petit livre qui se lit très bien, des petits textes très touchants avec de jolis tableaux pour illustrer
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En été 1941, les nazis entrèrent dans notre village. Uniforme impeccable, bottes étincelantes, ils arrivèrent sur des motos équipées de side-cars. Un jeune soldat vint nous assurer qu'il ne serait fait de mal à personne. Bientôt, cependant, les incursions se succédèrent. D'abord les nazis ordonnèrent aux juifs de leur remettre tout l'or et l'argent qu'ils possédaient. Par la suite, ils vinrent chercher des hommes pour les envoyer dans des camps de travail. La plupart du temps, les officiels du village, qui étaient amis de mes parents, nous informaient de l'arrivée des nazis. Nous prévenions alors les autres juifs. Juste avant Yom Kippour, nous amis nous avertirent qu'un raid se préparait.
Le jour de Yom Kippour, nous nous rendîmes donc dans les bois pour nous y cacher. Ma mère, mes sœurs et moi, nous partîmes dans une direction, mon père et Aron s'en allèrent en sens opposé. Après avoir passé la journée à errer dans les bois, nous parvinrent cependant à nous retrouver à la nuit tombante. Il était dit que nous serions tous réunis pour Yom Kippour, c'était dans l'ordre des choses, assura ma mère.
Les nazis occupèrent la Pologne occidentale tandis que les Russes prenaient position à l'est du pays. En l'espace d'environ deux semaines, notre région fut occupée par les Russes sans incident. Les communistes qui avaient été emprisonnés avant la guerre furent libérés. Les criminels qui se disaient communistes étaient également relâchés, ce qui n'avait rien de rassurant. Les pauvres accédèrent à des poses officiels sans avoir la moindre compétence en matière de gouvernement. Les riches furent envoyés en Sibérie, et leurs maisons données aux pauvres. Certains de ces riches citoyens distribuèrent quelques pots-de-vin aux officiels et obtinrent ainsi le droit de rester en Pologne. Il y eu également une pénurie alimentaire, mais elle ne nous affecta guère car la ferme nous fournissait la plupart des produits dont nous avions besoin. Il devint difficile de se procurer du pétrole et du sucre. Sous le gouvernement communiste, les commerces privés furent fermés. Les commerçants cachèrent alors leurs marchandises et, plus tard, ils les troquèrent contre de la nourriture auprès des paysans.