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EAN : 9782070228034
288 pages
Gallimard (06/02/1936)
5/5   2 notes
Résumé :
Mollenard, capitaine de cargo, est une espèce de forban, adoré de ses hommes et haï de sa femme. Le conformisme bourgeois de cette dernière l'a poussé, depuis toujours, à fuir son foyer.
Son cargo détruit par un incendie, le capitaine et son équipage sont rapatriés en France. Soupçonné de s'être livré au trafic d'armes pour son compte personnel, Mollenard voit sa situation au sein de sa compagnie sérieusement compromise. Le retour au foyer se transforme vite ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Tenté par la critique de Gil, je me suis plongé dans ce roman qui met en scène une centaine de personnages et nous embarque vers Shangaï, dans l'entre deux guerres, aux cotés du commandant Mollenard, un forban à la délicieuse et sulfureuse réputation d'alcoolique, de contrebandier, de fumeur de cigares, de trafiquant d'armes et surtout de navigateur insubmersible.
Autant dire que la première moitié de l'intrigue s'ancrerait dans la légendaire collection noire de Gallimard avec étapes en bars louches, quartiers interlopes et cortège de morts peu naturelles jusqu'à ce qu'une étincelle mette le feu aux poudres et nous offre un drame de mer dans la veine de ceux d'Edouard Peisson ou de Roger Vercel.
Mais notre Justin Mollenard a heurté un écueil à Bergues incarné par Mathilde van Cauwelaert, apparentée à la noble famille de Ruppel, et de ce « déroutage » improbable sont nés Justin et Marie.
Le couple Mollenard n'est plus qu'une vitrine sociale, car à cette époque divorcer « ça ne se fait pas ». Notre marin navigue de port en port, avec une femme à chaque escale, et Madame Mollenard préserve les apparences au sein de la bourgeoisie dunkerquoise en veillant à ce que sa progéniture donne « des saints à la religion, des martyrs à l'église, des héros à la France ».
Dans les brumes du nord, tel Simenon, Oscar-Paul Gilbert peint ce monde pharisien qui vit reclus à l'écart du port, de ses marins et de ses filles, en organisant sa vie sociale et caritative dans un réseau d'oeuvres aussi actives que hiérarchisées.
Existence paisible, intemporelle, ennuyeuse pour certains.
Jusqu'au retour, en grande pompe, du Commandant Mollenard … qui bascule le roman vers la tragédie et la collection blanche en confrontant Justin et Mathilde dans un duel psychologique finement ciselé dont personne ne sort indemne et démontre qu'une grenouille de bénitier peut quitter ses oripeaux de Sainte-nitouche et devenir une tueuse redoutable.
Cet ouvrage publié en 1936 par Gallimard, et édité en format poche, collection Pourpre en 1952, m'a enthousiasmé par sa double dimension roman maritime et roman social. Il m'incite à rechercher les autres titres d'Oscar-Paul Gilbert dont je n'avais pas entendu parler.
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Le capitaine au long cours Justin Mollenard est le commandant du Minotaure de la Société des Armements Maritimes.
C'est un fin marin, un forban, fort en gueule et puissant dans l'action.
"Mollenard", c'est un livre du reporter écrivain belge Oscar-Paul Gilbert, paru en 1936 dans la prestigieuse collection NRF des éditions Gallimard.
C'est aussi un film réalisé en 1938 par Robert Siodmak dont le titre original était "Mollenard, capitaine corsaire", et dont Oscar-Paul Gilbert écrivit lui-même le scénario et les dialogues.
A son générique s'affichent quelques noms prestigieux comme ceux d'Harry Baur, Gabrielle Dorziat et Albert Préjean ...
A Dunkerque, la très pieuse Mathilde Mollenard souffre de la terrible réputation de son capitaine au long cours de mari.
Ce dernier est un intrus dans sa propre maison.
Pour l'heure, embarqué sur le Minotaure dont il est le commandant, en escale à Shangaï, il est impliqué dans un trafic d'armes avec le général Tchen qui est l'âme de la révolte chinoise contre l'oppression japonaise.
