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EAN : 9781090090157
Steinkis Editions (16/01/2013)
3.78/5   18 notes
Résumé :
Pad a quitté le Vietnam pour la Chine il y a cinquante ans.
À l’occasion du mariage de sa petite fille, elle revient sur son histoire et celle de ses proches.

Au rythme d’un portrait par chapitre, Pad évoque d’abord sa belle-mère, Lan, et Huong, sa mère. Les vies de ces deux femmes sont encore très marquées par la tradition : la première est mariée en fonction des horoscopes, la seconde selon la tradition de l’ethnie hmong à laquelle elle app... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
"Mon fiancé chinois" est le 1er roman graphique de Laure Garancher. Ayant appris à dessiner avec sa mère, professeur de dessin, et avec sa grand-mère, peintre, Laure a "jeté" dans ce roman un peu de son histoire personnelle, une histoire où la femme et les relations entre les femmes de tous âges et de toutes conditions tiennent une place privilégiée. Spécialisée dans les politiques de santé, Laure a passé 3 ans au Vietnam où elle a travaillé pour l'OMS : les montagnes du nord du pays, les rizières (en page de couverture) et la population hmong l'ont ici indiscutablement inspiré.

"Mon fiancé chinois" est publié chez Steinkis, une maison qui publie des livres réputés accessibles et stimulants autour du thème de la relation à l'Autre. "Mon fiancé chinois" décline donc le thème des relations entre la Chine et le Vietnam vues du côté des peuples, des cultures et des civilisations. Dans cet ouvrage, le lecteur trouvera évoqué avec pudeur, sans ostentation mais avec quelques clins d'oeil, les questions d'identité, d'appartenance, de rôle et de place laissée à la minorité hmong : cette évocation fourmille de détails, qu'ils soient religieux (le chamanisme et l'animisme en page 58), ethniques (la place du Vietnam par rappport au "grand-frère" chinois), sexuels (la sexualité étant cantonnée au rôle de reproductrice de la mère), politiques, scolaires ou autres (voir infra).

Sous un format réduit (par rapport aux BD habituelles), l'ouvrage nous propose 4 portraits, quatre histoires de famille, entre tradition et modernité, de la Chine au Vietnam : en couverture (de couleur rouge, la couleur du bonheur chez les Chinois), vous avez Pad, jeune femme hmong de 17 ans, réservée, disciplinée, en sandales de bois et costume traditionel, regard dirigé vers le bas, soumise, n'ayant pour tous biens qu'une mallette en cuir raccomodée ; comparez-la avec Tao, en quatrième de couverture, jeune chinois de 20 ans, en baskets délassées, au regard vif et pétillant, mains dans les poches ! "Mon fiancé chinois" est construit sur l'histoire de Pad: "Cela fait presque 50 ans que j'ai quitté le Vietnam pour la Chine ... que j'appartiens à une famille chinoise et que j'ai fait miennes son histoire et ses traditions. Ce soir, on marie Kim, ma seule petite fille, la fille unique de mon fils, Jin". L'ouvrage est construit en 5 chapitres: le 1er retrace l'enfance de Lan, la grand-mère de Pad, le 2nd retrace l'enfance de Huong, la mère de Pad, le 3ème retrace l'enfance de Tao, le mari de Pad, le 4ème retrace l'enfance de Pad, et le 5ème retrace la relation entre Tao et Pad, se concluant par la naissance de Jin, puis le mariage de Kim, seulement mentionné. Un arbre généalogique, situé en fin d'ouvrage, nous permet d'identifier les personnages de l'histoire.

