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EAN : 978B0049GZRJU
Gallimard (30/11/-1)
3/5   1 notes
Résumé :
Littérature - Gallimard nrf (1943) - Maurice FOMBEURE Arentelles - Gallimard nrf - 4ème édition
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
 
 
Poète de lecture courante, directe,
vivante, Maurice Fombeure pratique
une poésie tout à fait abordable.

Il adore pasticher les vieilles chansons,
dans un climat de joyeuseté contagieuse.

Sa fantaisie narquoise est un vrai rafrai-
chissement poétique, sur fond de mélan-
colie.

Avec lui la poésie cesse de faire mal à la
tête.

Verdeur, pittoresque, virtuosité bonne
santé campagnarde, une « poésie aux
joues rouges » comme le remarque fort
justement Robert Sabatier, dans son
Histoire de la Poésie Française du XXème
siècle.

Paul Claudel dira de lui :
« il faut lire Maurice Fombeure, c'est
quelqu'un qui parle français, un certain
français, un certain vers français, clair
et gai comme du vin blanc, et aussi adroit
et prompt dans son empressement
dactylique que le meilleur Verlaine, la
veine de François Villon et de Charles
d'Orléans. »


Ainsi ces quelques lignes qui suivent :

" BONJOUR AU VILLAGE
FLEUVES sans armures,
Forêts sans roseaux,
J'entends vos murmures
Au fond de mes os.
Rois de l'herbe tendre,
Assurés trompeurs
Vivant de sommeil,
Émaillés de pluie.
Sur cette rosace
J'ouvre ma voix lasse
et je dis « Bonjour »,
Bonjour au village
Posé dans le jour,
Bonjour à l'écluse
Qui chante toujours.
Bonjour à l'armoire :
Elle est la mémoire
Des vivants, des morts :
Grand-père à lunettes
Grand'mère à bandeaux.
Les deux chats ronronnent
Au sommeil du feu,
Les poules caquètent
Sous les figuiers bleus.
Terre des prodiges
Terre des mirages,
O mes jours anciens
Au fond d'une enfance
Dont je me souviens,
Au bord d'une vie
Qui n'a pas donné
Ce qu'elle tenait
Dans ses mains amies.
p.7-8


" LES CHANSONS DES PAUVRES GENS
À Jeanne Thiébaut.
LES chansons des pauvres gens
Ne sont pas des chansons tristes,
Anneaux d'argent elles disent,
Fiançailles et roses blanches ;

Des fées au bord des fontaines,
Des princesses sur les tours,
Le rire y paraît à peine
Vite, comme naît l'amour.

Des prairies baignées de lune
Où dansent des rubans bleus.
Quand elles parlent des morts
La terre leur est légère.

La douleur des pauvres gens
Ne pèse pas sur leurs chants ;
Elle y vient comme elle passe
Sans tambours et sans emphases.

Les chansons des pauvres gens :
Les filles de la Rochelle
Y font la guerre en chantant
Sur un brigantin d'argent.

Les chansons des pauvres gens :
Sont fausses comme nos rêves,
Mais l'espoir y chante et pleure
Plus vivace que la vie.
p.19-20


" LES HÔTES DES FORÊTS
PHANTASMES de la fièvre
Fantômes de rouliers
Aux cabans étoilés,
Fuyant comme des lièvres
Les cris du premier coq.
À la lisière bleue
Des forêts frémissantes,
Fougères à longs cils
Clairières du silence,
Lente flûte des pluies
Les harpes du grésil.
Squelettes de sorciers
Couleur d'arbre et de terre
Au bissac de mystère.
O sombres besaciers.
Des cerfs maléficieux
Vous suivent sur la mousse
Bossus comme les cieux,
Ennuagés de mouches.
Carrefours des orfraies
Loin du carroi des routes
Des armées en déroute
Que d'effarants secrets
Chuchote à mots couverts
Cette orée frémissante.
Les chênes décharnés
Battant sur le ciel nu
De la branche et de l'aile.
Les pleurs des tourterelles
Si rauques ingénus,
Ou les cris reconnus
Des ageasses batrelles,
Hantent mes nuits des villes.
O forêts du délire
Vous soufflez dans mon coeur,
Du zénith au nadir
Tout constellé d'horreur.
p.21-22


" ENCORE UN MATIN
Dans les sidéraux interstices
Nous avons lu notre destin.
Prophète aveugle, aigle, aruspice,
Tout s'efface au petit matin,

Avec les brumes des guérets,
L'écharpe blanche des rivières,
L'étoile au front de la forêt,
Le vent qui secoue sa crinière.