Mais il n'est que soupçonné, rien, ni personne, ne pouvant le confondre ...
Ce livre est un roman puissant, dense et passionnant.
Le récit va et vient entre Dunkerque, le pont du Minotaure et la vieille ville de Shangaï aujourd'hui disparue
Il est écrit de main de maître.
Les descriptions y sont d'une précision bluffante.
Il en émane d'étouffantes ambiances, de moites décors, et même d'épaisses odeurs.
Mais le véritable intérêt de l'ouvrage est dans ses personnages, dans le face à face de Mollenard avec sa femme, et dans la dualité des relations qu'il entretient avec son équipage, notamment avec Kerrotret son second, et celles, toutes autres, entretenues avec les pontes de l'armement de sa compagnie maritime.
C'est que le roman, en sous-teinte, est un roman social qui vient se graver sur les relations de Mollenard avec sa femme.
C'est aussi un roman d'action, et de dépaysement.
Alors voir le film avant de lire le livre, ou l'inverse ?
La question se pose.
Il existe une autre possibilité, moins évidente, que le hasard teinté de chance, m'a fait adopter.
J'ai regardé le film au milieu de ma lecture.
Bingo !
Le film éclaire le récit un peu embrouillé dans le livre de l'aventure du forban à Shangaï.
Cependant le livre, par son magnifique et tragique épilogue, fait vite oublier la mièvre fin d'un des plus grands films de l'époque du Front Populaire.
Car la deuxième partie du livre fait prendre au récit une épaisseur et une force que le film n'a pas le temps, ou la volonté de développer.
"Mollenard" est un de ces livres oubliés qui méritent pourtant aujourd'hui d'être redécouverts ...
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Kerrotret a des traditions, les " atolls " sont des Anatoles, les Laquédives et les Maldives, les Lascives et les Maladives, Madagascar, madame Gaspar ; jamais quand il double Zafarana en descendant vers le sud il ne manque de dire : Je prends le cafard et au retour Je lâche le cafard. Il possède aussi un vaste répertoire de maximes nautiques et de dictons maritimes qui témoignent en faveur de sa longue pratique de la mer et de son parfait équilibre. Lorsque tout va bien il déclare : Rien de nouveau au bossoir, les feux sont clairs, quand tout va mal : On est engagé. A Dunkerque il affole M. Chevrier qui n'entend pas un mot de ce vocabulaire spécial. Kerrotret a, un jour, expliqué à l'Agent : Elle venait au vent, à l’estime, je cule, elle engage son boute de dehors, elle abat son erre, je scotte Your name...

Conclusion d'une histoire très compliquée : M. Kerrotret, un soir de grande pluie à Dunkerque, était entré brutalement en collision avec le parapluie d'une jolie femme, laquelle venait vers lui, au vent; masquée par son parapluie elle marchait sans voir. Kerrotret avait reculé, mais trop tard, le parapluie était déjà engagé dans le chapeau du Capitaine. Elle s'appelait Alice...
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Bizarre complexité du caractère de Mathilde ; elle appartient à cette catégorie de femmes autoritaires, vraies maîtresses de leur foyer, qui décident et tranchent de tout, ravalent leur mari au rôle de reproducteur et d'ouvrier besogneux chargé de gagner la pitance quotidienne, — mais qui admettent « qu'elles ne sont que des femmes » et s'abritent derrière l’homme dès qu'il y a une responsabilité à prendre où des coups durs à encaisser.
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Madame Mollenard est une mère qui remplace la tarte aux pommes par des pruneaux cuits, lorsqu'elle s'aperçoit que ses enfants redemandent de la tarte aux pommes. II faut savoir se priver, ne pas être le domestique de son estomac, ni le prisonnier de ses sens. Quand un pauvre sonne à la porte, Mathilde lui donne un morceau de pain,, car de l’argent : il irait le boire au cabaret.
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A mon bord, vous verrez de tout : des blancs, des noirs, des jaunes, des bretons, des flamands, des corses et même un parisien, des chapardeurs, des voleurs, des déserteurs, des types qui ont reçu des coups de couteau et qui en ont donné, mais il n'y a pas de salaud ...
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