"Mon fiancé chinois" montre, plus qu'il ne dénonce, des sujets qui sont au coeur de l'actualité et des préoccupations des peuples concernés : l'obligation de s'en remettre à l'entremetteuse (page 10), ici vieille et édentée, comme à l'astrologue (page 13) qui préside traditionnellement au rapprochement entre futurs mariés ; l'obligation (page 14) de faire des cadeaux symboliques à l'occasion du mariage ; le grand-marché (page 34) qui est le lieu de rencontre entre les jeunes ; l'omniprésence des interdits (on ne peut pas épouser un homme du même clan que le sien) ; la place réduite laissée aux minorités (les langues hmong et vietnamienne diffèrent autant que le breton et le français) ; le rôle ambigü de la scolarité (qui enrichit les individus sur le plan du savoir et de la connaissance mais qui « ne fait pas pousser le riz ») ; un penchant récurrent pour la boisson et l'ivresse qui touche, sous couvert de trinquer au bonheur, à la prospérité, à la carrière, au beau temps … les jeunes comme les moins jeunes (pages 37 et 43) ; le ridicule avec lequel sont singés les comportements occidentaux (voyez en page 42 le pyjama dont on habille le jeune Tao) ; les enfants scolarisés qui caricaturent les profs mais qui tremblent en rapportant un mauvais bulletin scolaire à la maison, quand bien même ils auraient des cours de soutien (page 45) ; les adolescents qui ici aussi obtiennent un baladeur à 14 ans et un ordinateur portable à 16 ans (page 49). L'histoire contemporaine de la Chine et du Vietnam est assez peu évoquée : Mao Dze Dong et Deng Xiao Ping sont à peine mentionnés (page 19) ; il n'y a qu'une seule page sur les slogans à la gloire de l'enfant unique et à la victoire du prolétariat ; c'est du bout des lèvres qu'on apprend (page 51) qu'on peut là-bas réussir ses examens en versant des pots de vins aux professeurs ; la course à l'effort personnel et à la médaille est à peine évoquée (voyez en page 51, quand Tao est nommé Manager Adjoint pour avoir réussi à apporter une caisse enregistreuse dans son restaurant) ; mais (page 63), l'arrivée de la TV au village constitue bien un événement extraordinaire, tout comme (page 64), la venue des premiers occidentaux dans les villages reculés ; la vente des jeunes filles (page 74) par leurs propres familles, la confection d'albums de photos de mariage vécu comme un événement romantique (page 79), l'exploitation de la femme au travail qui trime de 7h00 à 22h00 sans recevoir le moindre argent (page 83), l'idéalisation de l'actrice TV ou cinéma au sein de la jeunesse (page 83), le jeu de Mahjong comme occupation préférée de l'homme Chinois, la place de choix encore laissée actuellement aux belles-mères, voici autant de touches que Laure Garancher apporte à son tableau impressionniste ; enfin, le lecteur est invité (page 51) à ne pas trop faire la morale à un pays, la Chine, qui produit la moitié de ce que le Monde consomme : une sorte de leçon de morale ?

Laure Garancher stimule notre réflexion et ouvre notre esprit, n'hésitant pas à nous faire quelques clins d'oeil : ainsi, Tao (page 42) n'aime pas trop le riz (et pourtant il est chinois), préférant la pop musique (page 48), les jeux vidéo et la bière qu'il boit avec ses potes (page 51) ; ainsi Pad, va arrêter les cours pour ne pas fâcher l'esprit de son grand-père (page 61) et parce que lire et écrire « ça ne va pas faire pousser le riz plus vite » ; ainsi, dans tout bon repas vienamien (page 66), il y a un grand nombre de plats que chacun est invité à déguster avec tous les convives.

Certes, les visages sont stylisés, les textes succincts et il n'est point question ici d'analyse psychologique fine. Mais la mise en page, la taille des dessins, les couleurs choisies et les thèmes mis en évidence dans cet ouvrage sont le fruit d'un travail indiscutable. Sans concession, truffé de détails croustillants et d' « inventions » (en page 63, les épisodes TV sont dessinés au format écran TV ; en page 65, il y a des dessins dans des dessins ; en page 76, les dessins présentant Pad et Tao en train de préparer leur rencontre sont présentés en miroir), l'ouvrage de Laure Garancher n'est pas réservé aux enfants des CM2 et 6èmes. "Mon fiancé chinois" se laisse agréablement lire et nous porte à méditer, car, au final, peut-on (page 86) échapper à ses traditions ? Probablement, et Laure Garancher en veut pour preuve le parcours personnel de Kim (page 88) qui va se choisir son mari et son employeur, rompant ainsi avec des traditions ancestrales. D'ailleurs, l'arbre généalogique situé en fin d'ouvrage ne nous montre pas Kim car elle a échappé à la tradition !
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J'ai pléthore de cousins et cousines, que pour la plupart je ne connais que de vu. Il y a quelques artistes parmi eux, dont les productions circulent au fil des rencontres et des anniversaires. C'est comme cela que j'ai découvert cette bande-dessiné. Je ne peux donc prétendre à la neutralité en la critiquant, mais peu importe car il se trouve que le sujet parle pour lui-même.

