Pourquoi ai-je lu
Noa Noa ?
Parce que je trouve formidablement enrichissant de pouvoir lire un artiste et admirer simultanément un grand nombre de ses oeuvres, peintures, sculptures, céramiques et gravures, actuellement au Grand Palais à Paris. L'écrit éclaire nécessairement l'artistique, et vice-versa.
Parce que j'ai depuis longtemps une fascination pour la modernité des oeuvres de
Paul Gauguin, l'explosion de leurs couleurs, l'énergie paradoxalement calme qui se dégage des oeuvres réalisées lors de ses séjours en Polynésie. Tellement novateur et puissamment inspiré.
Noa Noa, embaumé en tahitien, c'est le récit essentiel du premier séjour à Tahiti de l'artiste. Il y arrive en juin 1891, ruiné. Il quitte la civilisation et cherche à retrouver une authenticité fantasmée auprès des autochtones. Dans un style très direct et agréable à lire, il témoigne sur sa vie pendant deux ans, sa découverte des paysages, des moeurs, des croyances maoris qui influenceront fortement toutes ses oeuvres.
Malheureusement, cette édition ne comporte, contrairement à l'original, aucun dessin, aucun croquis du peintre, mais justement l'original de
Noa Noa, détenu par le Musée d'Orsay, est actuellement exposé au Grand Palais. Il est accompagné d'une projection qui détaille et explique en partie le contenu pictural de ce carnet de voyage. En complément du texte, ce sont toutes les inspirations visuelles mais aussi les contes et croyances maoris qui défilent, l'âme mystique et sensuelle de Tahiti que ses tableaux reflètent, que son texte raconte.
Noa Noa, une lecture éclairante et intime au coeur de l'inspiration de Gauguin à Tahiti, « terre hospitalière, terre délicieuse, patrie de liberté et de beauté ! Je pars avec deux ans de plus, rajeuni de vingt ans, plus barbare aussi qu'à l'arrivée et pourtant plus instruit. Oui, les sauvages ont enseigné bien des choses, ces ignorants, de la science de vivre et de l'art d'être heureux. »