Le capitaine au long cours Justin
Mollenard est le commandant du Minotaure de la Société des Armements Maritimes.
C'est un fin marin, un forban, fort en gueule et puissant dans l'action.
"
Mollenard", c'est un livre du reporter écrivain belge
Oscar-Paul Gilbert, paru en 1936 dans la prestigieuse collection NRF des éditions Gallimard.
C'est aussi un film réalisé en 1938 par Robert Siodmak dont le titre original était "
Mollenard, capitaine corsaire", et dont
Oscar-Paul Gilbert écrivit lui-même le scénario et les dialogues.
A son générique s'affichent quelques noms prestigieux comme ceux d'Harry Baur,
Gabrielle Dorziat et Albert Préjean ...
A Dunkerque, la très pieuse Mathilde
Mollenard souffre de la terrible réputation de son capitaine au long cours de mari.
Ce dernier est un intrus dans sa propre maison.
Pour l'heure, embarqué sur le Minotaure dont il est le commandant, en escale à Shangaï, il est impliqué dans un trafic d'armes avec le général Tchen qui est l'âme de la révolte chinoise contre l'oppression japonaise.
Mais il n'est que soupçonné, rien, ni personne, ne pouvant le confondre ...
Ce livre est un roman puissant, dense et passionnant.
Le récit va et vient entre Dunkerque, le pont du Minotaure et la vieille ville de Shangaï aujourd'hui disparue
Il est écrit de main de maître.
Les descriptions y sont d'une précision bluffante.
Il en émane d'étouffantes ambiances, de moites décors, et même d'épaisses odeurs.
Mais le véritable intérêt de l'ouvrage est dans ses personnages, dans le face à face de
Mollenard avec sa femme, et dans la dualité des relations qu'il entretient avec son équipage, notamment avec Kerrotret son second, et celles, toutes autres, entretenues avec les pontes de l'armement de sa compagnie maritime.
C'est que le roman, en sous-teinte, est un roman social qui vient se graver sur les relations de
Mollenard avec sa femme.
C'est aussi un roman d'action, et de dépaysement.
Alors voir le film avant de lire le livre, ou l'inverse ?
La question se pose.
Il existe une autre possibilité, moins évidente, que le hasard teinté de chance, m'a fait adopter.
J'ai regardé le film au milieu de ma lecture.
Bingo !
Le film éclaire le récit un peu embrouillé dans le livre de l'aventure du forban à Shangaï.
Cependant le livre, par son magnifique et tragique épilogue, fait vite oublier la mièvre fin d'un des plus grands films de l'époque du Front Populaire.
Car la deuxième partie du livre fait prendre au récit une épaisseur et une force que le film n'a pas le temps, ou la volonté de développer.
"
Mollenard" est un de ces livres oubliés qui méritent pourtant aujourd'hui d'être redécouverts ...