En Chine, on le sait, existe depuis quelques décennies ce que l'on appel la « politique de l'enfant unique ». La plupart le savent sans doute également, cette politique a engendré un fort déséquilibre démographique entre hommes et femmes. Conséquence, beaucoup d'homme chinois désirant se marier ne trouvent tout simplement pas de femme. Pour ceux qui en ont les moyens, il existe une solution : en « importer » une d'un pays voisin plus pauvre.

Nous suivons donc deux destins. D'un côté, une jeune laotienne née dans un village montagnard, faisant le choix de quitter son pays pour fuir un amour impossible, mais également attiré par ce qui à nous paraît confort élémentaire, et à elle un luxe et une richesse incroyable : vêtement occidentaux, eau courante, voiture, télévision… Elle va donc quitter son village et tous ceux qu'elle connaît pour partir vivre dans un pays qu'elle ne connaît pas, au milieu d'un peuple dont elle ne parle pas la langue, pour épouser un homme qu'elle n'a jamais vu.

Ce dernier est un pur produit de la bourgeoisie chinoise. Fils ainé d'une famille cossue, il a toujours été traité en petit roi par ses parents et grands-parents. Une fois adulte, il fait preuve – mais faut-il vraiment s'en étonner – d'une certaine mollesse de caractère, à cause de laquelle il peine à mener un projet à bien ou construire une relation suivie. Mais sa mère, qui a barre sur la totalité de la famille, a bien l'intention d'avoir un petit-fils pour hériter du nom et de l'entreprise familiale…

Une forme originale pour découvrir un sujet souvent évoqué par la presse, mais rarement traité dans la littérature occidentale.
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Pad est vietnamienne. Elle appartient à un clan Hmong. Elle a passé une enfance joyeuse au sein de sa famille, entourée de l'amour de ses parents et de ses frères et soeurs. Son éducation s'est faite dans le respect des traditions ancestrales de son clan. A l'âge de 7 ans, Pad rentre pour la première fois à l'école. La scolarisation n'était pas systématique mais une décision gouvernementale impose le fait que tous les enfants doivent savoir lire et écrire.

A l'adolescence, elle déclare sa flamme à Nam, son cousin. Leur union est pourtant impossible. le père de Nam organise rapidement le mariage de son fils avec une fille d'un autre clan. Pad devient morose. Pour sortir de cette déprime, elle ressent le besoin de quitter son village natal. Ce projet coïncide avec la venue d'un étranger au village. Ce dernier se heurte au chef du village qui refuse la proposition de "vendre" des filles du village à des familles chinoises dont le fils cherche à se marier. Mais Pad parvient à convaincre sa famille.

Quelques semaines plus tard, elle rencontre Tao avec lequel elle fondera un foyer.

-

Laure Garancher livre un premier album très agréable. Découpé en cinq chapitres, l'auteure nous permet de découvrir les traditions et le quotidien de deux peuples. Ainsi, nous plongeons aussi bien dans les plaines et rizières du Vietnam que dans le quotidien d'une famille de restaurateurs chinois. de part et d'autres, des hommes et des femmes respectueusement attachés aux us et coutumes de leur pays (pas d'union au sein de deux personnes d'un même clan pour les Hmongs, les conséquences de la politique chinoise de l'enfant unique sur les naissances…).

Le souhait de l'auteur était clair ; travaillant au sein de l'OMS depuis des années et amenée à s'installer à long terme dans certains endroits du globe, elle a souhaité partager ce qu'elle a appris et vécu lors de son séjour de trois ans au Vietnam.

Le personnage de Pad sert de fil rouge aux cinq chapitres de l'album. Un ouvrage qui nous permet de découvrir quatre destinées essentiellement féminines (la belle-mère et la mère de Pad, Pad et Tao (son mari chinois) ; le cinquième chapitre est quant à lui consacré au quotidien de Pad en Chine.

