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EAN : 9791097273279
520 pages
Poisson volant (07/09/2020)
4.29/5   7 notes
Résumé :
Destins croisés. Quatre âmes damnées errent dans une Lisbonne magique et mystique. Qu’ils cherchent la lumière dans l’obscurité des souterrains ou le bonheur conjugal dans la luxure des bordels, ils se débattent à la frontière de deux mondes. Des funambules au seuil de la réalité. Destin ou sorcellerie, dans les méandres du Quint-Empire, ils devront trouver la clé de leur jardin secret pour courir plus vite que leur ombre.

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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Cette pérégrination dans la Lisbonne des initiés est organisée en neuf chapitres titrés jardins secrets et numérotés. A la lecture des deux premiers, j'en étais à me demander si je n'allais pas faire valoir mon droit de retrait. En le refermant, je déclare cet ouvrage en coup de coeur de cette année. Je n'en reviens pas moi-même.

Pareille construction est à l'évidence délibérée de la part de l'auteur. Une façon de mettre son lecteur à l'épreuve, de tester sa capacité à aborder un développement empreint de psychologie humaine. Un ouvrage qui enfièvre les sentiments aux antipodes de la frivolité. Des sentiments exacerbés par l'attente anxieuse d'un dénouement triomphal. Des sentiments qui commandent à la raison, échappent à la condition terrestre de qui les éprouve.

Entrer dans pareil ouvrage n'est pas de première évidence. Il faut dire que pour faire connaissance avec ses personnages, Manuela Gonsaga ne ménage pas son lecteur. Elle ne fait pas les présentations. Qui sont ces "je", 'il" ou "elle" qui font mystère de leur personnalité. Il faut traverser les premiers jardins secrets, l'esprit sur le qui-vive, pour se familiariser avec ceux dont on découvre la complexion par petites touches. Mais lorsque l'on a été admis dans l'intimité des caractères, qu'on est devenu un familier d'Alice, d'Amalia, de Brigite ou encore de Jorge, le séducteur malgré lui, on se trouve compromis dans des intrigues amoureuses qui exaltent le noble sentiment. Pour une plus grande désillusion ? L'Amour majuscule serait-il inaccessible à la pauvre nature humaine ? Inaccessible au coeur assoiffé de plénitude de la femme en butte à l'autre, homme ou femme, quand il est lâche, arrogant ou dédaigneux.

"Fuis le serpent, mais garde sa semence". C'est ce que retient Alice de l'amour qu'elle voue à Jorge. Un être dont la nature est toute de répulsion mais dont l'absence lui est insupportable. Alice ne comprend pas elle-même cette force qui la dirige vers Jorge, un homme qui n'a pourtant rien pour plaire : banal d'apparence, alcoolique, brutal en parole, mais toutefois jamais en acte, qui en outre est marié. Un homme sans attrait et pourtant indispensable. Un génie de la séduction qui parvient à l'entraîner dans tout ce qui peut terrifier une femme : les toiles d'araignée dans les cheveux, les rats entre les pieds dans les souterrains de Lisbonne, comme dans les dédales de l'âme humaine, entre attirance et répulsion. Les confins de la folie. Incompréhensible penchant. Il le déclare lui-même : "Alice, qu'est-ce que tu fais avec moi ? Je ne fais de bien à personne. Je n'apporte de bonheur à personne. de moi tu n'obtiendras rien de bon." C'est le mystère, le grand paradoxe de l'amour. Celui qui fait fi de l'apparence, du comportement et pourtant crée entre deux êtres une attraction souveraine. Amour divin et nocif à la fois.

Amalia connaît aussi son déboire sentimental. Amalia est d'une beauté rare. Elle reste pourtant dans l'attente inassouvie d'un geste, d'un simple mot, puisque de déclaration il ne peut être question, de la part de celui qu'elle aime. Pourtant elle s'est dénudée devant lui. Il a fait des photos d'elle. Des photos qui ne témoigneront cependant pas de la sensualité qui brûle son corps, ardent du désir de voir une main se poser sur sa peau. Meurtrie d'indifférence, Amalia laissera Brigite, la mère maquerelle qui a pour Amalia une attention toute maternelle, vendre sa virginité au plus offrant et faire commerce de son corps avec la même indifférence que celle qui avait été la seule réponse à son attente fébrile.

Là encore, le théâtre de ces mélodrames est autant personnage du roman que celles et ceux dont le coeur palpite sous les coups de boutoir de l'amour. Un ouvrage qui m'a fait regretter de ne pas connaître Lisbonne. La langue aussi. J'ai dû avoir recours à une portugaise de naissance pour me faire traduire un terme auquel notre langue n'offre pas d'équivalent. Un terme essentiel pour traduire le sentiment complexe qui anime ces femmes en proie au désarroi du coeur. Ce terme c'est la "saudade". Il pourrait être un autre titre à cet ouvrage pour exprimer cette oppression faite de mélancolie, de nostalgie en même temps que d'espoir.

