Des portraits des
Parisiens et
Parisiennes. Toute la société de l'époque défile sous nos yeux, frémissante des passions.
Quel panache, quelle satire inspirée ! le propos devient tendre et piquant si l'auteur parle de la grisette, mordant pour la femme comme il faut, ou alors élégiaque lorsqu'il évoque, pour l'effet de contraste, la femme de province. On voit notre romancier amoureux de
Paris. Bon, on le savait, mais ici c'est la preuve sous forme concentrée.
Riez en découvrant les meurs des salons littéraires et pleurez en apprenant ce qui disparaît de
Paris. Régalez-vous de pages sur la « physiologie du cigare » ; amusez-vous avec « la nouvelle théorie du déjeuner ».
Honte aux éditions Flammarion. Aucune note sur l'origine de ces textes, ni sur l'année de parution. Il faut chercher sur le web.
Les titres sont :
Scènes de la vie
parisienne
et
Les Français peints par eux-mêmes, sous-titré Encyclopédie morale du XIXe siècle, 1840 – 1842, édité par
Léon Curmer. (Une oeuvre collective qui répond à l'engouement pour les physiologies.)
En revanche une présentation à deux balles signée J Garcin. La honte (bis).
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Extraits :
«
Paris en 1831 : le paradis des femmes, le purgatoire des hommes, l'enfer des chevaux. ». P25
« Levé tous les jours à cinq heures, [le petit mercier] a franchi comme un oiseau l'espace qui sépare son domicile de la rue Montmartre. Qu'il vente ou tonne, pleuve ou neige, il est au Constitutionnel et y attend la charge de journaux dont il a soumissionné la distribution. Il reçoit ce pain politique avec avidité, le prend et le porte. À neuf heures, il est au sein de son ménage, débite un calembour à sa femme, lui dérobe un gros baiser, déguste une tasse de café ou gronde ses enfants. À dix heures moins un quart, il apparaît à la mairie.
Là, posé sur un fauteuil, comme un perroquet sur son bâton, chauffé par la ville de
Paris, il inscrit jusqu'à quatre heures, sans leur donner une larme ou un sourire, les décès et les naissances de tout un arrondissement. le bonheur, le malheur du quartier passe par le bec de sa plume. [ ]
Comme il est bel homme, il a obtenu la place lucrative de tambour-major de sa légion. Alors, les dimanches, il est, selon les veux de l'Eglise ou du général
La Fayette, ou chantre divin, rossignol liturgique, ou modèle des grâces, une sorte d'Apollon militaire, réglant la marche des tambours, et se balançant en tête de la garde nationale, comme une préface de
Victor Hugo devant un volume de poésies ! … » P192
« Oh ! Plaignez la femme de province ! Ici l'encre devrait devenir blême [ ]. Pour parler de cet objet de pitié, [l'auteur se devrait] de caresser ces douleurs inconnues, de mettre au jour ces joies tristes et languissantes, rafraichir les vieux fonds de magasin que cette femme impose à sa tête, de cylindrer ces étoffes délustrées, de repasser ces rubans invalides, remonter ces rousses dentelles héréditaires, secouer ces vieilles fleurs artificielles [ ] » P 156