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EAN : 9782226333056
368 pages
Albin Michel (01/10/2014)
3.64/5   7 notes
Résumé :
Le Nouveau Monde, continent « imprévu » ne figurant sur aucune carte, a longtemps troublé les visiteurs venus d'Europe. La radicale étrangeté de ceux qu'ils nommaient « Indiens » par erreur suscitait en effet leur étonnement. Ils admiraient leur hospitalité mais critiquaient leur sexualité débridée, leur cruauté, se demandant si ces êtres étaient des humains à part entière. Le « Bon Sauvage » n'était-il pas plutôt un « affreux Barbare » ?

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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
J'aime bien l'une des phrases de présentation de l'éditeur : le « bon sauvage » n'était-il pas plutôt un « affreux barbare » ?

On pourrait sans nul doute approuver ce constat en parcourant les nombreux documents réunis par l'auteur, présentés par zone géographique et recouvrant à peu près 4 siècles d'histoire. Ce sont de véritables documents à charge, à quelques exceptions près, qui brossent le portrait de l'affreux sauvage : celui-ci est dépourvu d'intelligence, aime la pacotille -qu'on échange volontiers contre des objets utiles – se promène presque nu et n'a donc aucune pudeur, prend plaisir à scalper ou torturer, passe sont temps à danser au lieu de travailler aux champs, n'hésite pas à prendre plusieurs concubines. Il est aussi rusé que sournois, cruel et aime raconter des histoires sans queue ni tête. C'est le choc des cultures entre celui qui découvre un continent vaste et vierge, se croyant investi d'une mission divine, persuadé d'appartenir à un peuple civilisé, et celui qui va subir ces intrusions et se voir dépossédé de sa culture, quand il ne se fait pas tout bonnement rayer de la carte.

Evidemment, seul le point de vue de l'envahisseur est donné puisque les relations de voyage étaient inconnues des indigènes chez qui la tradition orale était source de communication. Et pourtant, malgré une approche globale négative, due à une ignorance crasse, la peur de l'autre ou le poids des préjugés, quelques voix se font entendre pour prendre la défense des sauvages.

L'un des documents est un extrait de la célèbre relation de voyage de Cabeza de Vaca que j'ai dû lire il y a bien une dizaines d'années et que j'aimerai bien présenter ici. Un document d'une grande valeur historique et ethnographique, doublé d'un témoignage émouvant.

A lire mon billet, il ne faudrait pas croire que deux camps s'opposent dans cette multitude de récits, les méchants blancs d'un côté et les gentils autochtones de l'autre. Je me garde bien d'un avis aussi tranché et je pense que c'est aussi tout l'intérêt de cet ouvrage. La bêtise, la cruauté et la cupidité ne sont pas l'apanage des sociétés civilisées. Pour autant, rien ne pouvait justifier ces spoliations, ces massacres, ces destructions. Un pan entier des cultures Amérindiennes a disparu par les fautes des navigateurs, des aventuriers, des colons.

Enfin, je terminerai sur la belle conclusion de l'auteur qui s'interroge sur le silence des vaincus. Lorsque la parole sera donnée aux Amérindiens alors l'Histoire sera complète.
Lien : https://labibliothequedefolf..
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Docteur en langue et civilisation américaines, Marie-Hélène Fraïssé présente dans cet ouvrage des rencontres entre les populations du continent américain et celles de diverses vagues d'immigration, à différentes époques. Les premières conquêtes et les chutes des civilisations précolombiennes occupent une place importante, mais la colonisation du Nord du continent aux XVIIIe et XIXe siècles est également évoquée.