Le premier cheval qui s'ébroue
Arpente le plan cadastral.
L'homme s'épaule d'une houe
Premier levé — c'est ordinal —

Le son des fontaines chantantes,
Le bruit vif et vide des seaux,
Le départ d'une heure éclatante
Sous les colombes, les Verseaux.

Du fond des songes et des toiles,
Je sentais dans le vent d'amour
Qui me transmuait jusqu'aux moelles
La promesse aveugle d'un jour.
p.34-35


" MUSIQUES DE LA NUIT
PENDANT que tourne au loin
Le quadrille des ombres

Sous la lune d'été
Roucoulent des tambours.

S'évaporent des flûtes
Aux plaines noyées d'eau

L'orgue de Barbarie
Remoud de vieux chagrins

Aux escales de lunes
Naissent de lourds soupirs

Trombones du silence
Olifants de la brise

Tout s'use, se récuse
Ainsi la cornemuse

Fêlure du sommeil,
De la mélancolie.
p.36-37


" FLEURS DE LA VIE
DANS ce domaine posthume
Où tu venais passer l'été
Et que des parents économes et obstinés
Pour toi avaient acheté en se privant sur le sucre et le café

Un hippogriffe hypocrite
Pose sa griffe aux fruits mûrs.
Le soldat dans sa guérite
Écrit : « M…. pour l'adjudant »

Par delà le jardin brodé d'abeilles
L'institutrice épèle
« P-h-i-l-o-m-è-l-e
« Femme changée en rossignol ».

Le forgeron bat son enclume
Sur les rotondes de la mer.
L'aube fraîche sent la moule
Ruisselant d'algues et d'échos.

Bon chrétien, fleur d'antiphonaire
Passe le baron des Adrets,
Sa moustache de mousquetaire
Coupe le vent comme un agrès.

Mais l'impalpable mélancolie
Tisse et veille sur tout cela,
Le vent souffle une embellie
Et le vaisseau fantôme nous tire sa bordée.

Les fleurs pourrissent dans les jardins,
On voit des ombres dans le soleil,
Le curé perd à la manille
— C'est la grande peur de l'an mil —
p.42-43


" AH ! RETROUVER
AH ! retrouver aux fenêtres bancales
Sur le coteau qui penche vers la mer
La floraison d'étoiles zodiacales
Et le cheval noir et bleu de la mer.

Ah ! retrouver aux sources où la lune
Sème ses pas sur le sommeil d'argent
L'éternité de chacun sa chacune
Sous les tilleuls aux soupirs indulgents.

Ah ! retrouver le respir de sa race
Au bord des feux, des silences d'hiver.
Nos pas anciens y laisseraient leur trace
Vers les forêts qui soufflent à couvert.

Ah ! retrouver les jolies catholiques
Qu'on admirait le dimanche matin
Aux prés fleuris de la mélancolique
Colchique où point un automne incertain.

Ah ! retrouver jusqu'au fin fond des âges
Le pain d'enfance et des larmes de sel,
Au seuil moussu de ces calmes villages
Où quelque coq s'enroue dans l'irréel.

Ah ! retrouver nos peines et nos jours
À l'écart de ce tumulte dément
En quelque coin de ce coeur lourd d'amour
Que la vie blesse et panse doucement.
p.56-57
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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
NAISSANCES


CHANTE dans l'eau, chante dans l'air
Village du fond de mes os.

La bonne odeur du four à pain
Sous les figuiers, sous les corbeaux.

Je ne sais plus combien je t'aime
Combien je suis mêlé à toi,

Mon ombre passe sur tes murs,
Mon souffle fume sur les toits,

Les maisons grises, les maisons basses
Comme les ruches du rucher.

Tout un troupeau d'étoiles lasses
Le soir, tourne autour du clocher.