Un coup de coeur qui au point final vous fait revenir vers le début de l'ouvrage, revisiter les premiers jardins secrets de Lisbonne avec un regard averti. Encore plus curieux. Encore plus avide de s'imprégner de la "saudade" qui répand son voile sur le coeur d'Alice et d'Amalia.

"Fuis le serpent, mais garde sa semence". Beau, beau, bel ouvrage que les Jardins secrets de Lisbonne. Vraie performance d'auteur à mon goût.

Je remercie Babelio et les éditions le poisson volant de m'avoir gratifié de pareil moment de lecture.
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Palpitant, frénétique, de haute voltige « Jardins secrets de Lisbonne » est une chance de lecture. Un futur classique, un roman maîtrisé par Manuela Gonzaga érudite, perfectionniste et auteure reconnue, historienne de l'Université Nova de Lisbonne etc.
« Il disait : Il y a une lumière et une ombre que personne ne connaît encore, et une histoire oubliée à ciel ouvert, comme un livre que plus personne ne veut lire aujourd'hui. »
Ce roman est l'idiosyncrasie du Portugal, notamment de Lisbonne qui s'éveille sous la plume experte et douée de Manuela Gonzaga. Poupées gigognes, emblèmes, les protagonistes liant de l'histoire, destins qui vont basculer ou se retrouver dans une ville mythique. Mystères et rites, La franc-maçonnerie et ses symboles qui transpercent dans cette ville vivifiante, Quint-Empire et secrets révélés au travers d'une Lisbonne ésotérique.
Mais l'histoire n'est pas seulement dans cet axe mystique. C'est avant tout un roman parchemin et lumineux dont on prend à pleins bras les personnages pour soi-même.
« Monsieur m'a déjà photographiée dans le jardin d'Estrela et aussi au jardin botanique. »
Le père d'Alice est photographe. Sa femme suédoise est son contraire. Autoritaire, glaçante, frustrée, détestant Alice car elle voulait entre-autre un fils blond aux yeux bleus tout comme elle. Alice est l'enfant du Sud, brune à la peau mate. Elle est laissée à l'abandon par sa mère qui la détruit à petits feux, sournoisement. Nous sommes parfois en 1998, parfois 1970. Jamais le fil est rompu. Cette histoire est l'ancre de Lisbonne, son microcosme. Cette ville fabuleuse, trépidante et encerclée de passions, d'étreintes, d'amour et de faiblesses aussi, parfois. le père d'Alice aime en secret Àmalia, son employée de maison, jusqu'au jour où… le tragique gonfle les pages, les charmes de Lisbonne, l'habitus, tout ce qui fédère « Jardins secrets de Lisbonne » sont plus que captivants. Ils ensorcellent.
« Souvenirs. Mon père m'a appris qu'on ne sait jamais rien de manière définitive. Et il m'a appris à aimer l'Histoire de mon pays. Et à reconnaître les lieux où elle s'était jouée. Tout le carré de Rossio, Praça da Figueira comprise, et qui s'étendait ensuite dans la Baixa pombalina jusqu'au Tage, me racontait cette Histoire. »
Alice est l'axe central, le plan élevé de Lisbonne. On suit son chemin de vie, fil rouge parabolique. L'enfant grandissante, curieuse et attentive aux ombres d'une ville qui semble grâce à elle sortir de sa torpeur et offrir le diapason de toutes les richesses symboliques qui osent le jour subrepticement.
« Il y a la rue Augusta, entre celle de l'Or et celle de l'Argent. Ça, c'est la base. Il y a des références alchimiques un peu partout. Et maçonniques, mais bien souvent c'est du pareil au même.
On aime ce roman, cette source infinie et apprenante, les spéculatives saveurs, les personnages dont chacun arrime Lisbonne en majesté. Au coeur de ce livre, vous avez tout. La fiction, L Histoire, la géopolitique, la sociologie et l'ésotérisme, le Graal d'une littérature appuyée et magistrale. J'aimerai retourner à Lisbonne en vérité, avec « Jardins secrets de Lisbonne » en main et rencontrer Alice. Visiter avec elle les jardins secrets de Lisbonne. Traduit à la perfection par Laure Collet, ce roman culte, riche est une invitation ensoleillée. Publié par les majeures Éditions le Poisson Volant.
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J'ai aimé l'ambiance de ce récit mais j'ai trouvé celui-ci vraiment décousu on passe vraiment constamment du coq à l'âne il est tout de même question de prostitution, d'épilation, de templiers, on y parle même de Paco Rabanne et de ses prédictions sur la station Mir, j'ai eu du mal à remettre les fils de la pelote de laine en ordre. D'ailleurs un des personnages dit souvent à son interlocuteur tu as les fils qui se touchent et c'est vraiment mon ressenti à cette lecture.