Cet essai historique décrit des pratiques et des coutumes des autochtones. En effet, leurs particularismes ont interpellé ou choqué les allochtones, et ont souvent servi de prétexte aux conquêtes et exactions. Sous toutes les latitudes, les nouveaux arrivants se sont montrés violents et cyniques, sous couvert de religion ou pas.
Ce livre ne sombre jamais dans la caricature. Ainsi, il souligne le rôle des maladies infectieuses importées dans la disparition de populations ou civilisations. Il présente également des rencontres et des échanges plus respectueux ou équilibrés : trocs, collaborations (militaires, contre d'autres autochtones)…

Se succèdent dans cet ouvrage des témoignages d'allochtones (conquérants, explorateurs…), précédés de brefs résumés ou commentaires de l'auteur. Ce sont ces propos introductifs qui m'ont le plus intéressé, tandis que j'ai éprouvé un intérêt très inégal selon les divers témoignages cités. Certaines citations m'ont paru passionnantes, alors que j'en ai sauté d'autres, trop redondantes, ce qui ne m'a pas empêché de comprendre la suite.
Comme l'indique l'auteur, les témoignages et avis des autochtones sont les grands absents de cette fresque, hélas, faute de matière première.

En résumé : une lecture intéressante mais parfois un peu fastidieuse. Heureusement chacun peut s'attarder sur ce qui l'intéresse le plus - la partie consacrée à la conquête d'Hernán Cortés pour moi.
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Après l'épopée de Lewis et Clark (Lewis et Clark : le grand retour La piste de l'ouest) il fallait bien en connaître plus sur cette découverte du continent nord américain par les Européens.
Marie-Hélène Fraïssé, journaliste, grand-reporter (géo, Radio France), productrice d'émissions à France-Culture, où elle dirige le magazine hebdomadaire Tout un monde, auteur d'essais historiques sur l'époque coloniale américaine et les « premiers contacts » avec les Amérindiens (merci wikipedia) paraissait être "la" référence sur le sujet. J'ai donc accepté l'offre de l'éditeur (merci!)

Copieux, sérieux, mais pas du tout indigeste, voilà un livre couvrant bien le sujet. Comme chacun sait, Christophe Colomb n'a pas découvert l'Amérique, il y eut un épisode viking, et de toute façon le continent était déjà habité, cultivé, connu, bien avant, par des populations ayant déjà nommé fleuves et montagnes...
" 'La grande eau'. C'est ce que signifie mississipi en langue algonquienne. L'artère centrale de l'Amérique du nord, rare privilège, a conservé le nom que lui donnaient ses riverains d'origine. Une exception dont bénéficie également son affluent principal, le Missouri, 'peuple des grands Canots' dans la langue sioux.
Il s'en fallut de peu, à vrai dire."

Espagnols, français, anglais, (russes) ont fait des pieds et des mains pour explorer, cherchant d'abord une route vers le continent asiatique, mais aussi être les premiers à commercer, ou à prendre possession des terres sans se préoccuper d'habitants antérieurs (que pourtant ils rencontrent!).
De nombreux documents (rapports, journaux, etc) sont reproduits, sur les contacts, pas forcément les premiers (souvent sans témoignage écrit), entre Européens et populations du grand nord, des côtes est puis ouest, des grandes plaines, sans oublier le sud en venant du Mexique. Passionnant, instructif, et souvent désolant tellement les autochtones sont mal perçus.
Il reste à écrire l'histoire avec les 'voix' des peuples indiens, souligne Marie-Hélène Fraïssié.

"Partout, le pays apparaît sillonné de pistes, semé d'habitats saisonniers, nommé dans ses moindres ruisseaux, ses plus modestes collines. Contrairement à ce qui était annoncé, avec des vibratos dans la voix, le Great Unknown (grand Inconnu) de l'Ouest n'est pas une Terra Nullius, Terre de Personne. Plutôt un immense réseau extensif de peuples divers, aux modes de subsistance et aux croyances souvent comparables. L'arrivée des blancs va en quelques décennies, moins à travers des opérations militaires ou des campagnes d'extermination, que par l'effet des maladies, l'alcool, la chasse immodérée des millions de bisons, les perturbations des modes d'échange et du lien social traditionnel, les réduire presque à néant."