De très courtes transitions narratives permettent au lecteur de passer facilement d'un portrait à l'autre. le premier chapitre présente la belle-mère du personnage principal et nous permet d'aborder la question des mariages arrangés et de l'avortement (la politique de l'enfant unique conduit de nombreuses femmes à avorter lorsqu'elles sont enceintes de filles). le second chapitre s'intéresse à la mère de Pad et décrit les conditions de vie difficiles des Hmongs, leurs traditions et la chaleur de leurs foyers. le contraste est réel entre la Chine et le Vietnam : familles nombreuses / enfant unique, développement personnel / promotion sociale… le point commun de ces deux cultures : les traditions qui sont la clef de voute de leur organisation et de leur quotidien. Au troisième chapitre, Laure Garancher revient en Chine et présente le personnage de Tao. L'auteur décrit l'accueil de l'unique enfant du couple (en raison de la législation en vigueur sur la réglementation des naissances), les IVG nombreuses quand la mère apprend qu'elle est enceinte d'une fille, la fierté de donner naissance à un garçon qui pourra assurer la lignée de sa famille. Couvert d'attentions et de cadeau, sa vie change radicalement du jour où il est en âge d'être scolarisé. Dès lors, on attend de lui l'excellence. le système éducatif décrit est assez violent.

LEs deux derniers chapitres se penchent enfin sur Pad : son enfance, son mariage avec Tao qui, malgré l'aspect mercantile de leur rencontre, se fera dans le plus strict respect des traditions. La personnalité de Pad, joviale et de nature optimiste, influence pour beaucoup l'ambiance de cet album. Aussi fictif soit son personnage, il permet à son auteur d'aborder toute la richesse et la complexité de cette culture vietnamienne. Les dessins complètent les propos de nombreux détails graphiques (notamment concernant les costumes traditionnels hmongs). le trait rond de Laure Garancher apporte beaucoup de quiétude à cet univers et les couleurs d'Hélène Lenoble sont chaleureuses.

La lecture est agréable. Deux petits griefs cependant : l'album a une odeur assez désagréable, rares sont les encres qui m'indisposent ainsi. le second est lié au scénario : l'album s'ouvre sur un face à face avec Pad. le lecteur découvre alors une vieille femme qui explique avoir quitté le Vietnam depuis 50 ans. Compte tenu de l'ambiance graphique, il est inconcevable d'imaginer que ce témoignage nous vienne du futur… et pourtant. Je trouve ce choix dommageable car il rappelle en permanence le fait que Pad soit un personnage fictif. Cette femme âgée qui surgit ponctuellement est irréelle, elle semble avoir été plaquée sur le scénario, sa présence dénote avec l'ensemble du témoignage. On aurait tendance à ne pas donner au reste du récit la portée qu'il convient de lui donner.