J'ai cependant aimé suivre les personnages dans les différents quartiers de Lisbonne que je connais bien, les accompagner au restaurant en mangeant un cozido, j'ai aimé l'ambiance du roman et ou il se déroule pouvant de mon côté visualiser les lieux de l'action, il y est question également de différentes époques dans ce récit ce qui peux un peu déstabiliser également les lecteurs.

En définitif je ne peux pas dire que je n'ai pas aimé cette lecture mais je ne peux pas non plus dire que je l'ai adoré, cela reste une lecture en demi teinte de mon côté.

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Déambulations dans la Lisbonne de différentes époques;
Déambulations dans les rues et boutiques, les tascas ,dans les places , les coins et recoins mystérieux de la ville ;
Déambulations dans les vies de personnages au début non identifiés, à des périodes différentes ;
Mystères des lieux, de Lisbonne, mystère des vies des personnages, mystère des relations entre les êtres, des amours ;
Lieux cachés, interdits, mystérieux, sentiments et amours cachés et mystérieux ....
Un roman qui déambule au creux de ces vies, celles d'Amalia, de Brigitte, de Claire et de Jorge ... qui perd son lecteur comme sont perdus les personnages en début de promenade. 
L'écriture au début m'a  déconcertée : le roman varie les narratrices-eurs et on perd vite le fil d'une histoire, puis on la recroise plus loin, au détour d'une conversation ,d'un lieu . Puis les vies prennent corps en même temps que les personnages. 
Un rythme surprenant pour ce roman qui est lié aux lieux cachés, aux situations secrètes, aux personnages complexes aux vies intimes multiples .
Je me suis attachée aux personnages notamment féminin, toutes touchées par l'amour. Parce que c'est de cela que traite le roman finalement, le lien entre ces hommes et ces femmes au Portugal : le désir, l'amitié, l'amour, la possession physique mais surtout mentale. 
C'est une lecture presque fantasmagorique en tout cas poétique de la ville de Lisbonne théâtre d'amours tourmentées.
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Ils déambulent dans ses rues, trébuchent dans ses souterrains, et se damnent dans ses bordels. Happés par une Lisbonne plus grande et plus forte qu'eux, ils s'aiment en clair-obscur et se haïssent entre ombres et lumière. Ensorcelés, subjugués par la ville, plus ils luttent, plus elle grignote leur âme. Pions sur son échiquier magnifique, ils flirtent avec une folie douce qui emmêlent leurs réalités. Sublime sous son voile de mystères, Lisbonne est phénicienne, romaine, templière, coloniale, magique, mystique… Et si férocement secrète. Manuela Gonzaga revient avec un cinquième roman stupéfiant. L'Afrique, si chère à son coeur, dispute ici le premier rôle à Lisbonne comme deux déesses, pour le salut de l'humanité. Comme une petite coupure qui ne guérit jamais. 
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Il y a eu une époque magique et vertigineusement brève où je regardais la vie avec passion, et où je regroupais tout ce que je voyais en images comme si, en reconstruisant la réalité de cette manière, je dévoilais pièce à pièce le puzzle de mon destin.

Où est passé cette passion, où est passé cette lumière ?
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— C’est quoi qui « sera ici » ? demandai-je.
— Ma Polyclinique spirituelle. Ma Société de Projets Alternatifs
Ésotériques.
— Meaning what* ?
— Meaning polyclinique, tu vois le concept. Mais à caractère ésotérique. Des médiums, des astrologues, des voyantes, des télépathes, des
extralucides. Des femmes qui savent lire les lignes de la main, un radiesthésiste. Des sorciers et des sorcières, mon amour.
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Introduction :
"Je ne sais pas pourquoi on parle toujours de la lumière de Lisbonne. Comme si son ombre ne grandissait pas dans chaque rue et à chaque petit recoin, sur chaque portail d'église ou de palais, ou dans les souvenirs perdus abîmés dans une faille temporelle, où, si l'on regarde bien, on peut encore voir et entendre battre son coeur de flamme."
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Nous sommes sur la terre des serpents
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Video de Manuela Gonzaga (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Manuela Gonzaga
Tânia Ribas de Oliveira conversa com Manuela Gonzaga a propósito do novo livro 'Moçambique - para a Mãe se lembrar como foi'.
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