Une seule remarque : à force de voyages et lectures je finis par connaître ce continent mais une ou deux petites cartes n'auraient pas nui, je crois.
Pour poursuivre cette lecture:
Allez voir (par exemple) l'entrée Haïda sur wikipedia

Plusieurs oeuvres du peintre Catlin sont au musée du quai Branly. Si je comprends bien des indiens ont été embarqués en France et montrés au roi.
Lien : http://enlisantenvoyageant.b..
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Marie Hélène Fraïssé est grand reporter pour Géo, et productrice à France Culture.

Elle a rassemblé dans ce livre des comptes rendus de premiers contacts avec les Amérindiens et les Inuits, faits par les découvreurs de l'Amérique du Nord : Anglais, Français, Espagnols, Etats-Uniens et Canadiens franco ou anglophones. Certains écrivent au Roi, ou au Chef de Colonie, qui les a mandatés pour conquérir de nouveaux territoires, si possible riches en or et argent.

Ces récits sont classés chronologiquement, en commençant par les côtes de l'Est bien avant Colomb (les Vikings ne se sont pas contentés du Groenland), puis, aux XVIIIème et XIXème siècles, le Grand Nord des Inuits et les grandes rivières du centre (Mississipi, Missouri, le Passage du Nord Ouest vers le Pacifique), enfin le Sud hispanique.

Dans un premier temps, les Européens sont en position d'infériorité ; ils ont besoin d'orientation, ils ne comprennent rien aux innombrables langues et aux coutumes de leurs interlocuteurs. Ils ont besoin des Indiens, d'abord pour ne pas se faire tuer, puis pour comprendre le territoire et l'exploiter, en y établissant leur drapeau national.

Ils se font séducteurs en proposant, contre les fourrures indiennes (infiniment plus demandées que dans notre civilisation du chauffage), des chevaux et des armes a feu (qui vont déséquilibrer les hiérarchies entre peuples indiens) et, hélas, de l'alcool.

Ils ne savent pas eux mêmes qu'ils sont porteurs de mort, avec une pléiade de microbes et virus contre lesquels les Indiens n'ont jamais développé d'anticorps. On ne voit pas bien ce qu'auraient pu faire les Indiens, s'ils s'étaient suffisamment méfiés.

Ce livre n'est pas une description ethnologique de l'Amérique indienne et inuit ; cependant, la concordance des observations, sur la structure familiale ou la chasse par exemple, dégage les caractéristiques communes.

On trouve aussi des notations qui rappellent le beau livre que le regretté Alain Testart a consacré à la période qui s'étend « Avant l'histoire » ou les observations de Claude Lévy Strauss au Brésil (Tristes tropiques).

L'immense majorité des « découvreurs » n'avaient aucune préoccupation scientifique. le livre décrit cependant une belle exception, la grande enquête photographique d'Edward Curtis, soutenu par le Président Theodore Roosevelt (1900-1930).
Lien : http://www.bigmammy.fr/archi..
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L'histoire est faite par les vainqueurs, cette maxime est excellemment illustrée par l'auteure qui raconte la vie méconnue des habitants premiers des Amériques qui n'est documenté que par les envahisseurs, les indiens ayant la mauvaise idée d'avoir une tradition orale.
Pourtant on peut quand même découvrir à travers les préjugés de l'époque une civilisation bien plus évoluée et riche où le terme de barbare est bien partagé.
Le mécanisme des colonisations se répète à travers les temps.
Des récits passionnants qui en disent autant sur une civilisation mal connue que sur nos sociétés soit disant civilisées.
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Silence forcé, bien souvent. Celui de Raoni, l’Indien médiatique, invité à faire sa danse de guerre au « Grand Journal », mais auquel on coupe la parole dès qu’il commence à évoquer la vraie raison de sa venue : la mort programmée de son peuple les Kayapos, envahi, déplacé, prolétarisé au nom du « développement » dont la face inégalitaire et cynique se révèle chaque jour.
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Vidéo de Marie-Hélène Fraïssé
KALEVALA – Plongée dans la poésie finnoise (France Culture, 2010) L’émission « Tout un monde », par Marie-Hélène Fraïssé, diffusée le 5 septembre 2010 sur France Culture. Invités : Gabriel Rebourcet et Jean-Luc Moreau.
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