt de cette histoire.
Malgré une écriture érudite, j'ai trouvé que c'était beaucoup trop descriptif à tous les niveaux ; les lieux et surtout les ambiances. Paul intellectualise trop tout, à croire qu'il en oublie de vivre et de ressentir réellement. Il analyse à outrance jusqu'aux personnages : trois pages sur Bachar El Assad, j'ai trouvé ça un peu trop, surtout pour conclure qu'il est humain quand-même, le pauvre...
Je suis souvent parties dans mes pensées, abandonnant involontairement l'histoire, mes yeux lisaient, mon esprit vagabondait.
C'est dommage, j'aurais aimé être plus dans les événements, moins dans les souvenirs, les descriptions et l'introspection.

Pour résumer mon avis sur cette histoire de catholiques qui partent en Syrie en découdre avec Daech, j'ai trouvé le prologue prometteur, mais par la suite je me suis sentie submergée par un langage foisonnant et pompeux, et je me suis beaucoup ennuyée.
C'est dommage car on apprend beaucoup mais c'est noyé par la masse de vocabulaire alambiqué peu ou pas usité au quotidien, voire obsolète.
J'ai eu l'impression que l'auteur se faisait plaisir à étaler sa culture jusqu'à l'indigestion.
Je pense que ce roman est destiné aux férus de théologie, de géopolitique et qu'il est beaucoup trop pointu pour une profane telle que moi.
Là où je me suis ennuyée, d'autres crieront peut-être au chef-d'oeuvre.
En tout cas moi, je suis totalement passée à côté.
Lien : http://mechantdobby.over-blo..
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Un livre que j'ai découvert sur les recommandations de Fabrice Balanche, universitaire très reconnu spécialiste de la Syrie, et du blog "mare nostrum" https://marenostrum.pm/de-poudre-de-soufre-et-dencens-pierre-de-feydau/, et qui m'a donné envie d'écrire une première critique sur Babelio...
Voilà un texte qui ne peut laisser indifférent... dans une langue originale et enlevée parfois brutale mais qui prend aux tripes, mêlant érudition et argot, l'auteur nous emporte dans les affres de la guerre civile en Syrie. Son héros, mélange de panache et de lâcheté, part défendre les chrétiens d'orient dans une milice d'Assad à la recherche d'un amour perdu, une jeune syrienne qu'il a trahie. Mais son idéalisme naïf se heurte à la réalité d'un conflit où le Mal est multiforme, rusé, complexe... et lui même se perd peu à peu dans ce déferlement de violence dont il devient l'une des proies. A lire pour les descriptions magnifiques de la Syrie et de ses sites; pour tous ceux qui sont passionnés par l'orient, les questions de civilisation et de théologie; et pour se laisser emporter tout simplement par un style et une intrigue haletantes qui tiennent le lecteur jusqu'à la dernière page...
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J'ai reçu ce livre dans le cadre de la Masse Critique Babelio et je remercie Babelio et les Editions du Rocher pour la confiance accordée. J'ai beaucoup de mal à retranscrire ce que j'ai ressenti avec cette lecture: elle prend aux tripes et ne laisse pas insensible. A travers ce texte, on voyage au coeur d'une Syrie en guerre où tout est fragmenté et complexe, où la guerre et les attaques à la bombe sont le quotidien de milliers de gens. L'auteur prend le temps de décrire les paysages, l'histoire du pays et la vie des habitants dans ce pays en guerre. Ce livre nous montre aussi à quel point l'amour d'un Dieu, d'une femme ou d'une idée peuvent détruire et faire basculer bon nombre de vies. J'ai eu beaucoup de mal avec le langage parfois lourd et grossier mais surtout les nombreuses expressions arabes, russes, ...  : j'aurai préféré avoir des petites annotations en bas de page, qu'un glossaire à la fin découvert très tardivement ! Ce livre est riche en action mais parfois les points de vue religieux et politiques peuvent nous perdre, nous petits lecteurs dépourvus de notions géopolitiques et théologiques.
En résumé, j'ai aimé découvrir l'histoire de ce pays et comprendre comment des vies peuvent basculer, mais je me suis parfois perdue dans les longues descriptions religieuses et politiques. 
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Citations et extraits (16) Voir plus Ajouter une citation
_ Tu raisonnes en Occidental coincé ! Le Liban, c'est pas liberté, égalité, fraternité ! Je vais t'expliquer : du couffin au cercueil, on est tenu par le nasab, le lien du sang. Si l'on naît à Bikfaya on est aux Gemayel, aux Maronites, aux Kataêb et à l'Occidental way of life. Si l'on naît à Baalbek, on est au cheik Nasrallah, au chiisme, au Hezbollah et à l'Iran. Si l'on naît à Moukhtara, on est aux Joumblatt, aux Druzes et au Parti socialiste progressiste. Si l'on naît à Saîda, on est aux Hariri, au sunnisme et à l'Arabie saoudite. Sans compter Tripoli qui est au salafisme, les Palestiniens qui sont au Hamas, le hasch et les trafics qui sont à tous... Dix-huit confessions en armes qui se haïssent sur un territoire grand comme la Gironde, c'est la recette de la dynamite libanaise...
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C'est génétique, générique. Je suis configuré. Je ne peux déroger au pacte que les Nantiac ont signé avec l'Église romaine en répandant, de génération en génération, le contenu de leurs veines sur les sols hostiles du monde. Prendre la croix. Mourir pour le Christ, d'une main anonyme, dans la gratuité stupide d'une vaine escarmouche oubliée par l'Histoire, telle est ma vocation...
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Depuis que les empires ont crevé sous la botte de Clémenceau, vous nous avez inoculés le virus de la nation fondée sur la religion ou la race et c'est la guerre de tous contre tous : juifs, chrétiens, alaouites, druzes, kurdes, arabes sunnites, chiites... Dans ce chaos oriental, les chrétiens sont les plus faibles. Une variable d'ajustement. Ils payeront le prix du sang. C'est le maktoub, c'est écrit."
Youssef est mort dès les premiers jours de la révolution syrienne.
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On ne s'exonère jamais de l'histoire. Le passé ne disparaît pas, c'est un présent à retardement.
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Ce n'est pas que j'aime les Turcs mais c'était un oppresseur correct qui nous unifiait. Depuis que les empires ont crevé sous la botte de Clemenceau, vous nous avez inoculés le virus de la nation fondée sur la religion ou la race et c'est la guerre de tous contre tous : juifs, chrétiens, alaouites, druzes, kurdes, arabes sunnites, chiites...
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