Une certaine sérénité émane de cet album. Il y a beaucoup de spontanéité dans les propos des personnages, beaucoup d'humanité dans le témoignage de l'auteur qui a su rendre ce documentaire très ludique. Un moment de lecture agréable mais il manque toutefois un petit soupçon de réalisme qui nous empêche de plonger totalement dans le quotidien des personnages. En effet, malgré les transitions qui nous font passer sans heurts d'un personnage à l'autre, il est difficile de s'attacher réellement aux personnages.
Lien : http://chezmo.wordpress.com/..
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Qu'est-ce qui fait la qualité d'une première oeuvre par rapport à celles qui lui succèdent ? Elle condense tout un tas de réflexions inédites qui s'expriment l'espace de ce premier opus, dévoilant un nouveau regard et une écriture particulière un peu foutraque et dense mais énergisante. c'est le cas de ce curieux objet qu'est Mon Fiancé du Mékong de Laure Garancher, diplomate polyglotte, globetrotteuse et peintre comme le dit sa bio.
Dans ce livre somme, les destins croisés de 4 personnages sur plusieurs générations nous dressent un portrait de la Chine et des conséquences pour les hommes Chinois et les femmes d'Asie de la politique de l'enfant unique. Une vieille femme nommée Pad sert de fil conducteur en racontant la vie de sa famille et les changements qui sont intervenus autour d'elles sur 3 générations :
- Sa belle fille, Lan, une jeune Chinoise, fait un mariage imposé par sa famille avec Chang fils de restaurateurs.
- Sa mère Huong, jeune fille Hmong quitte sa montagne du nord Vietnam pour aller vivre dans la famille de son mari, dans une vie quasi médiévale empreinte de croyances et de traditions séculaires.
- Tao, celui qui deviendra son mari, on le suivra depuis son enfance jusqu'à leur rencontre, l'auteure brossant en filigrane le portrait d'un enfant unique « roi » et de l'espoir que mettent ses parents en lui.
- puis enfin, la naissance et vie de Pad de sa jeunesse Hmong à sa rencontre avec Tao en Chine par le biais d'une agence matrimoniale recrutant des femmes, denrée si rare, jusqu'au Vietman.
Et l'album se clot sur la naissance de la petite fille de Pad, Marie Kim, une "vraie Chinoise" (c'est sa grand mère elle même qui le dit).
Tout au long du récit, des petites interludes anthropologiques ou sociologiques et des petites anecdotes truculentes nous en apprennent sur la vie de ces gens d'Orient dont je ne savais – je l'avoue – rien avant de lire ce Roman Graphique. Et on quitte la lecture de Mon Fiancé du Mékong séduit par ces portraits touchants et enrichi de connaissances sur ces cultures d'une pan du globe que boude l'occident.
Que demande le peuple ?
Et pour ceux qui n'auraient rien compris à qui est qui par rapport à qui, l'auteure a eu la bonne idée de placer un arbre généalogique (sur lequel je me suis penché avant d'écrire cet article) récapitulatif.
Alors oui c'est dense et foisonnant et parfois certaines pages manquent de respiration, mais que c'est agréable de lire un bouquin qui a quelque chose à dire et qui ne distille pas.
J'espère que cet avis vous donnera envie de lire cet album pour lequel j'ai eu un véritable coup de coeur. Gageons que nous allons retrouver d'autres oeuvres de Laure Garancher sur les étals de nos libraires bientôt !
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Merci à Babelio et aux éditions Steinkis pour ce sympathique cadeau de début d'année.
Et bien entendu merci à Laure Garancher pour cette intelligente BD qui nous emmène tout là-bas entre Chine et Vietnam.
Le Vietnam du nord, celui des minorités Hmongs que l'on avait découvertes dans la Gran Torino de Sir Eastwood.
Laure Garancher qui travaille pour diverses ONG ou pour l'OMS, entend nous conter la vie de plusieurs générations de femmes de ces contrées où il est donc question de mariages “arrangés”. Les chinois ne trouvent plus d'épouses (la politique de l'enfant unique a dévasté les rangs de la gente féminine) et les Hmongs - qui ne peuvent pas se marier au sein du même clan, traditions obligent - ont eux aussi bien du mal à trouver un conjoint.
Les marieuses sont ainsi devenues des travailleurs transfrontaliers !
On découvre donc la vie de Pad, née au pays Hmong, mariée en Chine et ravie d'échapper ainsi aux durs travaux dans les rizières, maintenant devenue grand-mère.
Sa belle-mère, Lan, une chinoise, a également été mariée à un commerçant chinois (dans les années 80).
Son mari, Tao (le fils de Lan donc) représente l'archétype de l'enfant unique chinois : chéri et gâté comme tous les garçons, c'est aussi un enfant sur lequel va peser beaucoup de pression - il faut briller à l'école pour réussir plus tard.
On parcourt cette BD exactement comme si l'on était assis à côté de la grand-mère Pad, en train de feuilleter les albums photos de la famille et de la belle-famille, on s'attend presque à entendre la grand-mère nous dire : tiens regarde, c'était quand je suis arrivée en car à la gare routière et que j'ai découvert ton grand-père Tao, ah et puis il faut que je te raconte ce qui s'est passé quand ... On est un peu en famille ...
Sous les belles images douces et naïves, se cache un album plutôt futé, truffé de bonnes idées graphiques : arbre généalogique, affiches de propagande, ...
Bien sûr on se dit que la vraie vie n'est certainement pas toujours aussi sympathique : il y a sûrement plus de violence et plus de misère que Laure Garancher le laisse entendre. Mais bon, c'est le propre des albums photos et il n'est pas interdit de voyager de temps en temps depuis son canapé sans trop se prendre la tête.

Quelques images sur le site de Laure Garancher : https://fr-fr.facebook.com/lauregarancherBD/timeline
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critiques presse (1)
BDGest
11 février 2013
Un premier one-shot plaisant et réussi malgré une certaine linéarité dans le schéma narratif.
Lire la critique sur le site : BDGest
Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
(les parents de Tao, qui deviendra le mari de Pad, lisent le bulletin scolaire de Tao et en sont déçus ... avant Tao, la mère attendait une fille et a dû avorter, car la pression est énorme en Chine pour ne garder que les garçons)
- Comment ? 32e/58 !
- Montre !
- Même pas la moitié !
- Il ne travaille pas assez, on devrait l'inscrire à des cours du soir ...
(...) - 20e/58 ... un peu mieux, mais bon ...
- Il ne faut pas être si dur, il devrait développer d'autres dons.
(...) On devrait le mettre à la musique.
(...) Il n'a pas une très jolie calligraphie, on devrait lui donner des cours de dessin. (...)