Naissance des seins, des colombes,
Naissance des roitelets…
Naissance d'un village entouré de ses tombes.

Le village crie, aboie, bêle
Dans une lumière éternelle
Au fond de la lune, au fond de la pluie,
Au fond de la marjolaine,

Au fond du bonheur, au fond de la France,
Mon village vit, se rendort, et danse
Au fond de ma peine.

p.13-14
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DE RIVE EN RIVE


De rive en rive, de côte en côte
Le soleil est un goëland
Le soleil vole en boule
Il picore les astres blancs.

Vos ténèbres sur mer
À grands coups de bisons
Qui luttent, brament, beuglent
— La Frise des Frisons —

Soleil, faites le reste
Terrestre royauté
Quand il joue les mouettes
Sur ses triangles de clarté,

L'Océan tonne, tonne
Et tonne à ciel ouvert.
La mer est monotone
Et triste comme l'hiver.

J'aime mieux dans mes rêves
Une grenouille d'eau
Qui chante et que soulève
Son tout petit sanglot.

p.132-133
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LE VENT, SES VOILES


LE vent courre grand'erre :
On entend approcher
Les foudroyants rouliers
Des routes du tonnerre.

Le vent glisse en bonace :
Aux peupliers pendues
Ses voiles détendues
Claquent sur les espaces.

Le vent chuchote à peine
Au chevet de ton lit,
S'effile à ton haleine
Siffle en mélancolie.

Il suffit d'une étoile,
D'un chat qui dort en rond,
D'un peu de bleu de lune
Pour apaiser ses bonds.

Le vent se couche tendre
Tigre aux rides des murs.
Sortez souffles, lémures
On ne peut vous entendre,

Suffètes du silence,
Stratèges du sommeil,
Soliloques des ombres,
Poussières du passé,

Semez sur ma maison
Vos pas couleurs de cendre.
L'ombre est en oraison :
On ne peut vous entendre.

p.123-124
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CRÉPUSCULES ANCIENS


LES jours — les anguilles sous roche —
Où la tête est comme une cloche,
Où l'on voit charger des aurochs
Dans les forêts d'aristoloches.

Des chevaux à carapaçon
Galopent au fond des chansons
Le cœur des belles se décroche
Au bruit des pistolets d'arçon.

Hennissez, bondissantes eaux
Où se dandinent les galères,
Cavalerie meuglante étale
Sur nos rives occidentales.

Toute ville fantomale
Carguée dans le grand vent du soir
Subit les astres les rafales.
Au cœur, les lampes de l'espoir

En attendant l'aube écarlate
Et la bise aigüe du matin.

p.32-33
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ARBRES


LES arbres ocellés
Balancés en plein ciel
Par les marées des mers
Par les ruées des vents,
Retentissants d'oiseaux
De pluies et de tambours
D'autres, hauts peupliers
Images du vertige,
D'un frémissant arroi
Escortent les rivières
Et les routes des rois…
Lentes arches d'amour,
Géants sombres et sourds
Des claires embellies
Des bourdonnants orages.
Souffles ammoncelés
De la terre apaisée,
Orgues mouvants des nuits
Quand ces vieux hommes roux
Culottés de velours
Épient les quatre vents
Vous renaissez encore
Murmures presqu'humains
Des arbres — ou des morts,
Promesse aux lendemains,
Chevelures d'aurores
Éparpillant oiseaux,
Feuilles, graines, samares.
Le ciel a vos flambeaux
Torches vives d'espace,
La terre a vos amarres.

p.30-31

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Video de Maurice Fombeure (3) Voir plusAjouter une vidéo

Le piéton de ParisLéon-Paul Fargue 1876-1947
Jean Marie DROTdans le salon d'Edmée de la ROCHEFOUCAULD présente l'émission consacrée à une journée du poète Léon Paul FARGUE. L'écrivain Joseph KESSEL, la princesseFrançois de POLIGNAC, l'artiste Marie MONNIER, le peintre André DUNOYER de SEGONZAC , le peintreAndré ROLLAND de RENEVILLE, le poète Maurice FOMBEURE, le professeur Henri MONDOR, l'abbé MOREL, la journaliste Claudine...
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