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EAN : 9782702120859
648 pages
Calmann-Lévy (01/04/1992)
4.5/5   1 notes
Résumé :
L'abondante correspondance que Sigmund Freud et Sandor Ferenczi ont échangée de 1908 à 1933 représente un précieux document à plusieurs titres. Publiée en trois volumes, elle fait découvrir deux hommes, le lien d'amitié très fort qui les rapprocha rapidement, leur stimulant échange intellectuel qui fut un véritable laboratoire d'idées nouvelles. Elle permet également de suivre pas à pas les étapes de l'aventure psychanalytique et de son rayonnement international. Fe... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Les échanges d'une extrême diplomatie entre Freud et Ferenczi couvrent, sur cette période de 1908-1914, des événements qui furent déterminants pour la constitution de la psychanalyse.


Ferenczi s'y impliqua avec une grande ferveur, soutenant les travaux de Freud et acceptant d'infléchir aux siens la direction qui semblait à Freud la plus favorable. L'enthousiasme de Ferenczi pour les recherches en parapsychologie ne connaîtra qu'une très brève période d'expansion, vite tempérée par la prudence de Freud qui craignait que sa psychanalyse ne soit associée à des manigances de bonne femme. Nous le découvrons par ailleurs, cédant facilement à la jalousie que lui inspirent ses comparses dès lors qu'ils investissent d'un peu trop près le sillage du maître. Revenant à sa juste place à chaque fois que Freud le lui rappelle, Ferenczi ne se gêne cependant pas pour régler son affaire à Jung lors du conflit intellectuel qui l'écarta de Freud à propos de l'orientation de la psychanalyse. Cette différence peut s'énoncer assez simplement en indiquant que Jung cherchait à faire de la psychanalyse une initiation, c'est-à-dire une discipline qui permettrait la conquête de l'attribut imaginaire de la toute-puissance, alors que la psychanalyse, comme le dira Lacan à son tour, est une anti-initiation. Avant d'en arriver là, Ferenczi le premier a procédé à un démontage en règle de la psychologie analytique de Jung.


Les années 1908-1914 sont aussi marquées chez Ferenczi par son dilemme amoureux qui le partage entre Madame G. et sa fille Elma ; chez Freud par son travail sur Totem et tabou ; et chez eux deux, ainsi que chez Jung, par leur voyage aux Etats-Unis au cours duquel ils inoculeront aux américains la « peste » de la psychanalyse, à laquelle les américains trouvèrent d'ailleurs bien vite un remède définitif en s'injectant de l'ego analyse.
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Citations et extraits (27) Voir plus Ajouter une citation
Fort de cette expérience, doit-on adhérer à l’occultisme ? Certainement pas : il ne s’agit que de transmission de pensées. Si celle-ci peut être démontrée, il faut la croire – il ne s’agit pas alors d’un phénomène Ψ, mais de quelque chose de purement somatique, ce qui constitue toutefois une nouveauté de premier ordre. Pour l’instant, taisons-nous, silence absolu sur l’affaire. Le seul que j’ai mis dans la confidence est Heller qui, il est vrai, a fait des expériences avec elle. Nous initierons Jung à un stade ultérieur, lorsque nous en saurons plus, car pour l’instant c’est vraiment bien peu, et il doit être facile d’augmenter le matériel en posant des questions claires, en renonçant à ce qui touche à l’avenir, et en tenant compte des petites supercheries.

[Freud]
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Note du 25 VII 1910
Le patient s’allonge, comme d’habitude. Mais, tout excité, il se relève aussitôt d’un bond : « Je sens une forte odeur d’allumettes au phosphore. » « Qu’est-ce que c’est que ces vermisseaux que vous avez là sur le divan ? Il y en a des quantités ! » « Cordonnier et gaz de volupté » [Allusion à une blague hongroise]. « Scholem alechem. Salem Aleikum. »
Remarques [Association libre] :
J’ai eu, ce même jour, des rapports sexuels. L’idée m’est venue que ce n’était pas bien d’utiliser la même couche pour le gagne-pain et pour les exploits amoureux. Celle avec qui j’ai eu des rapports appelle les spermatozoïdes « vermisseaux ». […] J’ai pensé, le même jour, à la possibilité qu’une personne au nez fin pourrait sentir que quelque chose s’était passé là. [Il est peu probable que des traces matérielles soient restées sur le divan. On y a veillé. Mais on ne peut exclure cette éventualité].
La veille, j’avais parlé (en compagnie de la même femme) avec un Monsieur qui avait donné son opinion sur le jargon juif ; j’avais mentionné, notamment, les mots Salem Aleikum qu’il a corrigés, lui, en Scholem alechem. […]
A la suite de ces idées, le patient apporta d’autres associations, qui concernaient directement sa maladie, c’est-à-dire sa personne.


Ferenczi
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Croyez-moi, je n’ai gardé de votre compagnie, pendant le voyage, que des souvenirs chaleureux et sympathiques, bien que votre déception m’ait souvent fait de la peine, et que je vous eusse voulu différent à bien des égards. La déception vient de ce que vous espériez certainement baigner dans la stimulation actuelle permanente, alors que rien ne me répugne davantage que de pontifier et que, souvent, je me laisse aller, par pur esprit de contradiction. Ainsi étais-je probablement, la plupart du temps, un monsieur d’un certain âge tout à fait ordinaire, et vous avez mesuré avec étonnement la distance avec votre idéal imaginaire. D’autre part, j’aurais souhaité que vous vous arrachiez à ce rôle infantile, que vous vous comportiez de pair à compagnon, ce que vous n’avez pas réussi à faire et, d’un point de vue pratique, que vous exécutiez d’une façon plus fiable votre part de la tâche, à savoir l’orientation dans l’espace et le temps. Mais en réalité vous étiez inhibé et rêveur. Suffit pour les tentatives pédagogiques.

Freud
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En ce qui concerne la garde-robe, j’emporte en plus des costumes de voyage, un frac et un habit. Le premier est probablement superflu. Pour le voyage en bateau, ne pas oublier un bon manteau. Il vaudrait mieux acheter les chapeaux hauts-de-forme là-bas, car ils sont difficiles à transporter ; et ensuite, avant de repartir, les jeter dans l’océan.

[Freud]
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Le mari traça quelques lignes en l’air, jusqu’à ce qu’elle se mette à trembler et que ses yeux se ferment. Puis il ressortit. Elle se saisit immédiatement de ma main droite et commença à parler, sans attendre mes questions, d’une voix tremblante, mais l’élocution étonnamment fluide. Je ne pus malheureusement pas retenir grand-chose, ni rien noter. Elle dit, que j’avais beaucoup à lutter, que souvent le sol se dérobait sous mes pieds, que bien des gens se mettaient en travers de mes projets ; que j’étais trop bon, trop désintéressé. Mais que je devais rester ferme et continuer comme j’avais commencé ; qu’il y avait des gens qui m’aidaient, pas avec de l’argent, mais avec des mots. Qu’à la fin, je me frayerais un passage, comme un héros, « pas tout à fait dans ce domaine », « quelques changements seront encore nécessaires ». Que tout ce que je pourrais, c’est subvenir à mes besoins, « me maintenir à flot », mais que je ne deviendrais pas riche ; la satisfaction de la reconnaissance ne se ferait pas attendre longtemps, etc. Puis elle s’arrêta soudain de parler.
Ces phrases beaucoup trop générales semblent toutefois avoir éveillé en moi certains affects (de nature infantile) ; je ressentais une sorte de saisissement auquel, du reste, je me laissai aller ensuite, intentionnellement, voulant ainsi favoriser l’expérience.


[Ferenczi]
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