(Tao) Bref, à 12 ans, j'avais :
- Le lundi, badminton suivi de cours du soir
- Le mardi, cours du soir puis leçon de piano
- Le mercredi, athlétisme avant de courir au dessin
- Le jeudi, cours du soir
- Le vendredi, cours de calligraphie
- Le samedi, cours de soutien et badminton
sans oublier les compétitions le dimanche parfois.

- Il a l'air fatigué votre petit-fils.
- Oh, c'est la croissance, vous savez à cet âge ...
- On lui donne des gélules vitaminées.
- Il faut lui donner de l'extrait de ginseng !
- Il est suivi par un acupuncteur.
- Vous allez voir qui ?

(Tao) J'ai traversé une période de dépression.
- Je ne vais jamais y arriver.
Je vais rater mes examens, Papa ne sera pas fier de moi.
(en pleurs) Et je suis fatigué, tellement fatigué ...
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[...]
- Pad ! Pad ! Viens nous raconter comment c'est la Chine !
- Ma belle-famille a un très beau restaurant. Je suis maintenant en charge des Finances !
- Ouah !
- On a l'électricité tout le temps et une salle de bain avec de l'eau chaude qui coule au robinet !
- Ouah !
J'ai plein d'habits différents à la mode !
Ouah ! [...]
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Ma mère (Huong, la mère de la narratrice Pad) est née dans la montagne du Nord Vietnam, où la vie est rythmée par la culture du riz.
Elle m'a transmis sa fierté d'être hmong. Mon peuple ignore les frontières et vit de la Chine à la Thaïlande. (...)
Nos traditions varient, mais nous avons en commun cette volonté d'indépendance qui nous a souvent amenés à être en conflit avec les gouvernements en place ...

Maman, je me souviens de toi nous racontant ta jeunesse ...

(la mère) J'habitais au milieu des champs avec ma famille. Ma soeur aînée habitait chez son mari, je vivais donc avec mes deux grands frères et mes quatre petits frères et soeurs.
Je m'occupais donc d'eux depuis que notre mère avait rejoint le monde des ancêtres. C'était arrivé lors de son dernier accouchement. Grand-mère, qui vivait avec nous, disait qu'elle avait eu un enfant de trop. C'est pour cela que je ne veux pas avoir plus de sept enfants.
(...)

- Grand-mère, pourquoi gardes-tu ce peigne ? Il est tellement abîmé.
- Parce que c'est le cadeau que ton grand-père m'a offert pour me dire que je l'intéressais. Tu connais la tradition.
Lorsqu'un garçon rencontre une jeune fille d'une autre tribu ... et qu'il la trouve à son goût ... alors il lui offre un petit cadeau en signe de son intérêt. Si la fille accepte, cela signifie qu'elle accepte de devenir sa femme ... le garçon revient alors chercher la fille à la maison de ses parents en simulant un enlèvement.
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- Miss Pad, bonne nouvelle. Monsieur Tao souhaite vous épouser ... nous nous reverrons après-demain pour l'organisation.
(Pensées de Pad) Après tout, c'est ce que je voulais ...

Deux jours après, Tao :
- J'aimerais bien un mariage à l'occidentale.
- Oui.
- Tu vois comme ca avec une robe blanche c'est beaucoup plus moderne !
- Oui.
(Pensées de Pad, qui a été élevée au Vietnam chez les hmong) Occidentale ? Blanc ? Moderne ? Je ne comprends rien à tout ce qu'il me raconte !
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(pensées de Lan la belle-mère de la narratrice Pad) Un horoscope. Pour savoir si je suis compatible avec un inconnu ?
(la mère) - Lan, tu devrais plutôt te réjouir ! Tu as déjà 22 ans.
C'est un bon mariage. Sa famille a un restaurant !
Ton père n'est qu'un simple boucher, tu pourras vivre dans le confort. Le mariage est fait pour cela !
(...) Tu sais, on m'a présenté ton père quand j'avais 18 ans !
Au début j'étais terrifiée, je voulais rester libre ...
Mais grâce à cela tu es là ! Et puis ce qui compte ce n'est pas le mari, c'est la belle-mère !
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