L'ultime frontière

L'ultime frontière, de Giselda Gargano, est sorti aujourd'hui, 25 novembre 2021. C'est le nouveau lauréat du prix 20 minutes du roman, présidé par Maxime Chattam ; il succède aux deux tomes Noir de Lune / Bleu de Lune d'Estelle Tolliac.⠀⠀
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C'est un roman choral sur l'engagement humanitaire, du Viêt-Nam de la fin des années 60 à la République Démocratique du Congo des années 2010, en passant par l'année 1995 en Bosnie. Ecrit par une femme qui connaît le sujet de l'intérieur puisqu'elle a été journaliste pour une organisation humanitaire, il montre l'évolution de l'engagement depuis la génération des French Doctors, jusqu'aux chargés de com qui s'imposent aujourd'hui, et la confrontation qui en résulte actuellement.⠀⠀
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Très riche, il alterne entre la violence de la situation sur le terrain et les conflits à la violence forcément plus feutrée des bureaux parisiens, rendant les enjeux narcissiques des deuxièmes dérisoires, voire déplacés… et pourtant tellement criants de vérité. Ce livre nous tend ainsi un miroir salutaire en même temps qu'une ouverture profonde et humaine sur des réalités difficiles à affronter.⠀⠀
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Difficiles à affronter, mais nécessaires : je ne fais pas partie de celles et ceux qui pensent que la littérature doit faire écran à la dureté du monde, bien au contraire. « Comme Kurtz dans « Au coeur des ténèbres », j'ai tenu à connaître le visage sombre de l'existence. La folie c'est de refuser de voir le démon blotti dans une partie de notre âme », dit l'un des personnages : alors si vous recherchez le feel-good, fuyez ; mais si vous le fuyez, alors précipitez-vous.⠀⠀
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J'ai compris la notion d'ultime frontière comme celle à ne pas franchir pour ne pas devenir bestial, pour « ne pas devenir un tueur ». Pourtant, cette frontière, les terrifiants enfants soldats la franchissent ; alors pour savoir quelle note d'espoir et de foi en l'humain l'autrice distille malgré tout, rendez-vous à l'ultime page de ce texte dont je retiendrai des méditations profondes et bouleversantes.

Roman très poignant qui nous plonge dans un monde caché loin de nos vies bien rangées et confortables, celui de l'humanitaire. On passe une frontière invisible qui sépare l'humanité en guerre de l'humanité en paix : nous sommes plongés dans les décombres et la désolation, où tout est plus vif et plus fort. Ce que j'ai particulièrement apprécié, et ce qui en fait une des qualités principales du roman, c'est la construction triptyque de l'histoire : le regard du militaire, le regard de l'homme de terrain (médecin, infirmier), et le regard du siège de l'association. Pour la même mission, il y a bien trois points de vue qui sont complémentaires, très imbriqués, qui se contraignent ou s'entraident. Ainsi, souvent les choses les plus évidentes du coeur ne le sont pas selon les règles et procédures de l'association organisatrice… D'autres fois, la présence de l'armée devient une force nécessaire pour assurer le maintien des secours … jusqu'à ce qu'elle devienne un frein. Pour ajouter au crédit de ce roman, il est écrit par une ancienne du service communication de Médecins du Monde, qui connaît donc bien l'univers et l'ambiance de ces missions humanitaires.
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J'ai eu l'occasion de découvrir ce roman grâce à un service presse, je tiens d'ailleurs à remercier Madame Gargano pour l'envoi de son livre.

Humanitaire ailleurs est une ONG dans laquelle, comme dans chaque « entreprise », les tensions sont présentes entre collègues.
Pourtant, des tensions plus importantes se livrent au Congo.
Anja, Sébastien, Jaime et Jacques vont se rendre sur place pour apporter leur aide à une population meurtrie par la guerre, victime de tant d'atrocités, cette population est dans une détresse absolue. Ce quatuor va vivre une expérience humaine qui les marquera à vie.

Tous les protagonistes de cette histoire sont liés d'une façon ou d'une autre. Nous avons l'occasion de connaître le point de vue de chaque partie dans cette réalité qu'est la guerre, ce qui manque dans d'autres livres traitant de ce sujet.
Tout est très bien décrit, de façon à ce que le lecteur soit immergé dans cette ambiance, certains passages sont durs à lire mais nous montrent ce qui se passent malheureusement autour de nous. (Enfants soldats, violences sexuelles, manque de moyens…)
On y retrouve également le quotidien de l'ONG dans les bureaux : la surcharge de travail, les mécontentements, les désaccords…

L'histoire d'Anja m'a beaucoup touchée, cette femme est d'une force extraordinaire. Après avoir elle même vécue la guerre, elle décide d'aller aider à son tour des populations dans le besoin, comme l'a fait Sébastien pour elle.
D'autres personnages m'ont agacée, notamment Fanny qui est dans sa bulle et ne se soucie pas des personnes qui l'entourent. Elle a malgré tout son importance dans l'histoire car cette façon est d'être est également une triste réalité… 👿

Ce roman est une belle découverte, il est différent des autres livres que j'ai pu lire sur la guerre.

L'ultime frontière de Giselda Gargano

J'ai reçu ce roman en service presse. Je tiens à remercier chaleureusement l'auteure pour l'envoi de son livre.

Lors de mon premier cours de philosophie en terminale, ma professeure nous avait expliqué que la philosophie ce n'était pas simplement des notions limitées, arbitraires. Mais toutes les notions liées les unes aux autres. Entremêlées, enchevêtrées. Ce roman est pareil. Il y a de nombreux personnages, mais ils sont tous liés les uns aux autres de manière plus ou moins subtile.

L'auteure promettait un voyage à travers les frontières, les gens et le temps. Et c'est une mission amplement réussie. Ce roman choral nous amène à voir une certaine vérité crue, une vérité nue. Grâce en grande partie à cette pluralité de points de vue et ces relations internes aux roman. Mais aussi aux sentiments des personnages qui sont toujours dans une justesse impressionnante.

Je n'ai pas trouvé de fausse note, mis-à-part une certaine longueur sur certains passages. Mais en s'accrochant, en allant au bout, on est magnifiquement récompensé.

Ce roman est une ode à l'humanité, pas celle que l'on imagine forcément, plus brutale c'est certain. Mais une belle découverte.

Merci.

Comme toutes les ONG qui fonctionnent sur le modèle de l'entreprise, Humanitaire ailleurs cristallise les tensions qui peuvent survenir entre les carriéristes, les idéalistes, les inventifs et les exécutants ; ceux qui travaillent dans les bureaux et ceux qui oeuvrent sur le terrain ; ceux qui débutent et les donneurs de leçon…
Missionnés au Congo, Anja et Jaime, les infirmiers ; Sébastien Le militaire et Jacques le médecin tentent d'apporter leur aide à la population locale, victime de violentes exactions et qui subit la faim et la maladie. Une mission humanitaire qui va questionner les limites de chacun….

Dans un contexte extrêmement bien documenté et retranscrit, le récit parvient à retranscrire à tous les niveaux une mission humanitaire : les moindres détails de l'organisation et du fonctionnement, le recrutement des bénévoles, les difficultés financières et personnelles qui peuvent être rencontrées, les dangers auxquels ils s'exposent, les traumatismes subis, le retour à la « normale »…
La plume, à la fois poétique et réaliste, n'épargne aucun détail, dévoilant au fur et à mesure du récit le destin de chacun et les liens intrinsèques qui les joignent…

Très belle découverte littéraire qui témoigne de la maîtrise du sujet par l'auteure mais également de la finesse de son écriture tant le récit happe le lecteur.

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